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Des recommandations pour la finition des vaches de réforme du troupeau allaitant

La vente de vaches finies représente une part importante du produit viande. À la lumière de plusieurs essais conduits sur les vaches de réforme de type viande, Arvalis propose quelques conseils sur la finition des vaches charolaises.

L’engraissement des vaches repose sur un équilibre à trouver entre l’animal, les ressources disponibles et le marché visé, à réfléchir à l’échelle du système.
L’engraissement des vaches repose sur un équilibre à trouver entre l’animal, les ressources disponibles et le marché visé, à réfléchir à l’échelle du système.
© C. Delisle

Le Sommet de l’élevage a été l’occasion de faire le point sur l’engraissement des vaches de réforme. « Depuis trois à quatre ans, on s’intéresse plus spécifiquement à la finition des femelles du troupeau allaitant. En France, les pratiques d’engraissement sont très diversifiées. Cette grande hétérogénéité est à la fois liée aux animaux (race, âge, format, état sanitaire, état d’engraissement, état physiologique), à l’exploitation (engraissement à l’herbe au printemps, à l’automne après sevrage des veaux, durée d’engraissement de 60 à 150 jours, rations de finition plus ou moins concentrées) et aux demandes commerciales diverses. C’est pourquoi, il nous semblait intéressant de faire le point sur les connaissances », souligne Antoine Buteau, ingénieur fourrages Arvalis à la ferme expérimentale de Bordes dans l’Indre.

Des GMQ supérieurs pour les plus jeunes vaches

Arvalis s’est d’abord intéressé aux effets de l’âge et de l’état d’engraissement au début sur la capacité de finition d’une vache de réforme charolaise. Les résultats ont montré des croissances favorables pour les vaches de moins de 8 ans (1 000 à 1 200 g/jour). Pour les vaches de plus de 10 ans, les croissances décrochent plus rapidement et pour 41 % d’entre elles, le GMQ se situe sous la barre des 700 g/j. L’essai a également mis en évidence une plus forte variabilité des performances des vaches de plus de 10 ans et une meilleure efficacité alimentaire pour le lot de celles de moins de 8 ans. Toutefois, toutes les carcasses ont répondu aux attentes de la filière (420 à 450 kg carcasse, classé R +). Si certaines vaches ont démarré le test avec un poids vif inférieur aux autres (note d’état corporel inférieure à 1,5), elles parviennent tout de même à atteindre le même rendement carcasse. Les vaches jeunes compensent leur poids de départ inférieur par une croissance plus importante.

Ce travail n’a donc pas fait ressortir d’effet significatif de la note d’état corporel initiale. L’effet âge semble plus marqué que celui de la note d’état corporel. Côté économique (coût des aliments d’après la conjoncture moyenne 2011-2021), « cet essai indique qu’il est possible de dégager une marge (environ 100 euros de marge sur coût alimentaire) avec des jeunes et des vieilles vaches. Par contre, il est essentiel de suivre la croissance, au moins une fois par mois, des femelles. Une vache qui ne fait pas de croissance n’en fera jamais », insiste Antoine Buteau.

 

 

100 jours d’engraissement pour éviter le dépôt adipeux

Les derniers essais réalisés sur les effets de la durée d’engraissement des vaches de réforme, menés par l’Inra, datent de 1991. « C’est pourquoi, nous avons décidé de reconduire un nouvel essai pour réactualiser les données. Nous nous sommes donc attachés à mesurer l’effet de la durée d’engraissement des vaches de réforme sur les performances techniques et économiques. » Pour cela, trois durées d’engraissement ont été expérimentées : 90, 120 et 150 jours pour trois lots de 12 vaches charolaises. Une ration identique à base de fourrages enrubannés (moitié ray-grass d’Italie et moitié mélange céréales protéagineux récoltés immatures) et de concentrés leur a été distribuée. Tout au long de l’expérimentation, la matière sèche ingérée a été suivie. L’ingestion augmente rapidement en début d’engraissement pour diminuer au bout de deux mois pour l’ensemble des lots. « À ce moment-là, on observe des différences notables entre les lots. Les croissances en début d’engraissement sont supérieures à 2 000 g/jour pour les trois lots puis baissent ensuite. Pour le lot 150 jours, un plateau de croissance semble être atteint en fin d’engraissement. Les notes d’état d’engraissement augmentent par ailleurs rapidement en fin d’engraissement et sont alors significativement différentes. Le gras se dépose bien en fin de parcours. »

Une tendance se dégage tout de même pour les GMQ sur la période expérimentale avec une diminution de 200 g/jour du GMQ moyen pour un mois de plus d’engraissement. Quant aux résultats d’abattage, on observe peu, voire pas de différences. « Pour conclure, il serait judicieux de répéter l’essai. Toutefois, il semble essentiel de ne pas dépasser 100 jours d’engraissement car, passé ce délai, l’accroissement du poids carcasse ne se fera que par une augmentation des dépôts adipeux. Côté économique (moyenne des cours 2011-2021, prix maigre : 1,80 €/kg vif, prix gras : 3,80 €/kg carcasse), les marges sur coût alimentaire sont identiques pour des durées d’engraissement de 90 et 120 jours puis chutent à 150 jours », remarque l’ingénieur. En répétant ce travail avec des hypothèses de conjoncture minimum, moyenne et maximum, on parvient à un optimum entre 90 et 120 jours d’engraissement pour des vaches charolaises, une fois les autres charges déduites (mortalité, paille et vétérinaire).

Des résultats similaires à l’herbe

Un second essai conduit en 2021 a permis de comparer les résultats technico-économiques d’un engraissement à base uniquement d’herbe pâturée par rapport à un engraissement à base de fourrages et de concentrés en bâtiment. Dans ce contexte, deux lots de 12 vaches issues du cheptel charolais des Bordes ont été comparés selon une finition au pâturage (sur quatre paddocks de 1 hectare de prairie temporaire avec un chargement de 38,5 ares/UGB) ou en bâtiment (foin à volonté et rationnement du concentré. La perte de poids des vaches au pâturage en début d’essai (transition alimentaire) a été compensée très rapidement. Au cours de l’engraissement, la croissance des vaches au pâturage a été plus sensible à la qualité de l’herbe disponible ou au climat (22 °C sur 10 jours en juin). « Cet essai montre que cette année il a été possible d’engraisser complètement des vaches au pâturage sans complémentation. Les animaux ont été bien finis, avec des poids similaires et peu de différences sur les autres résultats. Une répétition de l’essai est prévue. On constate que la nature des régimes et des aliments n’a que peu d’effets, à condition de respecter les équilibres alimentaires. »

En raison du Covid, les mesures de gras et de couleur de la viande n’ont pas pu être testées.

Le saviez-vous ?

Une production à ne pas négliger

Les vaches de réforme représentent 47 % de la production en France dont 24 % de type viande. La vente de femelles engraissées, de cette catégorie, constitue par ailleurs 20 à 30 % du produit dans les élevages allaitants.

Chiffres clés

Pour l’engraissement des vaches de réforme charolaises, poids vif au début de l’engraissement de 720 kg, NEC entre 1,5 et 2

12 UFV/jour
1 100 g de PDI/j
90 g de PDI/UFV
14 kg de MS ingérée
10 à 12 kg MS/kg de gain PV
Après 100 jours : hausse du poids carcasse liée à une augmentation du dépôt adipeux

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