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De la viande bovine AOP Maine-Anjou en filière longue et en direct

Le Gaec Debosque élève dans la Sarthe un troupeau Rouge des prés de haut niveau génétique sur des prairies naturelles, en zone AOP Maine-Anjou. Le troupeau est actuellement en croissance.

Pierre Debosque est installé depuis 2014 et travaille avec sa mère Catherine, qui cessera son activité dans trois ans, et avec sa femme Charlotte, qui les a rejoints en 2020. Stanislas, apprenti en BTS, est présent sur l’exploitation en alternance. « Quand Charlotte s’est installée, 130 hectares ont été repris. Notre plan pour les prochaines années est d’augmenter le cheptel pour atteindre 150 vêlages sur 200 hectares de prairies naturelles, et d’employer dans quelques années un salarié à temps plein », présente Pierre Debosque.

Le troupeau Rouge des prés est arrivé dans la famille en 2000. Il était à l’origine conduit en croisement avec les races charolaise et saosnoise et en le reprenant, les éleveurs sont partis en race pure avec des taureaux inscrits. Les parents de Pierre Debosque ont travaillé avec application sur les aptitudes au vêlage et le gabarit. Vingt ans plus tard, le troupeau se caractérise par sa mixité, et est bien placé pour la finesse d’os (100 de moyenne contre 89,5 pour la moyenne de la race). Régulièrement, des mâles sont sélectionnés pour la station d’évaluation raciale et actuellement, un fils de génisse, Raki, est en testage.

Quatre-vingts pourcents des vêlages se déroulent sans aide (la moyenne est de 61 % dans la race), et même soixante-dix pourcents des génisses vêlent seules. En moyenne, il n’y a qu’une césarienne par an, et il arrive que plusieurs années se succèdent sans. La mortalité des veaux entre naissance et sevrage était de 9 % l’an dernier, contre 12,7 % pour la race.

Insémination et échographie par l’éleveuse

Deux périodes de vêlage sont organisées – du 10 septembre à fin octobre, et du 15 janvier à fin mars – avec un premier vêlage à 31 mois en moyenne. L’IVV est idéal depuis plusieurs années alors que le cheptel est en phase de croissance. Il était de 363 jours pour les multipares et 375 jours pour les primipares (pour des moyennes de la race de respectivement 387 et 405 jours).

La fertilité reste en effet le principal critère de réforme. Les éleveurs engagent toutes les femelles à la reproduction pour maintenir ce résultat. « Celles qui ne sont pas dans la bonne période pour le cadrage des vêlages sont vendues comme reproductrices, et les vides sont tout de suite engraissées », explique Pierre Debosque. Par contre, le taux de renouvellement est de 27 % ce qui est plutôt faible (en moyenne 30 % dans la race) puisque le cheptel est en phase de croissance, et que les vêlages se passent très bien.

Les femelles vêlant à l’automne sont inséminées pendant trois semaines, puis un taureau de rattrapage est utilisé. Celles vêlant au printemps sont conduites en monte naturelle, sauf les génisses qui sont toutes inséminées. Charlotte Debosque ayant travaillé comme inséminatrice pendant sept ans avant de s’installer, elle s’occupe elle-même du troupeau et s’est aussi équipée d’un échographe pour faire les suivis gynécologiques. « Pour les IA, nous utilisons des taureaux privés prélevés et des doses du commerce. Environ 25 % des veaux sont issus d’IA. »

Accès aux bâtiments et pâturage continu

Côté santé, les problèmes classiques sur les veaux sont maîtrisés. Les éleveurs réhydratent un ou deux veaux par an et soignent rarement des problèmes respiratoires. Le troupeau est vacciné contre ces deux pathologies (vaches gestantes contre les diarrhées néonatales des veaux, veaux d’automne contre les maladies respiratoires et ceux de printemps aussi avec un protocole allégé). Une coprologie est réalisée tous les deux ou trois ans pour surveiller le parasitisme. Un traitement injectable est administré aux génisses d’un an et au cas par cas pour les adultes.

 

« Nous distribuons des minéraux haut de gamme de la préparation au vêlage jusqu’à la repro : une gamme épigénétique formulée pour la fertilité. Le reste de l’année, les vaches ne reçoivent que du sel », explique Charlotte Debosque.

Le troupeau rentre en décembre mais sur une grande partie de l’année, il est libre de rentrer et sortir de la stabulation. « Les vaches vont et viennent en fonction de la météo, et nous faisons une mise à l’herbe très progressive car nos sols sont humides. »

Le pâturage est continu sur le bloc de 70 ha autour de la ferme, ainsi que dans les nombreux îlots plus éloignés qui ne sont équipés qu’avec un seul point d’eau. Les fauches n’étaient jusqu’à présent faites qu’en foin sur 100 ha par an, avec des deuxièmes coupes de façon exceptionnelle (cette année notamment). « Pour la première fois cette année, de l’enrubannage a été récolté sur une première coupe de 10 ha de ray-grass semences et sur une jeune prairie. Il sera distribué pour la finition des vaches et pour les vaches en lactation cet hiver. »

200 hectares de prairies pour 150 vaches

La finition des vaches est jusque-là basée sur le foin, avec de trois à cinq kilos d’un mash (comme le stipule le cahier de charges de l’AOP) choisi « de base », composé de lin, luzerne et maïs. En 2021, une partie de l’engraissement a été menée au pâturage durant le printemps.

 

Tous les mâles sont vendus à 6 ou 7 mois dans le champ, sans avoir été sevré. Ils sont complémentés sous la mère avec un aliment du commerce énergétique, distribué au nourrisseur. « Cette année, avec la pousse prolongée de l’herbe sur l’été, les mères avaient beaucoup de lait et les veaux se rationnaient tout seuls. Ils ont fait des croissances de 1,8 à 1,9 kg/jour sur la période qui a précédé leur vente en consommant peu de concentrés », observe Pierre Debosque.

« Notre système fourrager, avec 200 hectares de prairies naturelles depuis cette année pour, à terme, 150 vaches, est plus que sécurisé, estiment les éleveurs. L’année 2020 a été tendue mais nous restons sur cette ligne avec un chargement global entre 1,2 et 1,3 UGB/ha de prairie, et à moins d’1UGB/ha pendant l’été. »

L’objectif de Charlotte et de Pierre est de conserver un système d’élevage souple. Il faut s’organiser pour pouvoir partir ensemble et pour la vie de famille au quotidien. Il s’agit de bien préparer le départ en retraite de Catherine et de « penser l’organisation du travail pour ne pas perdre en technique. » Les deux éleveurs ont à cœur aussi d’assurer leurs engagements à l’extérieur de l’exploitation : bureau de la chambre d’agriculture et JA pour Pierre, conseil d’administration de l’AOP pour Charlotte.

Chiffres clés

En 2020

227 ha de SAU dont 140 de prairies naturelles et 87 de cultures de vente (blé, orge, colza, maïs)

120 vaches Rouge des prés

1 poulailler de 6 000 poules pondeuses label rouge

20 brebis de race Bleu du Maine

Patrick Buret, Bovins croissance de la Sarthe

« 134 veaux nés pour 124 vaches présentes à l’année »

« Entre août 2020 et juillet 2021, 124 vaches étaient présentes et 134 veaux sont nés. Ceci car les performances de reproduction sont bonnes, et parce que les vaches sont sorties immédiatement du troupeau pour passer en finition si elles se décalent. L’IVV est en effet très bon depuis plusieurs années, alors que le troupeau est en période de croissance de cheptel.

Sur le dernier bilan génétique, pour les mâles, le poids de naissance est de 51 kg, le poids à 120 jours est 187 kg et le poids à 210 jours est 313 kg. Pour les femelles, c’est 46 kg à la naissance, 165 kg à 120 jours et 261 kg à 210 jours. L’ivmat sur ascendance maternelle a énormément progressé entre 2011 et 2020, passant de 91 à 100 (moyenne de la race : 98,1). Le niveau génétique des taureaux utilisés est très élevé (110,8 d’Ivmat contre 104,7 de moyenne pour la race).

L’objectif actuel des éleveurs est d’augmenter légèrement le développement musculaire du troupeau, sans détériorer l’aptitude au vêlage et la production laitière. Les génisses vont être génotypées, et les non porteuses du gène culard seront éventuellement accouplées avec des taureaux porteurs du gène culard. »

La vente directe améliore la valorisation des vaches

Charlotte Debosque a développé l’activité de vente directe depuis son installation. Sur l’année écoulée, 11 femelles (sur un rythme d’une par mois) ont été valorisées pour des carcasses dépassant largement les 500 kg avec un rendement de 60 à 74 % en viande nette. Les éleveurs avaient calculé pour couvrir leur coût de production un tarif de 4,80 euros/kg C. Dans ce prix était décompté le travail d’une personne pendant une semaine par vache (démarches commerciales, gestion, livraisons…). En filière AOP longue, sur la dernière campagne, les vaches ont été vendues 4,10 euros en moyenne.

Ils imaginent faire au maximum deux femelles par mois, quand en croisière ils produiront 40 réformes par an. Mais il faudra pour ceci élargir beaucoup la clientèle.

« Nous pouvons vendre la viande en direct sous AOP, mais pas les préparations qui contiennent des ingrédients autres que la viande », explique Charlotte Debosque.  « C’est intéressant car cette vente directe sous AOP ne concurrence pas l‘AOP en filière longue et elle permet de communiquer sur le signe officiel de qualité », observe Pierre Debosque.

Sur leur site internet https://www.elevagedebosque.fr/et sur Facebook, différents types de colis sont disponibles, ainsi que de la viande à la pièce, et des produits transformés, avec livraison possible en chronofresh dans toute la France. Plusieurs points de livraison dans la région sont proposés aux clients, notamment chez d’autres éleveurs en AOP Maine-Anjou et chez des producteurs d’autres produits en viande directe (produits laitiers, porc). Ou bien ils viennent chercher leurs commandes au Gaec. « Nous travaillons aussi avec un comité d’entreprise : toutes les commandes sont livrées au bureau le vendredi soir, c’est très pratique pour nous et pour les clients. » Le Gaec fournit aussi ponctuellement des restaurants et épiceries, et aussi deux cantines pour du haché.

« Pour l’AOP, la conformation minimum est O + mais ce qui est recherché, ce sont des carcasses R =. Il y a une grosse différence de valorisation entre une vache R = et une vache R-. Il faudrait même aller vers le U- pour répondre aux demandes du marché de la viande », estime Pierre Debosque. Les éleveurs cherchent à obtenir un bon niveau de persillé, en faisant durer la finition jusqu’à quatre ou cinq mois.

AOP Maine-Anjou : des vaches de moins de 10 ans engraissées sans ensilage

L’AOP Maine-Anjou existe depuis 2004. « Elle est actuellement en bonne voie », estime Charlotte Debosque, qui vient d’entrer au conseil d’administration. Onze vaches sont commercialisées chaque semaine et leur conformation tend plus régulièrement vers le R+ U-.

Les animaux doivent être nés, élevés et abattus dans le périmètre de l’appellation. L’élevage doit respecter le critère « un hectare de prairie par vêlage ». Sont éligibles les vaches (ayant vêlé au moins une fois) de moins de 10 ans, présentes depuis plus de douze mois sur l’exploitation et ne présentant pas d’hypertrophie musculaire.

En engraissement, les vaches reçoivent de l’herbe, du foin ou de l’enrubannage. L’ensilage est interdit. L’aliment de finition garanti sans OGM doit être composé d’au moins trois matières visibles et identifiables.

L’agrément des carcasses se fait sur un classement en note 3 ou 4, une répartition homogène du gras externe et interne, un persillé suffisant, une bonne tendreté, une couleur homogène rouge intense et légèrement orangée.

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