Allier autonomie alimentaire et productivité en élevage caprin
L’organisme de conseil élevage Adice a organisé le 23 juin dernier une journée portes ouvertes au sein de l’EARL Les Pampilles, à Alixan dans la Drôme. L’occasion de revenir sur les itinéraires techniques mis en place dans cette exploitation caprine 100 % autonome.
Ardèche, Drôme & Isère Conseil Élevage (autrement dit Adice) est engagé dans le programme national Cap’Protéines. C’est dans ce contexte que l’organisme a invité les éleveurs caprins de la région à venir découvrir l’exploitation Les Pampilles, implantée dans la Drôme. Une cinquantaine d’éleveurs et partenaires ont répondu présents.
« Nous suivons dans le cadre de ce programme quatre élevages. C’est le seul à être 100 % autonome en fourrages ainsi qu’en concentrés. Cet élevage nous a donc paru intéressant. Avec Cap’Protéines, l’idée est de développer des systèmes plus autonomes en protéines et résilients. Là, on est en plein dedans », a résumé Jean-Philippe Goron, conseiller élevage et entreprise, responsable équipe caprine chez Adice.
Climat sec et venté
Située en plaine, entre Valence et Romans-sur-Isère, l’EARL des Pampilles possède 125 chèvres. Le lait produit (950 l/chèvre) est transformé à la ferme (trois quarts des volumes), et le reste est commercialisé auprès d’une coopérative. L’exploitation s’appuie également sur 40 hectares de terres : 20 hectares sont tournés vers la production de maïs, orge et blé, 14 hectares sont dédiés à la luzerne et au foin. « L’orge, le maïs et la luzerne servent à l’alimentation des chèvres. Le surplus est vendu. Le blé est vendu en totalité », précise Lionel Mossière, gérant de l’EARL. L’exploitation fait, aussi, la part belle au pâturage tournant : les animaux peuvent ainsi profiter d’une prairie multiespèce d’une surface de six hectares. Le mélange choisi est de type suisse et les variétés résistent au sec. La majeure partie de ces terres sont irrigables.
À vrai dire, lorsque les Mossière ont racheté cette exploitation en 2007, leur objectif était d’être autonomes en termes d’alimentation. Et la qualité est au rendez-vous, comme ne manque pas de le rappeler Jean-Philippe Goron : « Cet éleveur produit du foin de très bonne qualité, sans matériel spécifique mais en profitant d’un climat sec et venté et en n’hésitant pas à faire des coupes très précoces ».
Un foin de luzerne de qualité séché au sol
Pour y parvenir, l’éleveur ne laisse rien au hasard. « Si je fauche la luzerne le lundi. Généralement, je ne touche pas la parcelle le mardi. Je retourne simplement les andains le mercredi matin. Ça, on va le faire lorsque la rosée commence à partir. S’il y a trop de rosée, on attend. Il faut jongler pour qu’il y ait juste ce qu’il faut de rosée. Il ne faut pas que ça enferme l’humidité dans l’andain. On fait cela jusqu’à ce que le foin soit sec. Pour savoir s’il est sec, le soir – vers 18 h 30-19 heures -, je fais le tour de mes parcelles et je vais casser la tige de la luzerne pour voir si elle se brise. Si, autour de mon doigt, elle s’entortille comme un fil, ce n’est pas sec. Si elle se brise, c’est sec. Lorsque c’est sec, le lendemain au soir, je vais presser à la tombée de la rosée. Je fais cela entre 21 heures et 3, 4, 5 heures du matin. »
En hiver, les chèvres sont nourries avec du foin de luzerne à volonté, ainsi que du maïs grain-orge (400 g). « On ne donne rien d’autre. » Des rations qui sont aujourd’hui données par un robot d’alimentation. De quoi gagner du temps et un gain de pénibilité. Mais pas seulement. « On a aussi gagné un peu en taux et en production laitière », précise l’éleveur.
« Les deux points forts de cette exploitation, ce sont véritablement le pâturage tournant et la récolte du foin », note Jean-Philippe Goron. Avant de conclure. « Cet exemple permet de montrer que l’on peut faire de l’autonomie alimentaire et de la productivité. Techniquement et économiquement, c’est une exploitation qui tourne. »