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Conforter la part des vêlages à 24 mois

Au Gaec des Acajous, à Pierreville en Meurthe-et-Moselle, il y a deux périodes de vêlage pour les 120 mères Salers du troupeau : les 2 tiers de juillet à septembre puis un tiers en janvier-février et deux âges pour les premières mises bas : 24 ou 30 mois.

« On fait vêler une moyenne de 25 génisses par an. Le plus possible à 2 ans et les autres à 30 mois, mais nous n’avons pas de règle précise pour le taux de renouvellement. Cela dépend beaucoup du nombre de femelles qui pourront être vendues pour la reproduction. Et ce chiffre est variable d’une année sur l’autre », explique Cédric Bednarek, un des deux associés du Gaec des Acajous à Pierreville à une vingtaine de kilomètres au sud de Nancy. Pour autant, l’objectif est actuellement de faire progresser la part des vêlages d’été pour qu’ils concernent, à brève échéance, non plus les deux tiers mais les trois quarts du cheptel. La quasi-totalité des génisses qui naissent en été vêlent donc pour l’instant à 2 ans et ce lot est complété par la plupart des génisses nées en hiver qui vêleront elles à trente mois.

Meilleures croissances pour les veaux d’été

Ce choix de développer la part du vêlage d’été est d’abord lié aux meilleures performances des veaux qui naissent à la belle saison. « Ils ont des croissances plus régulières. Ils sont nettement moins concernés par les pathologies néonatales. Ils sont sevrés au printemps et ne sont donc guère pénalisés par le manque d’herbe que nous avons désormais quasi systématiquement chaque été, même si 2021 fait exception, poursuit Cédric Bednarek. Même avec une bonne complémentation, les années de sécheresse sont toujours préjudiciables aux veaux nés en hiver. » Leurs moindres performances pondérales sont d’abord visibles sur les mâles. Sur l’élevage, en dehors de la quinzaine de ceux qui sont vendus pour la reproduction, les autres sont finis avec une classique ration basée sur l’ensilage de maïs avec un objectif de 420 kilos de poids de carcasse. Et ces dernières années, les taurillons nés en été ont en moyenne atteint ce poids objectif de vente environ un mois plus tôt comparativement à ceux nés en hiver.

Ce retard de croissance constaté sur les mâles se retrouve sur les femelles sur lesquelles les objectifs de GMQ nécessaires pour réaliser du vêlage à 2 ans dans de bonnes conditions sont moins faciles à atteindre. « Mais pour autant, on tient à conserver une trentaine de vêlages d’hiver. Cela permet de bien utiliser l’herbe sur toutes les parcelles et contribue à étaler les ventes. Le fait de ne pas chercher à faire vêler toutes nos femelles de juillet à septembre est aussi lié au manque de place dans les bâtiments. »

Génisses en moins et vêlages en plus

Pas question en revanche de revenir à un premier vêlage à trois ans. « Faire vêler à 2 ans c’est autant de génisses à nourrir en moins et autant de vaches en plus. Notre troupeau « tourne » plus vite. Et puis nos plus grosses génisses pesaient parfois plus de 750 kilos à leur premier vêlage à trois ans. C’était dommage de perdre du temps, souligne Cédric Bednarek. On perd peut-être quelques kilos de carcasse sur les vaches réformées jeunes mais l’intérêt économique est évident. En revanche, il faut un bon suivi alimentaire les premières années. » Ce volet est favorisé par la présence de plusieurs prairies en périphérie des bâtiments. Elles se prêtent bien à cette pratique avec la possibilité d’affourager et complémenter aisément des lots en pâture depuis la stabulation. « Sans cette facilité pour les complémenter je ne sais pas si on serait resté dans cette optique de premier vêlage à 2 ans. »

Conduite alimentaire soutenue

Au cours du premier hiver, alors qu’ils viennent d’être rentrés avec leur mère, les veaux nés en été ont dans leur case un bon foin à volonté et un kilo par tête et par jour de concentré fermier. Au printemps, après leur sevrage à des poids compris entre 310 kilos et 350 kilos vif, les génisses restent dans une case de bâtiment avec libre accès à une petite parcelle en herbe à compter du mois d’avril même si une bonne part de leur alimentation est distribuée à l’auge. En plus de l’herbe pâturée, elles ont à leur disposition de l’enrubannage rationné et du foin à volonté complété par un kilo par jour et par tête d’un mélange fermier (céréales aplaties + tourteaux). Avec cette alimentation soutenue mais reposant d’abord sur des fourrages grossiers de bonne qualité, elles font une moyenne d’un peu plus de 450 kilos au moment de la mise à la reproduction en octobre, une quinzaine de jours avant les primipares avec un jeune taureau pas trop lourd.

Au cours de leur second hiver, leur ration associe de l’enrubannage à 5 kilos brut par tête d’ensilage de maïs, du foin et toujours un kilo par tête d’un concentré fermier. Au printemps, leur lot est complété par les génisses de six mois plus âgées nées en hiver qui vêleront en même temps, mais à 30 mois. L’alimentation repose alors sur la seule herbe pâturée et ce lot valorise des prairies suffisamment proches des bâtiments pour pouvoir aisément les complémenter en fourrage si le manque de pluie fait jaunir l’herbe, mais rien de particulier jusqu’au vêlage à des poids vif compris dans une fourchette de 680 à 720 kilos. Les mises bas se déroulent sans difficultés particulières par rapport à du vêlage à 30 mois ou trois ans : ni plus, ni moins.

Une attention particulière est ensuite apportée à ces très jeunes vaches au cours de l’hiver qui suit leur premier vêlage. « Une année, faute de place, on en avait mis quelques-unes dans des cases de multipares. On s’en était mordu les doigts. Elles avaient vraiment dépéri en cours d’hivernage et cela avait été compliqué pour leur faire reprendre de l’état. » Les deux associés ne rencontrent pas non plus de difficultés particulières pour la seconde mise à la reproduction. « Un mois avant elles ont des seaux à lécher enrichis en minéraux et oligo-éléments à libre disposition. » Au sevrage leurs veaux sont en moyenne significativement moins lourds de 15 à 20 kilos comparativement à des veaux de multipares mais il n’y a pas de différences de poids significatives entre des veaux dont les mères vêlent pour la première fois à 24 ou 30 mois. Puis une fois qu’elles ont vêlé de leur second veau toutes les jeunes vaches ont une conduite identique aux multipares avec lesquelles elles seront désormais allotées en pâture comme en stabulation.

Le petit plus des souches sans cornes

Le Gaec travaille sur l’introgression du gène sans cornes depuis un peu plus de dix ans. Désormais 80 % des vêlages correspondent à des accouplements pour lesquels au moins un des parents du veau est porteur du gène sans cornes. « Le fait d’avoir un troupeau où la génétique sans cornes a été largement utilisée est à mon avis un atout pour faire du vêlage à 2 ans. Ce sont des souches qui apportent de la précocité sexuelle », estime Cédric Bednarek. Les premières générations de génisses issues de Montesquieu (Jura x Joker Poll), un hétérozygote sans cornes né au Gaec de Solignac dans le Cantal et largement utilisé sur l’élevage tendent d’ailleurs très nettement à confirmer cette impression. Qui plus est, ses premiers index sur descendance sont pour le moins intéressant puisque c’est le taureau Salers sans corne disponible à l’IA actuellement le mieux classé pour son Isevr : 120.

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