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Une culture à la carte avec les orges hybrides

Récolter un fourrage puis du grain et de la paille sur une seule saison est possible avec certaines orges hybrides d’hiver. Cette culture offre ainsi une option intéressante pour faire face à une pénurie de fourrage au printemps.

Certaines variétés d’orges hybrides ont une capacité remarquable de seconde pousse de plantes fertiles après une fauche de printemps. C’est ce qui a amené Syngenta à tester pour cette culture un itinéraire technique innovant, qui est maintenant maîtrisé et proposé aux éleveurs de bovins.

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« En cas de pénurie de fourrage en sortie d’hiver, l’orge hybride peut être fauchée entre le stade un nœud et le stade trois nœuds, explique Florence Michaux, ingénieure chez Syngenta. Le fourrage obtenu en enrubannage est de très bonne valeur alimentaire, apportant de 0,8 à 1 UFL et de 95 à 120 g PDI, et très très appétent. » Après redémarrage de la végétation, la récolte en grain et paille intervient ensuite avec un léger retard d’à peu près une dizaine de jours comparativement aux dates habituelles et Syngenta avance que l’on peut compter sur un rendement représentant 60 à 75 % d’une récolte « normale ». Le résultat dépend de la météo après la fauche. Le fait d’avoir de la pluie est évidemment favorable ainsi que le fait d’avoir cette culture implantée sur des parcelles à bon potentiel.

Un fourrage très appétent et de très bonne valeur alimentaire

Certaines années, la météo et/ou la portance du sol ne permettent pas de passer la faucheuse et l’enrubanneuse ou l’ensileuse dans la parcelle d’orge au bon stade. L’objectif reste en effet de limiter le plus possible le tassement du sol pour ne pas impacter le système racinaire de l’orge. « On peut aussi choisir de ne pas la faucher au printemps et de donner priorité au rendement en grain et paille si on a assez de stocks fourragers, ou si le prix des céréales y incite », explique Florence Michaux.

Un compromis entre rendement et qualité alimentaire au stade deux nœuds

Le rendement de la fauche de printemps peut varier de 1 à 4 tonnes MS/ha. On peut viser une récolte en fourrage au stade un nœud, avec à la clé un aliment de très haute valeur alimentaire en énergie et protéines et un rendement en MS plus faible. L’impact sur le rendement en grain et paille est dans ce cas modéré (de l’ordre de 15 %). Ou bien viser une récolte au stade trois nœuds, et obtenir alors un tonnage en MS plus élevé avec toujours une bonne valeur alimentaire. Dans ce cas, l’impact sur la repousse sera important (jusqu’à 40 % de grain et paille en moins). Le compromis se situe autour du stade deux nœuds.

Lire aussi : « J’ai choisi de ne récolter l’orge hybride qu’en grain et paille »

Pour des fourrages exempts de résidus, les éleveurs ne réalisent aucun traitement phytosanitaire sur l’orge à partir du 1er janvier. Le fourrage est fauché, préfané souvent une journée, puis andainé et enrubanné. Certains, qui disposent de sols très portants, ensilent. La fauche se fait à environ 8 cm de hauteur, et 50 à 60 unités d’azote sont ensuite apportées pour relancer la pousse. L’idéal est qu’il pleuve à ce moment, et les éleveurs qui peuvent irriguer apportent un tour d’eau à ce stade. En cas de présence de maladies ou d’adventices, il est possible d’intervenir sur cette fin de cycle.

Gaec Croiseau : « L’orge hybride nous a bien rendu service au printemps »

Dans le perche vendômois, Alexia et Kevin Croiseau ont essayé cette année la culture d’orge fourragère hybride. Ils n’ont pas pu la récolter comme prévu mais l’ont enrubannée plus tard, en céréale immature. Ils vont probablement en ressemer l’an prochain.

Au Gaec Croiseau, à Savigny-sur-Braye dans le Loir-et-Cher, le maïs fourrage donne de bien mauvais rendements depuis deux ans. « Nous ne pouvons pas irriguer. Nous diversifions nos fourrages avec du méteil (triticale pois vesce) et du sorgho ensilage mono-coupe, présentent Alexia et Kévin Croiseau, jeunes installés en production de lait. L’orge hybride fourragère est une piste de plus, et elle est intéressante à notre avis. Un essai nous a été proposé cette année, et il est probable que l’on en refasse l’année prochaine. »

 

 

L’année 2021 aura bien mis en évidence le fait que cette culture peut se piloter à la carte en cours de saison, en fonction des besoins pour l’alimentation du troupeau et des conditions.

Sur quatre hectares, dans des sols limono-argileux, l’orge a été semée le 7 octobre à 150 grains par mètre carré. « J’ai apporté 120 unités d’azote en deux fois, mi-février et mi-mars. La culture ne reçoit aucun traitement. » La terre avait été travaillée mais beaucoup de repousses de blé se sont montrées… « Au stade de fauche visé, entre deux et trois nœuds, l’orge n’était pas assez développée pour être enrubannée, raconte Kévin Croiseau. L’idée a alors été de la laisser pousser, et de l’enrubanner plus tard au stade laiteux en tant que céréale immature. »

Les aléas de la météo 2021 ont fait changer les plans

Mais la récolte a dû être avancée d’une dizaine de jours par rapport à cet objectif, car de très mauvaises conditions climatiques s’annonçaient pour ce créneau. Le jour de la fauche, le 20 mai, les épis étaient largement sortis, mais les grains n’étaient pas encore en train de se remplir. L’orge mesurait par contre déjà près d’un mètre cinquante de haut.

« On a dû faucher sous la pluie. Je n’ai pas andainé car il y avait trop de volume. Le préfanage a duré deux petits jours et je pense qu’il manque une journée de séchage », explique Kevin Croiseau. Vu le volume, le chantier d’enrubannage a été lent. « J’ai récolté 120 bottes d’enrubannage de 670 kilos sur 4 hectares, soit 20 tonnes brutes par hectare. L’enrubannage a été fait à 51 % de MS. »

L’analyse montre que ce fourrage apporte 0,85 UF Lait et 7 % de MAT. Il colle bien pour confectionner une ration pour les génisses laitières qui se compose de 10 kilos d’enrubannage d’orge, 6 kilos d’enrubannage de ray-grass et 1 kilo de correcteur (objectif de croissance 650 g/jour).

Un bon fourrage pour des bovins à besoins modérés

S’il avait été enrubanné entre deux et trois nœuds comme prévu, ce fourrage aurait pu entrer dans la ration des vaches laitières en complément de maïs et sorgho, comme un méteil.

« On tablait aussi sur 40 à 50 quintaux de grain à récolter fin juillet en comptant sur une pluie après la fauche d’avril. Mais sans ce fourrage, on aurait vraiment été à cours de stocks au printemps. Pour nous, cet essai est concluant », analyse Alexia Croiseau. Derrière l’orge immature, les éleveurs ont semé un sorgho ensilage mono-coupe. « C’est l’avantage de cette culture : en avril, plusieurs options sont possibles », explique aussi Denis Bouclet, d’Axéréal.

Chiffres clé

137 ha de SAU

80 vaches laitières

2,5 unités de main-d’œuvre

 

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