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Jacques Agabriel, Inra
« Un outil d’aide à la réflexion pour les décideurs »

L’Inra a été chargé de réaliser une étude prospective pour les filières « viande de ruminant » du Massif central à l’horizon 2050. Cinq scénarios sont envisagés.

Pourquoi ce travail ?

Jacques Agabriel - Ce projet a été mené à l’initiative du Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET). 15% du cheptel bovin allaitant européen est élevé dans le Massif central défini en tant qu’entité géographique. Dans les années à venir, ces filières seront amenées à évoluer sous l’effet des changements économiques (marché, PAC, règlements), environnementaux (climat), et des nouvelles attentes sociétales. L’enjeu est de fournir aux décideurs et aux acteurs économiques de ce grand bassin d’élevage un outil d’aide à la réflexion pour aider les prises de décision.

Notre groupe de travail repose sur trois ingénieurs de l’Inra, appuyés par un consultant spécialisé en études prospectives (AScA), auxquels ont été associés une vingtaine d’experts, travaillant à l’amont et à l’aval de ces filières. L’Inra apporte d’abord ses connaissances techniques et sa rigueur scientifique pour mener à bien ce travail d’expertise.

Comment avez-vous procédé ?

J. A. - Nos travaux ont démarré il y a dix-huit mois. Nous avons d’abord réalisé une analyse rétrospective de ce qui s’est passé entre 1950 et 2010, en analysant les facteurs qui ont fait évoluer la dynamique de l’élevage de cette grande région, et notamment les tendances lourdes et les points de rupture. Puis nous avons construit les « décors » dans lesquels ont été inscrits les cinq scénarios décrits, analysés et chiffrés.

Quels sont ces cinq scénarios ?

J. A. - Notre travail sera présenté dans son intégralité à l’occasion d’une conférence organisée le 7 octobre dans la matinée lors du Sommet de l’élevage. Nous avons bâti différentes hypothèses. Il ne nous est pas possible d’en dévoiler davantage pour l’instant, mais leur intitulé traduit une partie de leur contenu.

- Viande à l’herbe du Massif central, une référence d’excellence en réaction à la forte baisse de consommation ;

- Le Massif central s’adapte au sein de marchés libéralisés ;

- La viande agro-écologique pour tous ;

- La distribution alliée aux Régions : un partenariat pour une viande de massif ;

- La viande géopolitique.

Avez-vous des exemples de problématiques prises en compte pour bâtir ces scénarios ?

J. A. - On a considéré différents niveaux de consommation. Le plus défavorable table sur un recul de 60 % à l’échelle de l’Union européenne. Par contre, l’émergence de la demande dans les pays du pourtour méditerranéen a été prise en compte. C’est même un élément moteur pour un de nos scénarios. Il fait écho à une autre étude prospective(1) de l’Inra faisant état d’une dépendance alimentaire accrue des pays d’Afrique du nord et du Moyen-Orient.

Autre problématique, celle du changement climatique : les évolutions vont dans le sens de printemps plus précoces et d’automnes plus tardifs. Ils pourront se traduire par des animaux qui sortent plus tôt et rentrent plus tard avec une part des stocks fourragers utilisés au cœur de l’été.

La colonisation de ce territoire par les prédateurs comme le loup a été prise en compte. Un de nos scénarios est très impacté plus particulièrement pour le volet ovin.

Viande et lait sont deux productions très liées. Comment avez-vous pris en compte les interactions entre ces deux secteurs ?

J. A. - On a fait un distinguo entre le lait transformé en fromages AOP ou valorisé dans d’autres créneaux rémunérateurs, et le lait « standard » destiné à des marchés de grande consommation. Dans les scénarios où les systèmes allaitants prennent de l’importance, la production de lait standard tend à devenir une variable d’ajustement avec une réduction du nombre de ces élevages en faveur de la progression de la dimension des systèmes allaitants. Cela va dans le sens d’une spécialisation accrue.

Quels sont les messages clé issus de ces cinq scénarios ?

J. A. - Le contexte est globalement défavorable pour les aspects consommation et prix en Europe. Pour autant, les stratégies d’adaptation des filières, différentes selon les scénarios envisagés, peuvent engendrer des situations positives pour le Massif central. Le point central de notre analyse réside dans la part des surfaces en herbe sur ce territoire et la façon dont elles seront valorisées avec de possibles adaptations.

Les différents acteurs économiques auront entre les mains différents scénarios d’évolution possibles. À eux de s’en saisir pour alimenter leurs réflexions.

(1) Étude Inra - Pluriagri octobre 2015.

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