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Dans le Rhône : « Avec les Thermitube, j’ai gagné en précocité en réduisant le risque de gel »

Installé dans les monts du Lyonnais à 400 mètres d’altitude, Anthony Thollet a équipé 1 680 m2 de ses tunnels froids avec des Thermitube associés à un voile de forçage. Il a pu récolter ses tomates au 1er juin, trois semaines plus tôt que d’habitude.

<em class="placeholder">thermitube dans une culture de courgette sous serre tunnel</em>
Des Thermitube ont été installés dans une culture de courgettes à l'automne pour prolonger la récolte le plus longtemps possible.
© I. Aubert

« Mon objectif premier est de rechercher toujours de la précocité, car au mois d’août mes clients sont en congés ! », s’exclame Anthony Thollet, exploitant de Mont potager bio, à Rontalon, dans le Rhône. Le jeune maraîcher, qui vend une partie de sa production en demi-gros, souhaite orienter de plus en plus sa commercialisation vers les particuliers. Il est présent sur un marché et un magasin de producteurs de l’agglomération lyonnaise qui fonctionnent bien. Mais les clients sont en demande de tomates au plus tôt. Et à 400 mètres d’altitude, il peut geler jusqu’en mai. « Avant j’essayais de planter le plus tôt possible mais c’était risqué. En cas de gel, je pouvais tout perdre : l’investissement lié à la culture et la clientèle. »

Il a donc recherché un système qui puisse l’aider à minimiser le risque de gel et s’est décidé à investir dans les Thermitube. Leur principe ? De longues gaines de couleur noire sont remplies d’eau et disposées sur le sol entre les planches. Elles accumulent la chaleur durant les journées et la restituent la nuit. Anthony Thollet a choisi le modèle en polyéthylène tissé, le milieu de gamme, sans pompe de vidange, étant donné la pente présente chez lui. Il a couplé ce dispositif avec un voile de forçage, en double peau.

<em class="placeholder">Thermitube dans une culture de tomate sous serre avec voile de forçage</em>
L'équipement a apporté un gain de temps et du confort de travail. © A. Thollet

Semis plus précoce et récolte d’autant plus précoce

Pour cette première année d’utilisation, il a planté des courgettes dès le 10 février, des tomates le 3 mars et des melons le 17 mars. La récolte a débuté le 1er juin soit près de trois semaines plus tôt qu’habituellement. « Tout s’est bien passé, je n’ai pas eu de gel », se félicite le maraîcher. Agrithermic, le constructeur, qui avait disposé des capteurs à l’intérieur de la serre, a enregistré une différence de température de + 4 °C à + 2 °C par rapport à une serre sans Thermitube, entre mars à avril. Sans augmentation d’humidité sous la serre. « Nous avons aussi noté une différence de 2 °C entre le haut et le bas de la serre, puisque la chaleur monte », complète Anthony Thollet.

<em class="placeholder">Anthony Thollet</em>
Anthony Thollet est très satisfait de sa première année d'utilisation des Thermitube, « une méthode naturelle qui ne consomme pas de fuel ou de gaz ». © I. Aubert

Le Thermitube se présente sous la forme de rouleau de 100 mètres, qu’Anthony Thollet a recoupé à 40 mètres, la longueur de ses serres. « Il faut préparer un petit sillon pour caler le tube s’il y a un peu de dévers », précise-t-il. Comme chez lui les serres sont installées dans une parcelle en pente de 15 %, le haut du tube reste libre et le bas est fermé par une mâchoire en métal boulonnée. À raison d’environ un mètre cube dans chaque gaine, le remplissage nécessite 12 m3 pour une grande serre. « J’ai accès un réseau d’irrigation collectif qui provient du Rhône, car c’est indispensable ici. Mais pour les Thermitube, j’ai une poche qui récupère l’eau de pluie des serres et je les ai remplis avec », indique-t-il. Une eau à moindre coût, donc.

Le rendement un peu supérieur pour les tomates

L’installation du voile de forçage s’est révélée assez facile. À trois personnes, il a fallu environ 1 h 30 par serre pour le poser sur les supports de culture, à 2,20 mètres de hauteur, à bout de bras. Anthony a utilisé le système D pour calfeutrer au maximum, à savoir des pinces à linge à chaque jonction avec une barre de support de culture ! Cet équipement lui a apporté un gain de temps et du confort de travail par rapport aux petits tunnels nantais de 60 centimètres de hauteur qu’il utilisait auparavant et qu’il fallait enlever et remettre à chaque intervention. La nouvelle solution a aussi étalé le pic de travail du printemps : « Comme j’ai pu planter plus tôt j’ai passé un mois d’avril un peu moins chargé », résume le maraîcher.

​​​​​Côté qualité, Anthony Thollet n’a pas noté de différence sur ses productions. Il pense, en revanche, que le rendement a été un peu supérieur, « surtout sur tomate, où le gain a peut-être été de 10 %, mais je n’ai pas pesé », remarque-t-il.

Une méthode naturelle qui ne consomme pas de fuel ou de gaz

<em class="placeholder">Mâchoire de fermeture des Thermitube</em>
Pour vider l'eau de la gaine, il suffit d’ouvrir la mâchoire métallique. © I. Aubert
Les Thermitube sont restés en place jusqu’au 15 juin. Pour les vider, il a suffi d’ouvrir les mâchoires et la gravité a entraîné l’eau vers le bas de la parcelle. Une étape pour laquelle « il faut être vigilant à la pression de l’eau », souligne Anthony Thollet qui s’est légèrement blessé à la main en ouvrant une mâchoire. Les Thermitube ont été enroulés sur un tube PVC par « une personne seule » grâce à une sorte de brouette. Ils sont alors prêts à resservir ou à être stockés sous forme de bobines d’une soixantaine de centimètres de diamètre. Un encombrement qu’il faut prévoir de loger. L’exploitant les a installés dans un palox en bois, sous un hangar à matériel. Il va poser des appâts pour éviter qu’ils ne soient la cible des rongeurs. De même, les voiles de forçage ont été suspendus en hauteur, sous un hangar.

<em class="placeholder">Thermitube rangés pour hivernage</em>
Le stockage des Thermitube se fait sur des rouleaux de PVC. L'enroulement peut être réalisé par une personne seule. © I. Aubert
Entre la pose, la dépose et le rangement, Anthony Thollet estime le temps de travail nécessaire à une heure par an et par Thermitube. Il demeure très satisfait de sa première année d’utilisation. « C’est peut-être un peu de travail en plus, mais c’est efficace et c’est une méthode naturelle qui ne consomme pas de fuel ou de gaz », souligne-t-il. Et la saison n’est pas finie. En ce mois d’octobre, une partie des Thermitube a repris du service dans une culture de courgettes. Anthony Thollet espère ainsi prolonger la récolte le plus longtemps possible avant le gel. Toujours dans le but de mieux répondre à la demande de ses clients.

Repères

Mont potager bio, à Rontalon, dans le Rhône

Surface 10 ha de légumes en plein champ, 8 000 m2 de serres (tunnel froid).

Installation depuis 2020 hors cadre familial.

Cultures 70 espèces de légumes et quelques fruits : fraise, melon, pastèque, pêche de vigne, abricot. Anthony Thollet envisage de planter quelques arbres (noyers, châtaigniers, noisetiers) pour encore diversifier sa gamme. Une partie de la production est transformée par un prestataire.

Commercialisation Un marché à Oullins, un magasin de producteurs à Jons, dans de l’agglomération lyonnaise, une Amap et des ventes en demi-gros qui sont amenées à diminuer.

Main-d’œuvre 4 à 5 ETP salariés + Anthony Thollet.

Un coût d’environ 5 euros du mètre carré

Chez Anthony Thollet, l’investissement pour les Thermitube s’est élevé à 14 000 euros HT pour 36 gaines. Somme à laquelle il faut ôter une aide en certificat d’économies d’énergie (fiche serre bioclimatique) qui a représenté 40 %. Agrithermic, le fournisseur, a fait l’avance de l’aide par une remise sur facture et s’est chargé de faire le dossier. Le maraîcher a donc dû débourser 8 400 euros, soit environ 5 euros du mètre carré de serre équipée. Anthony a pu obtenir un tarif préférentiel car il a participé à mettre au point le produit dans des conditions pentues. Le prix de la gaine dépend de sa qualité. Pour un Thermitube en polyéthylène tissé (moyenne gamme), il faut compter 10 à 12 euros le mètre linéaire, selon la quantité achetée.

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