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Chez Francis Chopinaud dans la Creuse
'L'exploitation' Travailler seul et améliorer la génétique

Francis Chopinaud, éleveur au Chaulsein en Creuse, est le chef d’orchestre d’une exploitation où tout a été pensé pour pouvoir travailler seul. Il a aussi choisi, il y a dix ans, d’améliorer la génétique de son troupeau et de s’orienter vers la vente de reproducteurs. Un choix payant aujourd’hui.

Francis Chopinaud a fait le choix de redoubler d’efforts pour améliorer la génétique de son cheptel à compter de 2009, « sur les conseils d’un technicien de la chambre et d’une personne du herd-book charolais », explique-t-il. Aujourd’hui, seul sur une exploitation de 110 ha avec 75 mères charolaises, il a repris à son compte la ferme de ses parents en 2005, après s’être installé avec eux, en Gaec, en 1992. À l’époque, il avait développé un atelier de volailles, dont le bâtiment a depuis été transformé en stabulation pour ses bovins. « Des Charolaises ! Il y en a toujours eu sur l’exploitation », observe-t-il. À la "frontière" de l’Indre et de la Creuse, au Chaulsein (23), ses vaches blanches tranchent parmi les Limousines si proches dans les pâtures qui cernent l’exploitation. Francis sélectionne 8 à 10 broutards par an qu’il emmènera un peu avant l’âge de deux ans afin de les vendre comme taureaux reproducteurs. « Je fais le tri avec le temps et ceux que je ne garde pas partent en taurillons », souligne-t-il. Des acheteurs polonais sont même venus une fois sur son exploitation. Il vend ses animaux par le biais de la coopérative Creuse Corrèze Berry élevage (CCBE) et participe à deux foires concours par an, dont celle de Boussac. « Le meilleur prix obtenu a été de 2 700 euros pour un taureau et le plus bas autour de 2 100 euros », se souvient-il, mais pour l’heure, aucun de ses animaux n’est parti à l’étranger. Toutes les génisses sont inséminées et 60 à 65 % des vaches le sont également. Il utilise les semences de Losc, Jogging, Flipper, Gaston, Celsius, Joliemome… et s’est lancé dans la génétique sans cornes « pour essayer et voir ce que cela donne ».

Régulièrement des jumeaux

Les résultats techniques sont bons avec 106 bovins produits pour 100 mères. « J’ai beaucoup de jumeaux », explique-t-il avec le sourire. Cette année, « neuf paires de jumeaux sont nées sur l’exploitation, et même des triplés ». Ils sont tous vivants et le fait d’être issus de naissances multiples ne les empêche pas de prendre du poids. La difficulté est davantage de les faire adopter par d’autres mères. Francis Chopinaud vaccine systématiquement contre la grippe, l’entérotoxémie, et la diarrhée des veaux. Il traite contre la douve et les strongles. Il ne détecte pas particulièrement de problème sanitaire sur le cheptel de fait. De même, les césariennes restent exceptionnelles. « Les vaches vêlent du 15 août au 15 octobre, mais surtout en septembre. Je sais ainsi que durant ce mois, je dois être particulièrement présent mais cela facilite l’organisation de mon travail sur l’exploitation », observe-t-il. Une caméra dans le bâtiment facilite la surveillance. Avant le vêlage, les vaches restent sur une parcelle jouxtant le bâtiment le plus proche de la maison d’habitation. Pour gérer ces vêlages, il insémine du 15 novembre au 15 janvier. « Si les vaches sont vides, je les engraisse et elles partent à l’abattoir directement. Les sentiments, cela ne rapporte pas grand-chose ! », s’exclame-t-il. Il fait également appel aux services de deux taureaux : Loup-Garou 3 ans (père : Équateur) et Molière 4 ans (père : Jules César). Ils sont en copropriété avec son voisin qui lui fait vêler de janvier à mars.

Un travail sur la génétique du troupeau

Les vaches sont réformées en moyenne vers douze ans et affichent un intervalle vêlage-vêlage (IVV) de 372 jours en 2018. Le taux de renouvellement est un peu supérieur à la moyenne, selon Francis Chopinaud, qui volontairement garde environ 25 laitonnes par an. « En effet, tout mon cheptel n’est pas encore inscrit », affirme-t-il. Le reste des broutards est vendu en cours d’été à CCBE pour un poids moyen de 420 kg vif à 2,82€/kg en 2018. Les vaches de réforme pèsent de 480 à 610 kg de carcasse avec des tarifs qui ont oscillé entre 3,50 et 4€/kg du kilo carcasse l’an dernier pour des animaux eux aussi commercialisés par CCBE. Les taurillons partent autour de 530 à 600 kg c pour 3,70 €/kg c et les génisses de viande (480 à 600 kg c) sont vendues autour de 4 à 4,65€/kg c, toujours pour 2018. Le fonctionnement de l’exploitation a été pensé pour pouvoir travailler seul. Le parcellaire est groupé autour des deux bâtiments d’élevage, avec des parcelles volontairement de taille modeste, séparées par des haies (3 semaines d’entretien par an). Francis reconnaît avoir cinq tracteurs, de 30 à 120 chevaux. « Cela m’évite de dételer et je peux rapidement passer d’une activité à une autre. Trois d’entre eux sont anciens donc largement amortis, mais si je devais les perdre, je chercherais à conserver le même fonctionnement et donc à retrouver des tracteurs similaires ! »

Une autonomie alimentaire fragilisée par le climat

Au niveau de la gestion des prairies, 85 ha sont en prairies permanentes, avec des dates de mise à l’herbe en fonction des pesées. « Je ne sors pas mes animaux avant la première semaine d’avril, soit après la deuxième pesée. La première a lieu en janvier et la troisième en juin », explique-t-il. Question réchauffement climatique et mise à l’herbe précoce, il reconnaît que cela n’est pas envisageable avec cette organisation, mais « il n’y a pas beaucoup d’herbe ici à cette période ! ». Côté alimentation du cheptel, il effectue sur les parcelles labourables une rotation, tous les trois ans, avec une dizaine d’hectares en luzerne et dactyle (enrubannage - 6-7 t/ha) et du triticale (50 qx/ha) entièrement autoconsommé sur l’exploitation. Cette année, il a dû acheter 30 tonnes de foin et 60 tonnes de paille. « Il me reste assez de stock pour finir le printemps, mais pas davantage." Le fumier est épandu sur les parcelles destinées aux céréales (15 tonnes/ha) et sur certaines parcelles en herbe. Il en amende d’autres avec de la chaux et un engrais complet. Pour les parcelles de luzerne/dactyle, il épand une année du phosphore (30 unités/ha) et de la potasse (50 unités/ha). La deuxième année, c’est la chaux qui prend le relais. Le fumier a été analysé il y a 3-4 ans et les fourrages le sont chaque année. Les rations hivernales sont établies à partir des céréales et fourrages produits sur l’exploitation et additionnées de compléments minéraux. Chaque lot a une ration bien spécifique et seuls les jeunes reproducteurs et les génisses de l’année ont du foin à volonté. Pour l’heure, Francis Chopinaud, 49 ans, ne pense pas à la relève. « Je ne me pose pas encore la question », fait-il remarquer, davantage préoccupé par l’amélioration perpétuelle de la génétique de son cheptel.

 

Le choix de l’entraide et de la Cuma

Francis Chopinaud a fait le choix d’acheter du matériel en commun avec quatre amis d’enfance, installés à proximité de chez lui. Ainsi enrubanneuse, épandeur à fumier, moissonneuse-batteuse, herse de prairie, combiné de semis et pulvérisateur sont répartis entre l’exploitation de Francis et celle de deux autres Gaec. « Tout est oral. Il n’y a pas d’écrit », observe Francis Chopinaud. Pour autant, il fait aussi partie d’une Cuma et ne possède en son nom propre que ses cinq tracteurs et le matériel de fenaison « car nous en avons tous besoin en même temps », conclut-il.

 

Nicolas Dupeux, technicien bovins croissance à la chambre d’agriculture de Creuse

"Forte productivité et bon taux de renouvellement"

« La particularité de l’exploitation de Francis Chopinaud est que tout y est bien cadré, notamment parce qu’il doit tout gérer seul. Son calendrier de travail est bien établi avec des vêlages groupés sur un faible nombre de jours, ce qui lui permet d’avoir une bonne prolificité du cheptel. D’ailleurs, depuis trois ans, le nombre de veaux produits par vache est de 1,06 notamment grâce aux jumeaux. C’est un très bon chiffre. À 210 jours, les mâles pèsent 357 kg et les femelles 307 kg. Son taux de renouvellement est important du fait de sa volonté d’accélérer l’amélioration génétique du cheptel et avoisine les 30 %. Actuellement, 30 % de ses vaches de réforme sont labellisées. La possibilité de les faire entrer dans ce créneau est facilitée par ce fort taux de renouvellement avec une forte proportion de femelles réformées quand elles sont encore jeunes. Avant la mise au taureau, à deux ans, les génisses pèsent autour de 640 kg. Côté alimentation, il réserve des parcelles uniquement à la fauche. Une manière pour lui de profiter de l’herbe autrement que par une mise à l’herbe précoce car une vingtaine de mâles sont vendus avant la mise à l’herbe et ne retournent pas avec leur mère au pâturage. »

En chiffres

1 ETP

75 vaches charolaises en vêlage d’automne

10 ovins (6 brebis, 1 bélier, 3 antenaises)

110 ha dont 85 ha de prairies permanentes, 10 ha de luzerne/dactyle et 15 ha de triticale

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