« Contrairement aux idées reçues, qu’ils soient issus ou non issus du milieu agricole les nouveaux installés se ressemblent beaucoup »
Les projets d’installation des non issus du milieu agricole ressemblent bien plus qu’on le croit aux projets des actifs issus du milieu, selon une étude de l’INP-AgroToulouse rendue publique le 11 juin. Explications.
Les projets d’installation des non issus du milieu agricole ressemblent bien plus qu’on le croit aux projets des actifs issus du milieu, selon une étude de l’INP-AgroToulouse rendue publique le 11 juin. Explications.

Les cinq études sur les nouveaux actifs agricoles restituées le 11 juin dans le cadre d’un appel à projets de recherche du Centre d’études prospectives du ministère de l’Agriculture battent en brèches les idées reçues sur le profil des nouveaux agriculteurs. L’étude « les installés « non issus du milieu agricole » : des producteurs comme les autres ? » menée par l’INP-AgroToulouse y contribue en remettant en cause l’idée préconçue d’une dualité entre les projets entrepreneuriaux et organisations productives des exploitants issus (Ima) et non issus du milieu agricole (Nima).
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Pour ce faire le projet dénommé AgriDinamo a essayé de caractériser le triptyque « profil, projet, organisation » des nouveaux installés à travers une analyse statistique descriptive des données du recensement agricole de 2020 en identifiant l’ensemble des installés hors carde familial (pas uniquement Nima « difficiles à quantifier »). Les chercheurs ont ensuite croisé ces informations avec une analyse qualitative réalisée à travers des entretiens conduits auprès de 66 nouveaux installés en Lozère, dans l’Hérault et dans le Gard.
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Idée reçue n°1 : Non, les Nima ne s’installent pas que sur des petites fermes
L’une des idées reçues sur les nouveaux actifs agricoles tend à les cantonner à certaines structures agricoles, peu demandeuses en ressources financières et humaines. Une idée fausse, selon l’étude des données du recensement agricole de 2020, qui montre la proportion importante d’installés hors cadre familial dans des types d’exploitations agricoles complexes sur les plans organisationnels et la structure capitalistique. Ils représentent ainsi 50% des nouveaux installés sur des entreprises agricoles diversifiées multi-certifiées et 70% des installés sur les exploitations qualifiées de « firmes » dans l’étude (capital non familial et main d’œuvre salariée).
Les chercheurs n’excluent pas qu’il y ait des personnes dont les parents sont agriculteurs parmi ces installés hors cadre familial, mais confirment bien la pluralité des profils des Nima dans l’étude qualitative menée dans le Languedoc.
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Idée reçue n°2 : Non, les Nima ne sont pas les seuls à avoir des trajectoires de reconversion
Si l’étude qualitative du projet AgriDinamo vérifie l’idée selon laquelle les agriculteurs non issus du milieu agricole (Nima) sont plus fréquemment que les autres des femmes, sans accès familial à la terre, entrées dans de petites structures en individuel (élevage et maraîchage), elle montre que les nouveaux installés ont fréquemment des trajectoires de reconversion professionnelle et ont connu des périodes de salariat agricole antérieures à l’installation qu’ils soient issus ou non du milieu agricole.
L’étude montre aussi que les agriculteurs issus du milieu agricole peuvent avoir des trajectoires sinueuses avant de s’installer. Au total, ce ne sont pas moins de 80% des installés récents enquêtés qui sont des reconvertis en agriculture (86% des Nima et 69% des Ima).
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Idée reçue n°3 : Oui, les créations de petites structures en maraîchage proviennent bien des Nima
L’étude des nouveaux installés en Languedoc confirme que la filiation ne détermine pas le type de projet d’entreprise agricole, des Nima se retrouvant installés sur des structures conséquentes avec « un projet entrepreneurial peu différent de ceux classiquement portés par les autres », peut-on lire dans la synthèse de l’étude. A l’inverse on peut aussi trouver des installés issus du milieu agricole qui transforment radicalement la ferme familiale ou créent des micro-exploitations.
« La seule exception concerne les créations de petites structures en maraîchage diversifié et en plantes à parfum, aromatiques et médicinales, qui semblent relever spécifiquement de Nima n’ayant pas tissé de liens antérieurs avec le monde agricole », soulignent les auteurs de l’étude.
« Il est difficile de distinguer les Nima des Ima. Les nouvaux installés se ressemblent beaucoup », conclut Geneviève Nguyen, coauteur de l'étude lors de sa présentation le 10 juin à Paris.
Comparaison des Nima/Ima enquêtés en 2024 dans le Langueoc

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