Aller au contenu principal

Limiter les pertes lors de la récolte de foin multiespèce

La prairie multiespèce peut permettre de gagner en autonomie. Un essai sur la récolte de foin donne des pistes pour limiter les pertes.

La confection de gros andins permet de diminuer grandement les pertes. © V. Guyot
La confection de gros andins permet de diminuer grandement les pertes.
© V. Guyot

L’implantation de prairies multiespèces est une solution pour gagner en autonomie fourragère. Ces prairies associant plusieurs graminées et légumineuses sont plus résistantes aux stress climatiques et nécessitent moins d’apports azotés. Riches en protéines, elles permettent également de limiter les achats de concentrés azotés pour l’alimentation animale. Mais pour ce qui est de la fauche, il y a, comme pour le foin monoespèce, quelques règles à respecter afin de préserver les qualités nutritives de toutes les espèces. Il faut ainsi choisir des espèces et des variétés fourragères adaptées au contexte pédoclimatique, à la pérennité souhaitée et au mode d’exploitation de la future prairie. Pour la fauche, il vaut mieux éviter les ray-grass anglais tétraploïdes car ils sèchent lentement. La luzerne et le trèfle violet conviennent très bien pour la fauche et sont deux espèces très productives. Le trèfle violet s’installe rapidement et la luzerne affiche une bonne production estivale.

Bien réussir son semis

Comme pour toutes les cultures, pour profiter pleinement des atouts des prairies multiespèces, il est primordial de bien réussir le semis. Cette opération est d’autant plus importante que les solutions de désherbage chimique sont très réduites, du fait de la présence de plusieurs graminées et légumineuses. Il faut donc préparer un lit de semences très fin, sur un sol propre, ressuyé, bien appuyé et de semer à une profondeur d’un centimètre. Faucher tôt la première coupe de la jeune prairie permet d’empêcher la montée à graines des adventices et d’éliminer les espèces annuelles. La période de semis optimale se situe en fin d’été ou au printemps. Les besoins en température des légumineuses lors de l’installation sont plus élevés que pour les graminées.

Limiter les pertes lors de la récolte

La récolte des fourrages occasionne inéluctablement des pertes qualitatives et quantitatives. Le choix et l’utilisation du matériel, ainsi que l’organisation des chantiers, ont un effet non négligeable sur les pertes constatées. La chambre d’agriculture de la Creuse et le GDA de Bouganeuf, en collaboration avec Arvalis-Institut du végétal et le programme Herbe et fourrages, ont conduit un essai sur la récolte des foins riches en légumineuses dans des prairies multiespèces en juin 2015 à la Cuma de la Vallée du Thaurion (Creuse). Pour Pierre Lepée de la chambre d’agriculture de la Creuse, " ce travail avec le groupe de la Cuma de la Vallée du Thaurion a permis d’approcher les itinéraires les mieux adaptés pour limiter les pertes et atteindre le minimum de 80 % de taux de matière sèche avant pressage." Les enseignements tirés de cette expérimentation sont faciles à mettre en œuvre chez un grand nombre d’agriculteurs. Cette expérimentation a permis de mettre en évidence que "la faucheuse classique occasionne moins de pertes mais nécessite plus de temps de séchage par rapport à une faucheuse conditionneuse". L’itinéraire avec la faucheuse classique a permis une économie de carburant de 6 à 24 % suivant les itinéraires par rapport à une faucheuse conditionneuse. L’utilisation de conditionneuses avec éparpillement large permet l’économie du premier fanage et induit le séchage le plus rapide. Dans ce cas, une baisse des pertes au fanage est envisageable en diminuant la vitesse de rotation de la faneuse ainsi que le bon choix du régime de conditionneur. Enfin, la confection de gros andains permet de réaliser la boule sur peu de distance et limite grandement les pertes. Des essais vont encore être menés. "Le fanage va faire l’objet d’une expérimentation, toujours avec le même groupe d’agriculteurs qui s’est rassemblé autour d’un GIEE. Le choix du matériel le mieux adapté et la façon de l’utiliser restent une priorité. Dans un souci de bonne utilisation et d’amélioration des machines existantes, ce travail est réalisé en partenariat avec la société Kuhn et les établissements Micard ".

En savoir plus : Une vidéo sur le protocole de récolte du foin multi-espèce http://bit.ly/2oLBeIy

Définition

Une prairie multiespèce se définit comme une prairie temporaire composée d’au moins trois espèces de deux familles différentes, le plus souvent des graminées et des légumineuses. Dans une prairie multiespèce, le nombre plus important d’espèces permet à ce type de prairies de mieux s’adapter à l’hétérogénéité intraparcellaire du sol et de produire de façon régulière sur l’ensemble de la campagne. En effet, les graminées démarrent plus vite à la reprise de végétation et produisent davantage au printemps et à l’automne, alors que les légumineuses sont plus productives en été. Les prairies multiespèces sont également plus résistantes aux aléas climatiques (sécheresse, fortes températures, excès d’eau).

Les plus lus

Bouc de race saanen
Quels boucs choisir en 2024 ?
Le catalogue Capgènes des semences de boucs alpins et saanen vient de paraître. Le meilleur de la génétique caprine française est…
Elise, Jérôme et leurs deux filles, de 8 et 11 ans, vivent au milieu des animaux. Lapins, cochons, chèvres, chevaux, vaches, oies, ânes et chiens cohabitent à la ferme ...
« Mon mari boucher vend de la viande de porc et de chevreau de la ferme »
Élise et Jérôme Happel élèvent des chèvres et des porcs en Alsace. Boucher de métier, Jérôme valorise la viande caprine issue de…
Répartition régionale du cheptel français de chèvres au 1er novembre 2023 et évolution par rapport à 2022
Recul du cheptel caprin quasi généralisé en 2023
Le cheptel caprin français est en recul dans quasiment toutes les régions. Analyse et graphique de l’Institut de l’élevage.
Chèvrerie vue d'avion
« On veut travailler dans de bonnes conditions et que les chèvres soient bien »
L’EARL des Tilleuls a investi dans un bâtiment tout confort pour travailler dans de bonnes conditions. Salle de traite, stalle de…
Émilien Retailleau et ses chèvres poitevines
« Je vends des chevreaux élevés sous la mère »
Émilien Retailleau, éleveur d’une cinquantaine de chèvres poitevines à la ferme de la Bonnellerie dans la Vienne, commercialise…
Améliorer le bien-être des chèvres via l’aménagement des bâtiments
Un mini-guide pour enrichir l'espace de vie des chèvres
L'Anicap édite une plaquette qui montre quatre types d'aménagements à installer facilement dans une chèvrerie.
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 89€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir Chèvre
Consultez les revues Réussir Chèvre au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Réussir Chèvre