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La collecte de lait de chèvre se lève à l’Est

À Remoncourt, en Meurthe-et-Moselle, le Gaec de la Dame de Haye produit du lait de chèvre pour les yaourts Soignon. Un nouveau grand défi pour ce Gaec qui investit.

La demande en lait de chèvre, pousse les transformateurs à trouver des livreurs en dehors des bassins de production traditionnels. « Nous sommes cinq associés de tous âges et nous souhaitions intégrer un de nos apprentis au Gaec. Pour cela nous avons réfléchi à investir sur un marché porteur, témoigne Johann Vevert du Gaec de la Dame de Haye, à l’origine du projet caprin. Nous avons déjà un troupeau de 200 vaches laitières ainsi que des vaches allaitantes et un atelier de grandes cultures. » Depuis février, 530 chèvres viennent compléter la ferme.

Avant de se lancer dans l’aventure, les cinq associés sont partis trois jours pour visiter six élevages entre la Loire et l’Aveyron et se renseigner sur cette production peu connue en Meurthe-et-Moselle. « Bien que je sois à l’origine de cette idée un peu folle pour notre région, il me semblait important d’embarquer tous les associés avec moi dans cette aventure et de visiter ensemble des élevages caprins pour que nos questions viennent en même temps, raconte Johann. Il a fallu s’organiser. Imaginez-vous l’ensemble des associés dans un minibus à parcourir la France ? Heureusement nous avons pu compter sur nos deux apprentis et notre salarié pour tenir la ferme pendant ce temps-là. »

Cette ferme très diversifiée livre son lait de vaches pour l’AOP Munster. Le lait de chèvre ira à la laiterie Eurial de Château-Salins, en Moselle, à 30 km de la ferme. Le bâtiment des chèvres a été installé dans la continuité de celui des vaches allaitantes. « Cela permet de valoriser le refus des chèvres en le donnant aux vaches. Et si le marché est porteur, d’envisager un agrandissement. » Les chèvres sont installées sur un autre site que les vaches laitières. En cas de problèmes ou pour faciliter la transmission, les ateliers peuvent ainsi être divisés.

Un bâtiment lumineux récupéré d’une papeterie

Le bâtiment a été entièrement autoconstruit par les associés. Il comprend un roto de traite de 50 places, une pièce pouvant être aménagée en atelier de transformation pour produire du fromage de chèvre à la ferme en complément des livraisons, ainsi que l’espace dédié aux chèvres. Les éleveurs ont réutilisé l’ancien bâtiment d’une papeterie situé dans un village voisin, qu’ils ont démonté et réinstallé sur leur exploitation, ce qui leur a permis de limiter les coûts. C’est Hugo, leur ancien apprenti qui s’occupe principalement des chèvres : « C’est un environnement de travail très agréable. Le bâtiment est lumineux et très fonctionnel. Pour réduire le temps de travail, nous sommes équipés de deux tapis d’alimentation et de roulimètres. »

Un troupeau de 530 chèvres en production depuis février

Les chevreaux et chevrettes sont installés dès leur naissance dans une vieille grange réaménagée derrière le bâtiment des chèvres. Là aussi, tout est fait maison et bien organisé. Hugo possède un chariot pour pouvoir transporter les chevreaux sur lequel il a de quoi soigner et identifier les animaux. Les boxes sont équipés de cornadis et de l’argile bentonite est distribué pour éviter les problèmes de digestion.

Une alimentation simple et des alpines pour commencer

« Nous venons de nous lancer, nous souhaitons nous habituer aux chèvres avant de devenir plus performant sur notre ration », explique Johann. Aujourd’hui, les chèvres sont alimentées avec 1,5 kg de foin qui est complété par un concentré à base d’orge, de maïs et un correcteur azoté. Pour le moment, les chèvres ne sortent pas, mais les associés possèdent des terres réparties tout autour du bâtiment et facilement accessibles si le cahier des charges de collecte du lait venait à changer.

Pour constituer leur cheptel, le Gaec de la Dame de Haye s’est fourni auprès de Chevrette de France. « Cela nous a évité de mélanger les origines. Nous savons que toutes nos chèvres viennent de deux élevages différents, explique Johann. Cela permet de limiter les interactions sanitaires. » Ils ont choisi la race alpine car c’est une bonne laitière mais aussi car ce sont des chèvres plus facile à manipuler que les Saanen car moins lourdes.

Chiffres clés

530 chèvres alpines
200 vaches laitières
200 vaches allaitantes
5 associés, 1 salarié à temps plein, 2 à mi-temps, 2 apprentis

Mickaël Lamy, éleveur et président du métier chèvre à Agrial

« Actuellement, deux millions de litres par an transformés en yaourt »

« L’usine que nous avons à Château-Salins produit des yaourts et des produits ultrafrais commercialisés par la marque Soignon. Cette idée de transformer du lait de chèvre à cet endroit est venue du fait que nos autres sites situés dans le bassin traditionnel de production de lait de chèvres étaient saturés et que cette usine possédait déjà les outils de transformation adéquats en lait de vache. Aujourd’hui, ce sont deux millions de litres de lait qui sont transformés par an, avec de réelles perspectives d’augmentation car nous remarquons un réel intérêt des consommateurs pour les produits caprins. Nous avons une dizaine de livreurs et sommes toujours à la rechercher de nouveaux agriculteurs voulant se lancer dans la chèvre. Les éleveurs des départements de la Meuse, la Meurthe-et-Moselle et de la Moselle sont accompagnés de manière identique pour leur installation que nos éleveurs issus du bassin historique. Ils ne possèdent cependant pas le statut de coopérateur. »

Christelle Vaillant, conseillère ovins et caprins à la chambre d’agriculture de Moselle

« Il a fallu créer une filière sur le territoire »

« Avec le développement de la collecte du lait pour l’usine de Château-Salins, la Chambre d’Agriculture de Moselle a mis en place un accompagnement pour les agriculteurs caprins. Avant cela, sur le territoire nous n’avions qu’une vingtaine de petits troupeaux de chèvres destinés à la production de fromages à la ferme. Nous accompagnons les éleveurs dans le montage de leur projet et pour fournir aux banques, assez frileuses de ce qu’elles ne connaissent pas, des données technico-économique fiables. Il a fallu créer toute une filière sur le territoire, pour cela Eurial a accompagné la formation d’une technicienne en élevage caprin. Des échanges sont faits régulièrement avec des vétérinaires spécialisées dans cette production pour se tenir informé des avancés techniques. Le seul point de vigilance face à la création de cette nouvelle filière concerne la gestion des chevreaux. La problématique est complexe sur toute la France mais, en Grand-Est, il n’y a aucun engraisseur. Pour le moment, les chevreaux sont engraissés sur les fermes. Nous voulons créer des collectes collectives pour optimiser le transport vers l’abattoir. »

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