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Du rêve à l’installation en élevage caprin

Dans le Loir-et-Cher, Amandine André et Lola Jouan ont réalisé leur projet d’enfance : s’installer toutes les deux et créer leur élevage caprin.

Le 25 mars 2020, Lola Jouan et Amandine André ont vu leur rêve d’enfance se concrétiser : elles étaient officiellement à la tête de leur élevage de chèvres. À 27 et 24 ans, les deux jeunes femmes ont créé la chèvrerie du Fay à Chitenay (Loir-et-Cher) sur les terres de l’exploitation familiale. Titulaires d’un BTS Acse en apprentissage à Montoire-sur-le-Loir et d’un CS caprin à Melle (Deux-Sèvres), Amandine a ensuite travaillé chez un producteur fermier et Lola en tant que conseillère caprin. Ce parcours a permis aux deux cousines de mûrir leur projet et de prendre le meilleur de toutes leurs expériences. D’éviter des écueils aussi, avec à la clé une installation sans accrocs.

L’élevage caprin a été créé sur des surfaces appartenant à leur grand-mère, aujourd’hui exploitées en céréales et légumes par le père de Lola. « Nous avons fondé une structure juridique spécifique (EARL), acheté la surface sur laquelle la chèvrerie est construite, et exploitons 10 hectares en fermage pour la production de fourrages, exposent-elles. En complément, nous achetons 17 hectares de luzerne sur pied. L’exploitation est située en zone d’appellation Selles-sur-Cher et dans une région dynamique et touristique. L’AOP est un plus pour la commercialisation grâce à sa notoriété. Cela aussi a mis les banques en confiance, en plus de notre expérience à toutes les deux. »

Les travaux ont débuté avec le confinement lié au Covid-19, mais cela n’a pas retardé leur réalisation. « Heureusement que nous avons lancé le projet en 2020 avant la hausse des matières premières et les pénuries ! » lancent Lola et Amandine avec soulagement.

À deux, on a plus d’idées

« Nous avons débuté avec 40 chèvres, pour prendre nos marques et nous organiser. Nous avons élevé nos chevrettes pour aujourd'hui avoir un cheptel de 110 chèvres à la traite. Nous transformons presque tout le lait, hormis en pic de production, nous vendons le lait à un fromager voisin. »

Loa et Amandine avaient une idée bien précise de ce qu’elles voulaient : un couloir d’alimentation large, d’un bout à l’autre du bâtiment et une salle de traite permettant une bonne cadence notamment. « Côté pratique, nous voulions des cornadis pour la contention, un tank en hauteur pour que le lait descende en fromagerie par gravité… Éleveur est un métier physique, alors autant améliorer nos conditions de travail au quotidien. » Aujourd’hui, Lola et Amandine sont de repos un dimanche sur deux, le samedi étant jour de marché. « Il faut être au moins deux sur une exploitation, pour ne pas avoir la tête dans le guidon et pouvoir vivre à côté. On s’appuie l’une sur l’autre, que ce soit pour la charge de travail physique ou les prises de décision, à deux on a plus d’idées. »

« Nous devons aussi apprendre à bien gérer nos stocks de fromages, et les différents niveaux d’affinage. »

Autre élément qui peut être déstabilisant, la fréquentation très fluctuante du magasin à la ferme et des marchés.

Médaille d’or pour le Selles-sur-Cher

Côté financement, l’emprunt contracté pour la construction et l’aménagement du bâtiment, l’achat des chevrettes et du matériel est de 450 000 euros. Entre un PCAE, le fonds Feader, et le contrat de pays des châteaux, les aides devraient atteindre 90 000 euros, en plus de la DJA. « Nous avons fait attention au budget, la chambre d’agriculture nous conseillant la prudence », exposent-elles. Comme inscrit dans le prévisionnel, elles ont commencé les prélèvements privés en mars 2022. Salariées avant l’installation, elles ont bénéficié de l’aide à la reprise et création d’entreprise de Pôle emploi. « C’est rassurant, cela nous a permis de sécuriser notre revenu pendant deux ans. »

La localisation et l’AOP sont deux vrais points forts de leur installation, tout autant que leurs résultats techniques, tant en chèvrerie, avec 950 kg de lait produit par chèvre, à 38 de TB et 34 de TP, qu’en fromagerie. Et la qualité des fromages est au rendez-vous. Dès leur première participation au concours départemental du Selles-sur-Cher, Lola et Amandine ont remporté une médaille d’or.

65 % des ventes à la ferme

« Parmi nos futurs projets, un hangar de stockage pour le fourrage, avec panneaux photovoltaïques, l’automatisation de certaines tâches en élevage, du matériel pour fabriquer des glaces, et nous réfléchissons à investir dans un distributeur automatique. Le magasin à la ferme nous permet de vendre environ 65 % de notre production, sur quatre jours d’ouverture. Un distributeur permet d’augmenter la plage horaire de vente. »

Depuis septembre, les deux cousines accueillent une apprentie. « C’est un plaisir d’avoir une apprentie à notre tour, de transmettre notre savoir-faire. Et avec les aides de l’État en faveur de l’apprentissage, financièrement, nous avons pu faire le pas. »

L’AOP, un vrai plus !

« L’adhésion à un signe de qualité tel que l’AOP Selles-sur-Cher a apporté un vrai plus à notre installation. La présence d’une filière solide est rassurante : producteurs, affineurs, transformateurs… et cela permet une meilleure valorisation du litre de lait qu’en conventionnel. L’animateur, Benoît Foisnon, nous accompagne au quotidien. L’AOP, c’est aussi une filière solidaire et dynamique. Il y a beaucoup d’entraide entre éleveurs et nous ne sommes pas dans un esprit de concurrence. L’AOP apporte aussi des opportunités, comme prochainement, un emplacement de vente à la maison des vins de Cheverny dans le cadre d’un partenariat avec l’AOP. »

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