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Dans les yeux d’Amélie : « J’ai sous-estimé le prévisionnel dans mon projet d’installation comme éleveuse de chèvres »

Avant de s’installer, la réalisation du prévisionnel économique doit permettre de démontrer la viabilité du projet et constitue une pièce maîtresse du dossier de demande d’aide. Amélie Villette raconte les hauts et les bas de son installation en élevage caprin bio en Isère.

<em class="placeholder">Brebis au pâturage</em>
Pas de tracasseries administratives pour les brebis de la ferme qui sont sorties au pâturage dès la vaccination FCO faite !
© A. Villette
<em class="placeholder">Amélie Villette avec des brebis</em>

« On dit que le parcours à l’installation est un parcours du combattant fait de hauts et de bas. Là, je crois que je suis plutôt dans un creux… Les démarches administratives et pièces nécessaires à l’obtention des aides à l’installation sont multiples et gourmandes en temps. Alors que je visais un dépôt de demande d’aide fin avril pour que mon dossier passe en comité avant l’été et pouvoir démarrer les travaux d’aménagement des bâtiments dès la rentrée, nous avons pris du retard…

En effet, l’installation se faisant en Gaec, les projets de statuts et de PV d’assemblée générale de modification de la société (aujourd’hui en EARL unipersonnelle) sont exigés. Pour cela, il nous fallait valider le montant des parts sociales dont je dois racheter 50 %. Ayant un peu tardé à avoir cette discussion, nous sommes revenus trop tard vers la juriste qui nous accompagne pour avoir ces documents à temps.

Un déficit de trésorerie à combler

Par ailleurs, la pièce maîtresse de ce dossier de dotation jeune agriculteur (DJA) reste le prévisionnel économique. J’ai souhaité dans un premier temps ne pas trop me limiter dans les investissements prévus, quitte à les revoir ensuite à la baisse… Eh bien la première version de l’étude ne passe pas en l’état ! De crainte d’être trop optimiste, j’ai sans doute surestimé mes charges et été un peu trop prudente dans mes prévisions de production. Avec pour conséquence, un prévisionnel qui n’affiche pas les revenus attendus et montre un déficit de trésorerie problématique.

Normalement, je devrais bénéficier de subventions européennes pour l’aménagement du bâtiment d’élevage et de la fromagerie. Mais les appels à projets pour ces aides sont actuellement fermés et celui relatif à la fromagerie ne devrait rouvrir qu’en fin d’année. On ignore donc les contours précis de ce qui pourra être subventionné. Pourtant, si je veux démarrer la production comme prévu début 2026, je ne peux pas attendre la fin d’année pour commencer les travaux.

La banque nous a donc demandé, pour donner son accord de prêt, de montrer que le projet est viable, même sans cette subvention, et c’est ce qui complique les choses. Nous sommes en attente d’un nouveau rendez-vous avec le banquier, avec différentes options envisagées : diminuer les investissements (mais à quoi renoncer ?), augmenter mon apport personnel (mais je dois aussi prévoir de me loger à proximité de la ferme), demander l’octroi d’un prêt de trésorerie…

Valider son PPP

Autre élément constitutif de mon dossier DJA, je dois valider mon plan de professionnalisation personnalisé (PPP), c’est-à-dire montrer que j’ai bien suivi les formations qui m’avaient été préconisées lors de mon entrée dans le parcours à l’installation. Dans mon cas, il s’agissait surtout de réaliser quelques stages en élevage pour échanger autour des choix techniques retenus en bio. J’ai pu y voir, par exemple, l’ensemencement des litières et du système digestif des animaux naissants avec du kéfir, la préparation de lait de vache acidifié pour les cabris, la transition au pâturage et la distribution d’hydrolats de plantes pour renforcer l’immunité…

Enfin, je dois aussi réaliser une étude de marché pour expliquer comment je pense commercialiser mes fromages, ainsi qu’une étude de durabilité pour montrer que j’ai conscience des aléas pouvant affecter mon activité et que j’ai réfléchi à des solutions pour y faire face !

Heureusement, au milieu de toutes ces démarches, il y a aussi la vie de la ferme. Après la sortie des animaux au pâturage, nous avons accueilli ce week-end une pièce de théâtre. L’occasion de faire visiter les lieux, proposer nos produits à la vente et mettre de l’animation dans le village… Et pour moi, une bonne façon de rencontrer les voisins et d’intégrer le tissu local ! »

Réaliser son étude de marché

Une étude de marché est nécessaire pour tout projet en circuit court.

Une étude de marché cherche à estimer la clientèle potentielle des fromages, leurs habitudes de consommation et pouvoir d’achat, chercher où l’on pense commercialiser les fromages pour vérifier si les débouchés visés ont la capacité d’absorber la quantité que l’on pense produire. Il faut également s’intéresser aux fromagers voisins ou présents dans les lieux de vente ciblés, aux produits qu’ils proposent et à leurs prix, afin de réfléchir aux moyens de s’en démarquer ! Tout cela afin d’aboutir à une stratégie commerciale avec les circuits de ventes imaginés pour chaque produit et les prix correspondants.

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