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Emilie et Benjamin de VitiBio : « une émission d'Elise Lucet nous a décidés à nous lancer sur les réseaux sociaux »

Le couple Faucheron commence à être connu sur les réseaux sociaux. Il y a 4 ans et demi, ces viticulteurs ont créé leur chaîne YouTube. La VitiBio d’Emilie et Benjamin présente leur travail au quotidien. Ils veulent dire la vérité et c’est une façon pour eux de reprendre la main sur la communication dans le secteur viticole.

Emilie Faucheron et son mari Benjamin sont viticulteurs en bio à Montady dans l’Hérault.

Emilie et Benjamin Faucheron sont viticulteurs à Montady dans l’Hérault. Emilie est fille de vigneron et c’est sur l’exploitation familiale qu’ils se sont installés en 2012 pour assurer la relève par la quatrième génération. Benjamin, lui, n’est pas issu du milieu viticole mais a appris le métier auprès de son beau-père. Il est passionné de machinisme et c’est lui qui est souvent au volant du tracteur dans les vignes.

Les 60 ha du Domaine de la Grande Canague sont conduits en viticulture biologique et le couple livre le raisin à la cave coopérative. Depuis 4 ans et demi Emilie et Benjamin ont décidé de faire voyager la propriété viticole via les réseaux sociaux. Grâce à YouTube, des Français de toutes les régions mais aussi des Espagnols, des Portugais, des Italiens, des Suisses ou encore des Belges découvrent ce vignoble du Sud de le France et suivent ceux qui y travaillent. Entretien avec Emilie, la protagoniste féminine de la chaîne VitiBio.
 

Pourquoi êtes-vous sur les réseaux sociaux ?

Emilie Faucheron – « A la base, on n’était pas trop réseaux sociaux. Mais on s’est rendu compte que les gens ne connaissaient pas notre métier. On veut vraiment montrer ce qu’on vit au quotidien. C’est un partage d’information. Les gens peuvent découvrir et voir en images ce qu’on fait au domaine, les nouvelles techniques. Je fais des formations quelquefois et je peux partager les trucs intéressants. »
 

Combien avez-vous d’abonnés et quelle est votre meilleure audience ?

E. F. – « Nous avons 18 500 abonnés. Nous avons réalisé notre meilleure audience avec la vidéo où j’expliquais que, malheureusement, nous avions subi le gel. L’audience est variable. Certaines vidéos font 11 000 vues, d’autres 30 – 40 000 vues. Les plus vues sont les plus techniques. Dès que c’est une nouveauté, du nouveau matériel en particulier, ça intéresse. »


Quel type de messages aimez-vous faire passer ?

E. F. – « Il y a des viticulteurs en colère en ce moment mais on ne se lance pas sur ces sujets. Le choix de nos sujets dépend de ce qu'on va faire dans la semaine. C’est vraiment ce que l’on vit au quotidien que l’on aime montrer. On parle de ce qui se passe sur l’exploitation et on adapte les vidéos à chaque message. Quand on veut évoquer certaines choses qui nous agacent, on le fait sur le ton de l’ironie, pour que ça passe bien. On le fait sous l’angle couple qui se taquine, avec une part d’humour. C’est toujours bon enfant. On veut rester optimistes et montrer le côté positif. »

« On a une super communauté de gens qui nous suivent et qui sont bienveillants. »


Quel type de public avez-vous ?

E. F. – « Nous avons plusieurs publics. A peu près la moitié de professionnels avec une grande majorité de viticulteurs mais aussi des éleveurs et des céréaliers qui regardent par curiosité. Les autres sont des internautes du grand public. C’est difficile de savoir la proportion exacte. Quand on fait des sondages, tout le monde ne répond pas. On se base par rapport aux commentaires. »

Des éleveurs et des céréaliers regardent aussi par curiosité.


Avez-vous quelquefois des commentaires négatifs ?

E. F. – « Non, on a une super communauté de gens qui nous suivent et qui sont bienveillants. Depuis 4 ans, nos vidéos ont évolué et les remarques de notre public ont participé à cette évolution. On reçoit même des conseils de viticulteurs quelquefois, qui peuvent nous faire progresser. Je dirais que les commentaires négatifs ne représentent même pas 10 % de ceux que l’on reçoit. Ce sont des " pénibles ", persuadés d’avoir la science infuse, qui nous expliquent qu’il vaudrait mieux faire comme ci ou comme ça, arrêter de faire ceci ou cela, de traiter notamment… Ce sont en général des gens qui ne connaissent pas le métier. »


Y-a-t-il un post qui vous a particulièrement amusé ?

E. F. – « Oui, celui pour le dernier jour des vendanges. Chaque année, on fait un truc absurde. On s’amuse toujours et on intègre les salariés dans notre petit délire. Dans l’année, on montre le côté pas facile du métier. Il y a des problèmes quelquefois mais on montre également qu’on trouve des solutions. Avec le post de fin de vendanges, le public voit aussi qu’on aime rigoler. »

Y-a-t-il des trucs qui vous énervent sur les réseaux sociaux ?

E. F. – « Oui. Il y a quelque chose que je n’arrive plus à supporter, j’observe ça sur Facebook dans le milieu agricole. Quand les gens communiquent, il y a toujours quelqu’un qui a besoin de venir critiquer. Cette façon d’être dans le jugement ne nous touche pas trop sur YouTube mais je trouve que ces personnes ont la critique facile et qu’ils expriment leur point de vue de façon absurde. »


Avez-vous des modèles sur les réseaux sociaux ?

E. F. – « On regardait Thierry agriculteur d’aujourd’hui et David Forges, pour le plaisir de regarder. Ce qu’ils font est vraiment chouette et ça a fait partie de notre envie de démarrer. Il n’y avait pas de viticulteurs qui faisaient ça. Nous faisons des vidéos dans un autre format mais c’est un peu la même démarche. »


Quel a été votre déclic pour vous lancer ?

E. F. – « C’est quand on est passés en bio. On a un copain éleveur de vaches qui nous a dit : " la taille et les vendanges, en dehors de ça, vous n’avez plus grand-chose à faire ". On s’est dit : " si eux pensent ça, tout le monde le pense ". Ca a continué à me trotter dans la tête. Et c’est comme ça que ça a commencé. A la base, on pensait faire des vidéos pour les copains et la famille. En fait, on n’avait pas fait attention mais les vidéos étaient publiques et on a commencé à avoir des questions d’amateurs de vins et de vignerons. C’était le début, il y a 4 ans. Mais il y a eu un deuxième déclic. C'est un reportage dans une émission télévisée présentée par Madame Lucet.

Elle était allée chercher le pire viticulteur bio.

Elle était allée chercher le pire viticulteur bio. Ou c'était un pollueur ou ses propos ont été déformés. Les médias racontent ce qui les intéresse et malheureusement, à un moment donné, on a laissé la communication à d'autres. C'est aussi pour ça qu'on a voulu se lancer : pour présenter ce qu'on fait de A à Z, en toute transparence. Quand on montre un traitement avec du cuivre ou des oligo-éléments par exemple, j'explique toujours pourquoi. On filme pour dire la vérité. On n'est pas des pollueurs, pas des méchants. Et boire du vin, ce n'est pas boire du poison. »

Combien de temps passez-vous professionnellement sur les réseaux sociaux ?

E. F. – « Moins de temps qu'avant. On a pris l'habitude et pour le montage, je maîtrise beaucoup mieux le logiciel qu'auparavant. Pour tourner, monter et répondre aux commentaires, je dirais 2 à 3 h par semaine. Je monte les vidéos en fonction de la logique de travail et elles font toutes environ 10 minutes. On poste au minimum une vidéo par semaine. Quelquefois, j'arrive à en poster 2, voire même plus certaines semaines si je n'ai pas trop de travail. »

« Malheureusement, à un moment donné, on a laissé la communication à d'autres. »


Quels conseils donneriez-vous à une viticultrice ou un viticulteur qui voudrait se lancer ?

E. F. – « De savoir que ça prend beaucoup de temps mais de ne pas laisser tomber. Depuis qu'on le fait, il ne nous est arrivé que des choses formidables. Nous avons été jurys au Sitévi, invités dans pas mal de salons, on a des opportunités pour essayer de nouveaux matériels... »


Pensez-vous, quand vous testez ces nouveaux matériels, être en quelque sorte des influenceurs ?

E. F. – « Je ne pense pas qu'on soit vraiment des influenceurs mais oui, on donne notre avis sur tel ou tel outil. Benjamin adore le matériel. »


Considérez-vous que votre rôle de YouTubeur fait désormais partie de votre métier ?

E. F. – « Oui, actuellement, mais quelquefois, on se pose la question de continuer ou pas. On se demande si on ne va pas lasser notre public. Mais pour le moment, on sent un intérêt et ça nous ferait bizarre de ne plus avoir ce plaisir de communiquer. Mais le jour où on ne prendra plus de plaisir à le faire, on arrêtera et on trouvera l'inspiration pour faire autre chose. »

 

Revoir notre dossier : ils communiquent leur métier sur les réseaux sociaux

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