Ile-de-France
Inquiétudes pour le terminal ferroviaire de Rungis
En panne de rentabilité, la plate-forme de transbordement pourrait perdre un des deux trains en provenance de Perpignan si les tonnages transportés n'augmentent pas.
L'avenir du rail est-il compromis sur le premier marché de gros français ? Le terminal ferroviaire de Rungis, restructuré en 2010 pour un montant de 19 M€, pourrait voir son avenir remis en cause. Malgré les indéniables qualités de l'installation, le constat en 2014 n'est pas à la hauteur des espérances. « Quatre ans après sa rénovation, le terminal ne traite qu'environ 200 000 t de f&l par an, explique Stéphane Layani, président-directeur général de la Semmaris. Son seuil de rentabilité n'est pas atteint. » La capacité d'arrivage du terminal est de 400 000 t en f&l grâce à un approvisionnement assuré par deux trains journaliers en provenance de Perpignan. A son ouverture, le terminal ferroviaire devait permettre au marché de saisir certaines opportunités, comme le transport combiné (rail/route) ou encore le train de fret à grande vitesse. « Aujourd'hui, un certain nombre de menaces pèsent sur lui, poursuit Stéphane Layani.
En premier lieu, il y a une forte probabilité de voir la SNCF réduire le nombre de trains desservant le terminal de deux à un par jour. Une augmentation de 25 % des volumes sur la ligne pourrait éviter une telle issue selon l'opérateur ferroviaire national. Sécurité des approvisionnements, efficience économique, taux de service de 95 % : cet outil est une belle réalisation qui entre pleinement dans la politique du marché de Rungis en faveur du développement durable. » Les trains redescendant vers le Sud n'ont pas trouvé de fret suffisant, entraînant un déséquilibre dans l'exploitation de la ligne. Il est vrai aussi que le terminal ferroviaire évolue dans un milieu hautement concurrentiel : au départ de Saint-Charles, il faut compter avec d'autres entreprises de transport routier desservant Rungis et des expéditions sont directement effectuées depuis l'Espagne. Sous couvert d'anonymat, certains opérateurs reconnaissent que le chiffre de 400 000 t semblait difficilement atteignable du fait de cette concurrence.
Le terminal ferroviaire devait permettre de saisir des opportunités (transport combiné ou train de fret à grande vitesse).
Néanmoins, Rungis n'entend pas baisser les bras. « La Semmaris encourage les grossistes à faire plus grand usage du transport ferroviaire dans leur activité et elle a alerté les parties prenantes sur cette situation potentielle, ajoute Stéphane Layani. Avec ces dernières, elle travaille pour trouver une solution préservant cet outil de travail. Cependant, nous devons conserver un regard pragmatique et modeste sur le dossier : il s'agit d'une infrastructure qui doit se développer ou il faudra trouver une autre destination à la zone qui l'accueille. » Contacté par fld, Fret SNCF n'a pas souhaité commenter cette information.