Aller au contenu principal

#Controverses2020 : quelle responsabilité de l’agriculture et l’alimentation française dans la déforestation ?

Faut-il faire le choix entre les forêts ou les champs ? Un face à face entre Cécile Leuba, de Greenpeace France, et Arnaud Rousseau, président de la fédération nationale des producteurs d’oléoprotéagineux (Fop) sur la question de la responsabilité de l’agriculture dans la déforestation de l’Amazonie.

« Oui, l’agriculture est le moteur de la déforestation. 80 % de la déforestation dans le monde est dû à l’agriculture », déclare Cécile Leuba, chargée de campagne Forêt de Greenpeace France. Les raisons : l’exploitation du palme, de l’hévéa, du bœuf, du soja, du cacao ou encore de la coca. Les autres causes pour les 20 % restants sur l’exploitation forestière, minière et l’urbanisation.

Elle rappelle que selon une étude de la Commission européenne, 44% de la déforestation importée par l’Union européenne est liée à l’importation de soja. Pourtant, au Brésil, il y a un moratoire sur le soja concernant l’Amazonie brésilienne qui fonctionne très bien. Les traders de la filière soja n’ont plus le droit d’acheter du soja issu de parcelles qui ont été déforesté après 2008 ; et le dispositif fonctionne très bien

Malheureusement, le moratoire n’existe que sur le soja, car celui qui a été initié sur le bœuf (cattle agreement) n’est pas respecté. Ainsi, le soja n’est pas une cause de déforestation directe, mais indirecte car il est cultivé après les herbages sur les parcelles déforestées.

Cécile Leuba rappelle que la France a une responsabilité car elle a publié en 2018 une stratégie nationale de lutte contre la déforestation avec comme objectif de porter à zéro la déforestation indirecte, ce qui n’est pas le cas.

Lire aussi :
#Controverses2020 : L’agriculture est-elle responsable de la disparition de la biodiversité ?

Dépendance aux protéines végétales importées

Pour Arnaud Rousseau, président de la Fédération française des producteurs d’oléoprotéagineux (FOP) et du groupe Avril, l’enjeu planétaire de préserver les forêts primaires se confronte à un enjeu d’Etat, en l’occurrence celui du Brésil. Et il rappelle que si nous en sommes arrivés là, en termes de dépendance aux protéines végétales, c’est parce qu’on a laissé aux Américains le soin de cultiver des protéines végétales à la sortie de la guerre, lors que l’Europe devait développer la céréaliculture. « Mais aujourd’hui, l’agriculture française peut apporter des solutions », considère-t-il.

Il s’est réjoui de la déclaration d’Emmanuel Macron l’été dernier à propos de la souveraineté protéique, « mais derrière la parole publique du président de la République, l’élan administratif n’est pas vraiment au rendez-vous. En termes de décision, il n’y a rien, regrette-t-il.  Notre ambition est de réduire notre dépendance en protéines végétales de 10 % dans les 10 prochaines années ».

Désaccord sur les biocarburants de première génération

Pour Cécile Leuba, les solutions sont très claires : développer la production de protéines végétales pour réduire les importations de soja et réduire les volumes de production de viande et de produits laitiers. Selon Arnaud Rousseau, on peut produire du soja, des légumineuses, mais on ne sera pas capables d’atteindre une totale dépendance. « N’importons pas en France des produits que nos citoyens ne veulent pas consommer », souligne-t-il. Une dénonciation de double standard que dénonce aussi Cécile Leuba.

En revanche, il y a un point de désaccord très net entre Cécile Leuba et Arnaud Rousseau : si ce dernier souligne l’intérêt de la double production protéines végétales et énergie avec le colza et le tournesol, avec la production de biocarburant, la représentante de Greenpeace y est très clairement opposée.

Sur les colzas et les tournesols, le groupe Avril va proposer un contrat, nommé Oléoze, qui permet de donner une prime aux agriculteurs qui contribuent à une économie de gaz à effet de serre.

Lire aussi
[Vidéo] Agriculture et climat : vers un rapport apaisé avec Greenpeace, EELV, la FNH et la Ligue de protection des oiseaux ?

Les plus lus

Carte des zones réglementées et vaccinées liées à la DNC au 5 novembre 2025.
Dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) : une partie du Rhône et la Loire passent en zone vaccinale

La zone réglementée DNC 2 couvrant une partie du Rhône, de la Loire et de l'Isère depuis le 18 septembre, évolue en zone…

Agriculteur faisant une déclaration de MAEC sur son ordinateur dans le cadre de la PAC.
Aides PAC 2023-2027 : quelles sont les productions affectées par la réforme ?

Après la réforme de la PAC entre 2022 et 2023, les aides PAC ont changé pour 61 % des exploitations, avec 27 % en baisse et 34…

Parc de machines agricoles en élevage laitier en Maine-et-Loire
Coûts de mécanisation en agriculture : « Il y a encore des économies possibles, d’environ 17 600 euros par an et par exploitation dans les Pays de la Loire »

Une étude de l’Union des Cuma des Pays de la Loire pointe des économies sur les charges de mécanisation réalisables pour 60…

Cartes des foyers de FC03 et FCO8 depuis le 1er juin 2025
Les cas de FCO 3 et 8 progressent toujours sur le territoire

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture en date du 30 octobre, 6523 foyers de FCO de sérotype 3 et 3020…

Gendarmes contrôlant une camionnette blanche
DNC : 8 verbalisations sur 679 points de contrôle des mouvements de bovins

La ministre de l’Agriculture fait le point sur les contrôles renforcés visant les mouvements illicites de bovins, responsables…

Carte des cas de DNC en Catalogne au 21 octobre 2025.
Dermatose nodulaire contagieuse bovine : en Espagne, le nombre de cas de DNC grimpe à 17

Le dernier bilan fait état de 17 foyers de DNC enregistrés en Catalogne soit sept de plus en une semaine. 

 …

Publicité