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Toastage des protéagineux : des résultats en demi-teinte pour les jeunes bovins des Établières

La ferme expérimentale des Établières en Vendée a comparé les performances de jeunes bovins en engraissement, nourris avec des rations contenant des graines de féveroles et de pois crues ou toastées. Les résultats ne sont pas probants.

Les protéagineux et le toastage permettent d’améliorer l’autonomie protéique sans dégrader les performances zootechniques.
Les protéagineux et le toastage permettent d’améliorer l’autonomie protéique sans dégrader les performances zootechniques.
© Chambre d’agriculture des Pays de la Loire

« Les références sur l’impact de l’introduction de graines de protéagineux toastées dans l’alimentation des jeunes bovins, sont peu nombreuses. Et si en théorie, le toastage améliore l’assimilation de la protéine par les animaux, on a voulu le vérifier dans la pratique », souligne Laure-Anne Merle, ingénieure projets de recherche sur la ferme expérimentale des Établières, basée à la Roche-sur-Yon en Vendée. Un essai, nommé JB toast, a ainsi permis d’évaluer les possibles intérêts techniques et la rentabilité de cette pratique sur des jeunes bovins charolais en engraissement. Grâce au toasteur de la Cuma des environs (Cuma Défis 85), « on a comparé les performances des animaux dont la ration comportait une part de tourteau de soja ou de graines de pois et de féveroles, crues ou toastées », note Sébastien Rousseau, conseiller agronomie à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire.

Lire aussi : Toaster ses protéagineux pour gagner en autonomie

Pas de différences entre graines crues ou toastées

Les rations mises en place étaient toutes à base d’ensilage de maïs avec de la paille, du blé et des minéraux. Le correcteur azoté a quant à lui varié. La ration témoin comportait du tourteau de soja. On trouve ensuite une ration avec du protéagineux cru et un peu de tourteau de soja pour l’équilibrer et deux rations avec du protéagineux toasté, l’une équilibrée au même niveau que les précédentes et l’autre pour laquelle les objectifs (90 PDIN par UFV) ont été volontairement diminués, l’azote étant censé être mieux assimilable. Deux séries d’essais ont été conduites en pois et deux en féveroles pour un total de 224 jeunes bovins charolais (14 par ration).

Premier constat, les animaux ont mangé l’intégralité de leur ration. Globalement, « on n’observe pas de différences significatives de croissance ou de durée d’engraissement des jeunes bovins entre les rations avec tourteau de soja et celles avec protéagineux crus ou toastés. Par contre, sur les rations où les quantités d’azote disponibles ont été volontairement réduites en pois comme en féveroles, les performances ont été dégradées de manière significative. Les durées d’engraissement ont augmenté de quasiment 50 jours », note Laure-Anne Merle.

Lire aussi : Le projet 4AGEPROD livre ses enseignements sur les fourrages riches en protéines

Ainsi, si l’on maintient l’équilibre en PDIN, il n’y a pas de différences entre les rations avec des protéagineux crus ou toastés. Les petites différences en durée d’engraissement, obtenues entre féveroles crues (271 jours) et toastées (284 jours), sont liées à des écarts entre les PDIN/UFV apportés. « On visait 100 PDI par UF mais dans les faits on a surestimé les valeurs d’où de petits écarts dans les rations », observe Laure-Anne Merle.

Des PDIN moins importants que dans la littérature

Aucune différence n’est à noter concernant les carcasses produites sur l’ensemble des critères : mêmes conformations, mêmes couleurs de gras, mêmes couleurs de viande. « Les petites nuances observées s’expliquent par nos valeurs alimentaires. En effet, dans la littérature, on trouve régulièrement une cinquantaine de PDIN de différence entre les protéagineux crus et toastés. Sur nos essais, on observe des chiffres de l’ordre de 10 à 22 g/kg MS de PDIN en faveur des graines toastées, expliquant le peu d’écart de performances entre les rations », informe l’ingénieure. D’autres essais, conduits à la ferme expérimentale des Trinottières, dans le Maine-et-Loire aboutissent à des conclusions similaires.

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À noter par ailleurs qu’aucune dégradation n’a été révélée lors du stockage aplati des graines, qu’elles soient toastées ou non et ce, sur une durée de six mois.

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À la lumière de ces résultats, « les premières simulations économiques avec un soja à 300-350 euros la tonne, ne sont pas rentables. L’amélioration des PDI permise par le toastage ne compense pas le surcoût de celui-ci compris entre 50 et 60 euros la tonne, convient Sébastien Rousseau, avant d’ajouter, son intérêt est à raisonner dans une démarche autour de la résilience de l’exploitation (tonne de soja à 400 euros, filières bio ou sans OGM). La maîtrise de la technique de toastage revêt également son importance. L’émergence de valeurs sur l’impact de la durée du passage de la graine dans le toaster pourrait permettre l’obtention de meilleures performances… »

Partenaires du projet JB toast : région Pays de la Loire, Institut de l’élevage, Geda, chambre d’agriculture des Pays de la Loire, Cuma Pays de la Loire, ferme expérimentale des Établières, Ademe, Cap protéines.
 

Deux principaux intérêts du toastage

Le principe du toastage est de réaliser un fort traitement thermique des graines, afin d’améliorer la faible dégradabilité des protéines dans l’intestin des bovins. Concrètement, les graines riches en protéines (soja, féverole, pois, lupin), acheminées par une vis sans fin, passent en quelques secondes et de manière continue sur une grille perforée. Un brûleur à fuel chauffe l’air insufflé à 280 °C. Le temps de cuisson est adapté à chaque type de grains. Pour une cuisson optimale, l’objectif est de porter le cœur de la graine à 100 °C.

Le fait de toaster va modifier la protéine qui sera mieux protégée et va donc se dégrader moins rapidement, elle sera alors mieux assimilée. À l’inverse, il ne faut pas trop la protéger sinon elle ne sera plus assimilable. Il faut donc trouver le bon compromis : obtenir une graine suffisamment cuite mais pas trop. Le toastage permet également la disparition des facteurs antinutritionnels. Les inconvénients résident dans le coût du toastage, entre 50 et 60 euros la tonne toastée et dans l’organisation à mettre en place.

Rédaction Réussir

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