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Un nouvel outil pour optimiser la reproduction de son troupeau

Le programme Gènes avenir prévoit un accompagnement spécifique pour les élevages qui rencontrent des problèmes de fertilité à l'insémination. Exemple dans la Drôme.

À Aouste-sur-Sye, dans la Drôme, la ferme Saint-Alban est particulièrement vigilante quant à la reproduction de son cheptel. L’exploitation, créée en 1991, possède 280 chèvres saanen. La reproduction est dessaisonnée et l’ensemble de la production laitière est commercialisé auprès d’Eurial (Agrial). « La fertilité est importante pour des questions économiques. On ne gagne rien avec une chèvre qui ne remplit pas », rappelle Cyprien Jullian, l’un des deux associés. L’exploitation s’est également intéressée très tôt à la génétique, avec l’adhésion au contrat Gènes + de Capgenes. Dès ses débuts, une partie du troupeau sera d’ailleurs concernée par l’insémination artificielle (IA). Ce sont 112 animaux qui le sont aujourd’hui. « Nous gardons ainsi une variabilité génétique, tout en maîtrisant l’aspect sanitaire car nous n’introduisons pas de nouveaux animaux », poursuit-il. Le progrès génétique permet aussi une meilleure valorisation du produit. Il faut dire que certaines chevrettes peuvent également être vendues. Les éleveurs drômois n’ont ainsi pas hésité à expérimenter le programme "Suivi Fertilité". « C’est toujours un plus. On suivait déjà le protocole d’IA, ça n’a pas changé grand-chose », poursuit encore Cyprien Jullian. « Avoir un œil extérieur, c’est bien aussi », note également Éric Barnier, son associé.

Répondre aux attentes des éleveurs

En soi, maîtriser la reproduction caprine – et notamment les échecs à l’IA – tout en garantissant une production de lait sur l’année, n’est pas une nouveauté. En témoigne "Gènes + ", qui date de plus de 25 ans. Pour autant, au fil des années, les professionnels ont décidé de mettre en place de nouveaux outils et services, et ainsi rénover en profondeur le programme de sélection caprin afin de mieux répondre aux attentes des éleveurs. C’est dans ce contexte qu’est né le nouveau programme Gènes avenir de Capgenes, avec une nouvelle gamme de services. « Ces dernières années, on a abordé le sujet avec les moyens que nous avions, grâce aux expériences individuelles. Mais nous voulions faire des analyses plus fines, avec des outils plus performants », explique Guido Bruni, animateur du Pôle caprin sud-est d’Auriva-Élevage.

C’est dans ce contexte que les techniciens caprins des entreprises de mise en place (EMP), des organismes de conseils en élevage (Ocel) et de Capgenes, ont participé - à la demande des professionnels - à la mise en œuvre d’un outil de diagnostic spécifique, connecté à la base de données nationale et intégré au logiciel d’enregistrement des performances et de conseil (Siecl). Lequel permet ainsi d’avoir la photographie complète d’un élevage à un instant T, pour les lots conduits en IA comme en monte naturelle.

De la rigueur dans le protocole mais seulement 50 % de réussite

Dans le sud-est, l’ensemble des inséminateurs et conseillers caprins ont été formés sur le logiciel en question. Et tous doivent, au gré de leurs interventions, alimenter cette base de données. Date de naissance, date de mise-bas, réussite à l’IA l’année précédente, performances laitières… tout doit y figurer. « Ce ne sont que des indicateurs », précise Didier Eyme, inséminateur à XR Repro. Car à vrai dire, ce nouvel outil ne serait rien sans le savoir-faire et l’analyse de chacun. D’autant qu’à la ferme Saint-Alban, la gestion est déjà assez technique. « Il y a des exploitations qui considèrent que le traitement hormonal de synchronisation n’est pas important, qu’une éponge retirée à un mauvais moment n’a pas d’incidence. Il faut de la rigueur. Sinon, derrière, c’est une catastrophe. Dans ces cas-là, il vaut mieux annuler le chantier », souligne Guido Bruni. Si la fertilité à l’IA caprine est à moins de 50 % aux mises-bas, la réussite n’est pas optimale et il est nécessaire d’intervenir. D’où l’approche du « Suivi Fertilité », qui réunit les compétences du binôme technique EMP et Ocel et celles de l’éleveur.

La santé du troupeau – indemne de Caev -, la rigueur et la motivation des éleveurs, l’autonomie alimentaire et le bien-être sont en tout cas résolument des points forts à la ferme Saint-Alban. Il faut dire que le lait doit aussi répondre au cahier des charges de l’AOP picodon. Sauf que le 16 mai dernier, lors de l’échographie, seules 56 % des chèvres à l’IA étaient pleines. Une déception pour les éleveurs et les techniciens, au regard des efforts réalisés pour minimiser les risques (choix des femelles, application du protocole hormonal, actes d’IA). Les changements alimentaires, avec un surplus d’azote avant l’IA, en sont-ils la cause ? Il faudra attendre les données liées aux saillies naturelles avant de tirer de premières conclusions et mettre en place des actions. L’impact de l’alimentation sur la reproduction sera aussi l’un des enjeux de cette nouvelle base de données. « Contrairement aux bovins, nous n’avons pas trop de références là-dessus », note Nathan Pouliquen, conseiller à Ardèche Drôme Isère Conseil Élevage.

Mode d’emploi du suivi fertilité

Le logiciel "Suivi fertilité", disponible au niveau national, présente plusieurs modules. Les techniciens peuvent, avant tout, faire un bilan de reproduction concernant la campagne précédente. Ils peuvent également réaliser un audit. Concrètement, les pratiques de l’éleveur sont alors listées. Cela permet d’identifier celles qui peuvent présenter des risques. Enfin, un prévisionnel peut être mis en place. Il s’agira alors d’établir un planning des interventions précises pour chaque lot d’animaux et protocole de reproduction.

Le service "repro pilote caprin", déclinaison en région Est des services en reproduction du programme Génes avenir, va plus loin : tout au long, un inséminateur et un conseiller d’élevage travaillent main dans la main. Plusieurs réunions sont organisées chaque année. « Nous avons l’habitude de travailler les uns avec les autres. Il s’agit là de travailler en binôme pour partager sa propre expérience. Il y a un gros intérêt à réussir à se poser ensemble autour des problématiques de l’éleveur », soulignent Didier Eyme et Nathan Pouliquen.

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