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Un troupeau bigarré

Au Gaec des Coutellières, animaux culards et croisés répondent parfaitement au créneau de marché de l’exploitation : des animaux de formes de qualité.

Sur les 110 mères de l’élevage, 30 sont des croisées, les autres sont Charolaises. La conduite en croisement a été adoptée depuis de nombreuses années. Les races utilisées sur les mères Charolaises et croisées sont nombreuses. « J’ai recours à des taureaux Inra 95, Pie Rouge améliorée (race à viande des Pays-Bas), Parthenais, Rouge des Prés, Normand et Piémontais si je peux en trouver. Je n’utilise pas de Blanc Bleu ou de Blond d’Aquitaine car la couleur de la viande ne correspond pas à ce que recherchent nos clients dans la région », observe Mickaël Chauveau, l’un des trois associés du Gaec, situé au Bigon-du-Maine en Mayenne. L’autre particularité de l’élevage réside dans l’emploi de taureaux culards, conduite valable pour 90 % des animaux du troupeau et ce, depuis maintenant trois générations.

La finesse d’os, critère essentiel

Les femelles vêlent entre 28 et 30 mois. Toutes les génisses sont inséminées. Les mises bas sont réparties sur l’année. Un seul taureau charolais est présent sur l’exploitation. L’hiver, toutes les bêtes sont inséminées par Mickaël Chauveau. A la quatrième IA, une paillette d’une autre race que la mère est systématiquement préférée. « On porte un grand soin au choix des taureaux. On passe beaucoup de temps sur les sites pour les sélectionner. On recherche avant tout de la finesse d’os pour coller aux souhaits de nos clients. Les taureaux culards nous offrent une valorisation optimale (animaux éclatés). La première année, on se procure cinq à six doses de semences d’un taureau. Si sa descendance nous plaît, on peut commander jusqu’à quarante paillettes l’année suivante. L’avantage, c’est que les paillettes se conservent. En Charolais, on utilise des taureaux qui ont 25-30 ans. On a donc du recul. Pour les autres races, on se base davantage sur les photos des animaux que sur les critères donnés. Les taureaux choisis sont le plus souvent sélectionnés pour du croisement en laitier, les valeurs ne correspondent pas forcément à nos troupeaux allaitants », précise l’éleveur. En croisement trois voies, les éleveurs utilisent par exemple un taureau Parthenais sur une vache Charolaise. La descendance sera ensuite croisée avec un mâle Pie Rouge et la génération F2 avec un animal de la souche Inra 95.

Toutes les femelles sont mises à la reproduction. La sélection s’effectue après le premier vêlage. Manque de lait et docilité sont les principaux critères de réforme. En moyenne, les vaches font deux à trois vêlages.

Chaque date d’insémination est scrupuleusement notée et l’éleveur réalise lui-même le suivi échographique de son troupeau. La conduite en culard impliquant un plus grand nombre de césariennes (70 par an environ), le suivi au vêlage est méticuleux. « On dispose d’une bonne cage de césarienne et du matériel nécessaire à cette intervention. Le vétérinaire n’utilise jamais ses instruments pour éviter toute contamination. On a par ailleurs investi dans un détecteur de vêlages. Quand on se lève la nuit pour une césarienne, tout est fini en deux heures. »

Une attention particulière au moment du vêlage

« On ne recherche pas de gros veaux (50 kilos en moyenne). Notre premier critère c’est la vitalité. Avantage de l’effet d’hétérosis avec le croisement. On passe du temps à la naissance mais ensuite la conduite reste classique et ne prend pas plus de temps que pour un autre élevage », souligne Mickaël Chauveau.

La prévention sur les jeunes veaux est importante. À la naissance, les vaches sont traites, le colostrum est enrichi avec un immuno-sérocolostrum et distribué au biberon. Dans de rares cas, les veaux sont sondés. Ils sont par ailleurs vaccinés contre l’enterotoxémie et la grippe. L’objectif de l’élevage est de ne pas dépasser un taux de mortalité sur l’ensemble du troupeau de 10 %. But atteint avec 10 % en 2016 et 6 % en 2017.

Les veaux, mâles et femelles sont complémentés toute l’année, hors bien sûr à la belle saison. Ils disposent de foin et d’un complément à base de luzerne et betteraves déshydratées, de maïs grains et de lin extrudé. « Nous sommes affiliés à la démarche Bleu Blanc Cœur. Le sevrage intervient aux alentours de six-sept mois, soit 300 kilos. »

Tous les bons mâles sont castrés pour être vendus à 36 mois environ. Les autres sont commercialisés dans le circuit classique en taurillons (environ 30 par an. Ils partent dès 670 kilos vifs, à l’âge de 14 mois pour une moyenne de 430 kg carcasse. La castration des veaux intervient après sevrage. « Les aplombs et la conformation (au moins du U +) sont nos principaux critères de sélection pour faire des bœufs que l’on veut fins d’os. »

Des conformations U + à E

L’engraissement des femelles dure de trois semaines à cinq mois. Les vaches sont en état sur l’année. Elles sont complémentées à l’herbe à la belle saison. L’hiver, elles disposent d’une ration à base d’enrubannage d’herbe avec un complément composé de lin extrudé, de luzerne et de betteraves déshydratées, d’avoine et d’orge. Le mélange des matières premières s’effectue à la ferme avec l’orge autoproduite. Les bœufs bénéficient de la même ration, mais la finition est plus longue, six à sept mois pour un abattage à 36 mois. « On ne recherche pas des poids carcasses extraordinaires. Les bœufs avoisinent généralement les 640 kilos carcasse, les femelles 570 à 580 kg pour des conformations allant de U + à E. Pour qu’un animal soit bien fini, il faut quatre à cinq ans voire deux de plus avec la reproduction. »

En moyenne, l’élevage commercialise 95 bêtes par an. L’objectif est de monter à deux bêtes par semaine. « On a commencé à produire des bœufs, il y a cinq ans. Nos clients, grandes surfaces et un peu les concours de boucherie apprécient nos animaux croisés culards pour la finesse exceptionnelle de leur gain de viande, la couleur est idéale et le gras parfait. La viande de nos animaux est facile à travailler, tendre et persillée selon le dire des bouchers. Les carcasses tombent très bien au crochet. Les animaux jaunes ou rouges qui se font rares de nos jours partent très bien dans la région. »

Un acheteur passe une fois par trimestre et répartit la viande sur trois grandes surfaces. « On participe par ailleurs aux deux concours d’Evron, le festival de la viande d’Evron en septembre et le concours de Noël. En septembre, on a amené neuf bêtes, toutes commercialisées. À Noël, on compte en mettre quatre en vente. Cette année, on a obtenu le premier prix de vente naisseur et le prix de championnat en vaches charolaises. Ce système nous permet de vivre à trois. Les clés de la réussite sont la sélection, l’alimentation, la patience et la passion. »

Chiffres clés

3 UTH
110 ha dont 93 d’herbe, 10 d’orge et 7 de maïs
110 mères dont 80 charolaises et le reste en croisées

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