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Chez Jean-Pierre et Nicolas Garcia, priorité aux broutards vaccinés chez le naisseur

Dans l’atelier de Jean-Pierre et Nicolas Garcia aux portes de Châteauroux, une partie des broutards sont vaccinés en amont chez le naisseur. Ce travail est planifié avec la Celmar auprès de laquelle les taurillons finis sont contractualisés.

Il existe des céréaliers qui croient dans l’élevage bovin et dans l’engraissement. Jean-Pierre Garcia et son fils Nicolas en font partie. Leur ferme se situe en périphérie de Chateauroux, dans l’Indre. Initialement céréalière, elle intègre depuis 2004 un atelier d’engraissement, lequel a progressivement pris de l’importance. Il totalisait 500 places cette année et passera à 650 cet hiver. Avec 2 JB par place et par an, l’objectif est de sortir 1 300 taurillons limousins par an dès 2020 dans le cadre d’un contrat établi à l’année avec la Celmar. Les animaux sont finis en ration sèche. « On vend des JB chaque semaine et on achète des broutards chaque semaine », précise Jean-Pierre Garcia.

Quatre-vingt-dix pour cent de la mortalité sont d’origine respiratoire, 5 % font suite à des entérotoxémies et autant à des accidents. « Dans 80 % des cas, cette mortalité a lieu dans les quatre semaines qui suivent l’arrivée des animaux », précise Nicolas Garcia. Les broutards les plus lourds tendent à être les moins fragiles et le facteur « stress » est d’autant plus redouté que le lot est composé d’animaux provenant de plusieurs exploitations. Ce mélange de microbisme est d’autant plus pénalisant lors de journées à fortes amplitudes thermiques entre le jour et la nuit.

Antibiotique au cas par cas

Jusqu’en 2017, un traitement antibiotique était administré à tous les animaux dès leur arrivée simultanément à leur vaccination et déparasitage. En juin 2017, un test sur un premier lot de broutards vaccinés chez le naisseur a été réalisé en choisissant pour ce même lot de faire une injection d’antibiotique uniquement au cas par cas si nécessaire.

Comme le résultat s’est avéré concluant, ce protocole a été testé puis à nouveau validé sur un second lot. Depuis, les administrations systématiques d’antibiotique à l’arrivée ont cessé. « Désormais, on ne fait plus que du cas par cas. De 100 % des veaux traités, on est descendu à guère plus de 20 %. » La volonté est désormais de développer les achats de broutards préalablement vaccinés chez leur naisseur. Cela concerne les lots achetés de novembre à janvier, période définie d’un commun accord avec les techniciens de Celmar comme la plus « à risques ».

Un peu d’anticipation

Disposer de broutards vaccinés au bon moment et dans les bons délais doit forcément être anticipé bien en amont pour trouver le nombre de veaux correspondant au calendrier d’approvisionnement de l’engraisseur. Ces animaux proviennent d’adhérents naisseurs de Celmar qui croient en cette démarche et acceptent de planifier ce travail bien avant la vente de leur lot. La primo vaccination chez le naisseur est réalisée la plupart du temps sur des broutards non sevrés. Il en est souvent de même pour le rappel. Dans les faits, ce dernier est parfois réalisé au centre d’allotement. Le naisseur bénéficie en contrepartie d’un supplément de 30 euros par tête destiné à indemniser le supplément de travail occasionné pour rentrer les broutards ou les faire passer dans un couloir. Ces 30 euros proviennent pour un tiers de l’engraisseur, pour un second tiers de Celmar et pour le troisième de l’abattoir de Montmorillon, dans la Vienne, filiale de Celmar. Les doses sont fournies par l’OP.

« Pour nous, disposer de lots de 20 à 25 veaux vaccinés dans les bons délais et provenant tous du même élevage, c’est l’idéal même si cela oblige à faire des concessions sur l’homogénéité de poids et de conformation », précise Jean-Pierre Garcia. La fourchette peut aller de 320 à 420 kilos alors que dans l’idéal le poids moyen recherché est de 350 dans une fourchette maximum et minimum n’excédant pas 20 kilos. Mais l’avantage sanitaire est évident. En plus d’être vaccinés ce sont des broutards nettement moins stressés dans la mesure où le lot n’a pas eu à être recomposé.

Qu’ils aient été ou non vaccinés chez le naisseur, quand les broutards arrivent, ils sont placés dans une case de quarantaine abondamment paillée et bien ventilée où la transition alimentaire se déroule progressivement sur un mois. « On n’a pas de pailleuse et on utilise de la paille d’orge pour la litière et de la paille de blé pour le râtelier de paille alimentaire. Si besoin on les réallote mais dans le mois qui suit leur arrivée. » Le GMQ moyen calculé pour l’ensemble des animaux engraissés sur une année a été de 1,648 kg par jour l’an dernier ; 1,692 en 2017. "Cette année on sera plus près de 1,620. »

Impossible pour autant de mettre en avant de meilleures performances côté croissance sur les broutards vaccinés chez les naisseurs. « Pour faire une comparaison en bonne et due forme, il faudrait rentrer le même jour et dans les mêmes conditions des lots prévaccinés et des lots qui ne l’ont pas été, avec des veaux provenant du même élevage, sinon cela induit de nombreux biais », précise Jean-Pierre Garcia.

« Tout le principe de cette vaccination chez le naisseur repose sur la confiance réciproque entre les trois acteurs. C’est un contrat tripartite, souligne Michel Ringuet, responsable de la production bovine de cette OP. L’important est aussi d’avoir des naisseurs qui disposent d’installations de contention dignes de ce nom pour que la vaccination des veaux et en particulier la première injection puisse avoir lieu dans de bonnes conditions. »

Chez Adam Greenhalgh à Gouzon dans la Creuse, les mises à la reproduction sont strictement définies.

100 % de vaccinés pour le lot vendu à l’automne

« Les taureaux restent six semaines dans les lots, pas davantage », précise Adam Greenhalgh qui ne veut pas entendre parler de mises bas étalées. Les 100 vêlages annuels ont été répartis cette année entre 40 mises bas en septembre-octobre et les autres sur mars-avril. « Comme cela, l’écart d’âge n’est pas trop important au sein d’un même lot. Cela facilite la conduite et tous les mâles peuvent être vendus en même temps. » La plupart des broutards sont destinés à l’atelier de Jean-Pierre et Nicolas Garcia. « Je préfère aussi que mes animaux partent dans un atelier situé à proximité et non en Italie. C’est moins stressant pour eux », précise le jeune éleveur.

Le petit « plus » vient du lot vendu en fin d’automne issu des vêlages de fin d’hiver dans la mesure où ces 20 à 30 broutards sont, au préalable, vaccinés chez leur naisseur. « Sur la ferme on a un bon parc de contention. Il nous facilite le travail. De toute façon, je vaccine aussi toutes mes femelles. Je passe prendre les doses à la Souterraine au siège de Celmar. Trois semaines après la primo vaccination on fait le rappel et ces veaux sont classiquement vendus dans la première quinzaine de novembre. » Ils sont sevrés le jour où ils quittent l’exploitation. « Oui c’est un phénomène de stress supplémentaire mais on ne peut pas en plus demander au naisseur de les rentrer et les sevrer un mois avant leur départ. Tout le risque serait alors pour lui. Là ils profitent jusqu’au moment où ils rentrent dans le camion ! », souligne Michel Ringuet, responsable de la production bovine de l’OP.

F. A.

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