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Faut-il distribuer du foin quand les chèvres sont au pâturage ?

Distribuer du foin aux chèvres en pleine saison de pâturage permet d’augmenter légèrement la production laitière. Mais l’intérêt économique est limité quand les conditions sont bonnes. Compte rendu d’un essai au Pradel.

<em class="placeholder">Chèvres du Pradel au pâturage en mars</em>
Quand l’herbe est abondante et que les conditions météo sont bonnes, apporter du foin en plus du pâturage entraîne un surcoût qui n’est pas toujours intéressant.
© I. Heeren

La question de l’apport de foin aux chèvres en pleine saison de pâturage revient régulièrement dans les débats techniques. Dans le cadre du projet MaxForGoat, un essai mené à la ferme expérimentale caprine du Pradel (Ardèche) a tenté d’apporter des éléments de réponse.

L’expérimentation a été réalisée entre le 31 mars et le 12 mai 2023, en période de pic de lactation des chèvres. « Pendant l’essai, les conditions de pâturage étaient optimales puisqu’il a fait beau tout le temps », explique Claire Boyer de l’Institut de l’élevage. Deux lots de 48 chèvres ont été constitués. Un premier lot était au pâturage sans apport de foin. Un second lot était au pâturage avec un apport de 450 grammes de foin de luzerne par chèvre le soir en rentrant au bâtiment.

Plus de lait avec du foin

Les chèvres avaient accès au pâturage 10 heures par jour, avec une herbe disponible en quantité suffisante (4 kilos de matière sèche par jour et par chèvre). L’essai alternait les périodes avec et sans apport de foin pour chaque lot.

Les résultats montrent une augmentation modeste de la production laitière avec l’apport de foin. Claire Boyer explique : « Le lot sans foin a produit en moyenne 5,22 kilos de lait par jour, contre 5,33 kilos pour le lot avec foin, soit un gain de 100 grammes de lait par jour. L’effet sur le taux butyreux est de 0,3 point et il n’y a pas d’effet sur le taux protéique. »

Un intérêt économique limité

En termes de coûts, l’apport de foin représente une charge supplémentaire. « Nous avons calculé un coût de 180 euros pour l’achat du fourrage et 80 euros de main-d’œuvre sur la durée de l’essai », précise Claire Boyer. Au final, avec 48 chèvres sur 42 jours, cette opération est perdante (-80 euros) avec du lait livré en laiterie à 0,82 euro le litre mais gagnante (+230 euros) en valorisant le lait à 2,21 euros en système fromager.

Mais Claire Boyer insiste sur le fait que l’essai a été mené dans des conditions optimales de pâturage : « Nous avons eu une période de six semaines avec une météo très favorable, permettant aux chèvres de pâturer pleinement 10 heures par jour. Ce n’est pas le cas tous les ans. » Dans des situations plus contraignantes, l’apport de foin pourrait être plus intéressant. « Si la qualité ou la quantité d’herbe baisse, le foin peut être un levier utile pour maintenir la production et l’état corporel des chèvres », explique-t-elle.

Une pratique à adapter

Elle souligne aussi que « la question de l’effet du foin sur la rumination et la stabilisation du transit digestif n’a pas été directement mesurée, mais aucun signe de trouble digestif n’a été observé chez les chèvres en pâturage exclusif. C’est d’ailleurs la pratique de routine au Pradel ».

Lire aussi : Comment bien distribuer les fourrages ?

Claire Boyer conclut : « Dans les conditions optimales que nous avons testées, l’apport de foin ne présente pas d’intérêt économique ou technique majeur. Mais cela ne signifie pas que cette pratique doit être exclue. Il faut adapter la stratégie aux contraintes du pâturage, au temps d’accès aux parcelles et à la qualité de l’herbe disponible. »

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