Choux cabus dans le Rhône : deux raisons pour retarder la date habituelle de plantation
D’après des essais menés dans le Rhône par le CTIFL, décaler le créneau de plantation des choux cabus à cycles moyens permet d’éviter l’entrée trop précoce en production et réduit la pression de certains ravageurs.
D’après des essais menés dans le Rhône par le CTIFL, décaler le créneau de plantation des choux cabus à cycles moyens permet d’éviter l’entrée trop précoce en production et réduit la pression de certains ravageurs.
Décaler la plantation des choux cabus aurait plusieurs bénéfices. C’est ce qui ressort d’une expérimentation menée par le CTIFL sur ses parcelles à Brindas (Rhône), de juillet à novembre 2023. Sept variétés (Expect - référence régionale -, Expectation, Bloktor, Kilastor, Impala, 3566 et 3611) à cycles moyens allant de 130 à 145 jours ont été implantées à deux dates différentes, dans le cadre d’un créneau conventionnel (S26) et d’un créneau retardé (S31).
Mieux s'aligner sur la période de consommation
Premier enseignement : décaler le créneau de plantation conventionnel permet d’éviter l’entrée trop précoce en production, un problème fréquemment rencontré par des agriculteurs de la région dans un contexte de changement climatique. « Cette précocité entraîne l’arrivée des choux cabus avant qu’il y ait une demande des consommateurs, contextualise Maxence Desmul, ingénieur d’expérimentation au CTIFL. Elle occupe une main-d’œuvre qui pourrait être mobilisée sur d’autres tâches et peut contraindre à une mise en service des chambres froides plus tôt, ce qui augmente la facture énergétique. »
L’expérimentateur a comparé les deux séries de sept variétés, l’une plantée en 26e semaine (26 juin - 2 juillet), l’autre en 31e semaine (31 juillet - 6 août). Résultat : le cycle cultural des choux plantés plus tard est plus long, passant à 17 semaines de développement au champ au lieu de 10. Autrement dit, en repoussant la plantation de seulement cinq semaines, on décale la récolte de douze semaines. « Les choux plantés dans le cadre d’un créneau retardé ont emmagasiné moins rapidement les degrés jour nécessaires pour arriver à maturité, ce qui a allongé la durée du cycle », explique-t-il. La récolte s’est étalée sur trois semaines, à partir du 29 septembre pour la série implantée en S26 et du 25 novembre pour celle implantée en S31.
Une moindre pression des ravageurs
Deuxième enseignement : la série plantée en premier a subi des dégâts plus importants des punaises Euryderma ornata et des thrips. La pression était à 4 (sur une échelle de 0 à 5) pour les punaises et à 3 pour les thrips, contre 1 chacun sur la série plantée plus tard. L’essai n’a pas permis d’évaluer la pression des altises car, cette année-là, la pression était réduite.
Troisième enseignement : les rendements n’ont pas été réduits sur la plantation retardée. Les résultats laissent même penser qu’ils pourraient augmenter sur certaines variétés. « Pour l’affirmer, il faudrait réitérer cette expérimentation sur une autre année », tempère Maxence Desmul.
Cet essai a été mené dans le cadre du projet Adict, financé par la région Auvergne-Rhône-Alpes. « Il mériterait d’être répliqué, dans d’autres bassins de production dans des conditions pédoclimatiques différentes, souligne Maxence Desmul, et au même endroit pour gommer les effets liés à la météo de l’année 2023, très humide (346 mm de précipitations de fin juin à fin novembre) et, sur la fin de l’été, très chaude. » Autre piste : faire des essais avec des choux cabus à cycles courts (70-90 jours).