Diarrhées des veaux : « l’hospitalisation des veaux apporte une réhydratation six fois supérieure »
À la clinique vétérinaire du Montaigu à Évron, en Mayenne, l'hospitalisation des nouveau-nés est en place depuis une vingtaine d’années. Ce service permet une pleine réhydratation du veau par voie orale, mais aussi par intraveineuse, avec un traitement plus précis sur l’appui d’analyses sanguines.
À la clinique vétérinaire du Montaigu à Évron, en Mayenne, l'hospitalisation des nouveau-nés est en place depuis une vingtaine d’années. Ce service permet une pleine réhydratation du veau par voie orale, mais aussi par intraveineuse, avec un traitement plus précis sur l’appui d’analyses sanguines.


L’année dernière, 120 veaux ont été hospitalisés à la clinique vétérinaire du Montaigu, à Évron, en Mayenne, les deux tiers étant de races allaitantes. « Dans 90 % des cas, il s’agit de veaux âgés de moins de 15 jours qui souffrent de gastro-entérites néonatales. Plus rarement, nous prenons en charge des veaux un peu plus âgés, atteints de diarrhées persistantes de type coccidiose », décrit Dr. Guillaume Deram, vétérinaire associé. Parmi les signes cliniques évocateurs, le praticien évoque un affaiblissement général avec incapacité à se lever, voire un état comateux, les yeux enfoncés et une température inférieure à 37 °C.
Un bilan sanguin disponible après 10 minutes
Selon lui, l’intérêt premier d’hospitaliser des veaux à la clinique est lié à la réhydratation. « Un veau en diarrhée peut perdre 5 à 6 litres d’eau par jour, rappelle le vétérinaire. Or, en ferme, nous pouvons difficilement aller au-delà de 1,5 litre de perfusion. » À la clinique, les veaux naissants restent au moins 12 heures, ce qui laisse le temps de leur administrer un volume bien plus conséquent. « Il n’est pas rare de passer 10 litres de perfusion en l’espace de 24 heures. » L’autre intérêt de l’hospitalisation, c’est de pouvoir réaliser un ionogramme avec gaz du sang pour apporter les corrections adaptées à la situation du veau.
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« Le plus souvent, les résultats sanguins – disponibles sous dix minutes – font apparaître une acidose métabolique plus ou moins marquée. Nous perfusons dans ce cas sans hésiter 1 à 3 flacons de bicarbonate, chose que nous ne pourrions pas faire à l’aveugle en ferme », illustre Dr. Guillaume Deram. En cas de déshydratation persistante sévère, les vétérinaires peuvent réaliser un dosage de l’urée et de la créatinine, pour s’assurer que ne se cache pas aussi une insuffisance rénale. Autres cas rencontrés, mais plus rares : une kaliémie élevée (taux de potassium élevé) qui se corrige par l’apport de glucose ou une hypernatrémie (taux de sodium élevé). « L’hypernatrémie interdit certains types de solutés, au risque de tuer le veau », ajoute Dr. Guillaume Deram.
De meilleures chances de redémarrage
Une fois le diagnostic posé et le cathéter en place, les auxiliaires vétérinaires prennent le relais pour assurer une réhydratation continue. Les ASV drenchent aussi les veaux, si la prise du biberon est compliquée. « Les conditions de logement - avec une température maintenue à 25 °C sous la lampe chauffante et à l’abri des courants d’air - assurent au veau de meilleures chances de se remettre sur pied. Côté contention, nous sommes aussi sûrs que le cathéter ne s’arrache pas », souligne Dr. Guillaume Deram. Le vétérinaire encourage largement cette pratique, qui associe gain de temps, rapidité de prise en charge et efficacité de traitement.
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Chez certains éleveurs pour qui la distance à la clinique n’est pas un frein, l’hospitalisation constitue un moyen de les soulager dans l’organisation de leur travail. « Ce sont des soins qui sont chronophages, surtout quand l’éleveur se retrouve à gérer plusieurs veaux malades en même temps. » En termes de tarifs, « le forfait qui englobe la consultation, la mise sous perfusion et l’hospitalisation revient au même prix à l’acte qu’un déplacement et perfusion en ferme », assure le vétérinaire associé. Ce qui fait surtout la différence, ce sont les volumes administrés qui sont supérieurs en clinique (la prise d’antibiotiques est rare) et les analyses sanguines effectuées en plus.
Que faire en l'absence du veau puis à son retour à la ferme ?
Durant l'absence du veau, il est recommandé de porter une surveillance accrue à la mère, veiller aux éventuels signes de mammites. À son retour à la ferme, pour favoriser la réadoption, Dr. Guillaume Deram préconise d'isoler le couple mère-veau pendant 24 heures minimum. « Le plus important – en plus de continuer les éventuels traitements spécifiques – c'est de s'assurer que le veau boit correctement à la mère. Au besoin, je conseille aux éleveurs d'apporter en plus un ou deux biberons par jour afin de maintenir le pansement digestif jusqu'à resserrement total des selles. Le but est toujours le même : éviter la déshydratation », appuie le vétérinaire associé à la clinique du Montaigu.