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Six stratégies d’adaptation au dérèglement du climat

Face à des perspectives d’évolution du climat peu réjouissantes pour faire pousser la végétation dans de bonnes conditions, quelles adaptations envisager pour les systèmes fourragers ?

Cette association avoine + pois semée mi-juillet a ici été photographiée un 21 septembre, quelques jours avant d'être ensilée après un été (2017) il est vrai très favorable à ce type de dérobée.
© F. d'Alteroche

1 Gérer l’herbe et le pâturage

Les consignes souvent mises en avant par les techniciens sont d’abord d’optimiser l’existant et donc les surfaces en herbe. Et de mettre pour cela en avant tout l’intérêt de mieux gérer le pâturage qui est analysé comme un point faible dans bien des élevages allaitants.

Cette meilleure gestion de la ressource par du pâturage tournant ou du pâturage tournant dynamique permet l’utilisation de l’herbe au bon stade, évite le gaspillage au printemps et favorise la constitution de stocks. Dommage de voir en mai des troupeaux avec pléthore d’herbe où cette dernière est couchée donc gaspillée puis constater deux mois plus tard que cette même herbe couchée n’a été que partiellement consommée et se traduit, faute de ressource sur pied, par l’obligation de puiser dans les stocks.

2 Irriguer

Quand l’eau ne veut pas tomber du ciel, l’irrigation et donc l’intensification sur les meilleures parcelles doivent évidemment être envisagées. Travailler à partir de réseau ou de retenue collinaire est une possibilité. Elle se traduit forcément par des investissements conséquents avec l’éternel problème d’être confronté à une opposition de la part d’une opinion publique désormais prompte à manifester sa désapprobation face à cette stratégie.

3 Diversifier les systèmes fourragers

Les techniciens mettent souvent en avant l’importance de diversifier les systèmes fourragers, tant pour les espèces récoltées que pour les dates et mode de récolte, de façon à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. A un début de printemps sec donc défavorable à la pousse de l’herbe pourra succéder un été arrosé et un automne ensoleillé pouvant être très favorables au maïs, au sorgho ou aux dérobées.

4 Espèces résistantes au stress hydrique

Toutes les espèces fourragères n’ont pas le même comportement et la même résistance face au stress hydrique. Luzerne, dactyle et fétuque élevée pourraient devenir incontournables de par leur résistance. Les mélanges multiespèces sont régulièrement préconisés. Attention toutefois au moment des semis. Certaines variétés d’une même espèce sont plus performantes que d’autres. Si les préconisations portent sur telle variété, attention de bien prendre la bonne et non celle que propose avec insistance le revendeur du dépôt de la coopérative ou du négoce du coin tout simplement car il cherche d’abord à vendre ce qu’il a dans ses stocks.

5 Modifier les dates et modes de semis

Il est possible d’envisager des évolutions dans les stratégies retenues pour les dates de semis des fourragères. Les semis de printemps sous couvert d’une céréale ou d’un méteil peuvent donner de bons résultats. Le recours à du méteil semé en début d’automne derrière une céréale, puis ensilé fin avril début mai avec derrière semis au plus tôt d’un sorgho (ou d’un maïs s’il y a possibilité d’irrigation) est une solution susceptible de donner de bons résultats avec deux récoltes par an de fourrage sur la même parcelle.

6- Dérobées derrière des céréales à paille

D’après les travaux prospectifs des climatologues, les évolutions en cours et à venir vont se traduire par des moissons qui en zone de plaine vont tendre à être plus précoces. Cela doit permettre de tenter plus systématiquement le semis à moindre coût de dérobées destinées à être récoltées en cours d’automne sous forme d’ensilage ou d’enrubannage ou même pâturées pour retarder la rentrée à l’étable de catégories peu exigeantes (vaches taries en vêlage d’hiver, génisses à saillir de 18 mois à 2 ans). Les techniciens recommandent des itinéraires techniques simples et peu coûteux dans la mesure où la réussite de l’opération est conditionnée par les hypothétiques pluies d’été. Préparation superficielle du sol et semences fermières limitent les coûts de mise en place. Une association 90 kg d’avoine + 110 kg de pois/ha donne de bons résultats si le semis est suffisamment précoce (mi-juillet) et si les orages sont de la partie. C’est à analyser comme un coup de poker qui gagne à être tenté.

Autres stratégies

Faire évoluer la génétique du troupeau en misant en particulier sur des races rustiques ou en retenant des souches de moindre format, donc moins exigeantes pour leur alimentation.
Mixer les espèces et jouer en particulier sur la complémentarité entre bovins et ovins pour utiliser l’herbe ou les cultures dérobées au fil des saisons (portance des sols et étalement de la pousse dans le temps).
Penser à la réintroduction de l’arbre dans le cadre de projets d’agroforesterie (production de bois et d’ombrages).

Attention aux bâtiments gourmands en paille

Quand le foin se fait rare, le prix de la paille flambe et fragilise les élevages qui achètent l’essentiel de leurs besoins pour confectionner les litières et compenser leurs stocks de fourrages insuffisants. Il est parfois possible de réaménager des stabulations 100 % paillées. Cela se traduit par la mise en place de couloirs raclés ou de caillebotis sur fosses à lisier derrière les cornadis sans négliger la possibilité de les associer à des logettes. Analyser le coût de fonctionnement d’un bâtiment paillé doit évidemment être analysé avant d’envisager toute construction.

Penser aux plaquettes

La solution plaquettes de bois pour la litière gagne à être envisagée, au moins en complément. Le bois est largement disponible dans la plupart des zones d’élevage et pourrait l’être bien davantage si les éleveurs laissaient « monter » davantage de haies actuellement taillées « au carré » chaque année, avec qui plus est un effet bénéfique côté ombre et coupe-vent qui irait dans le sens de parcelles plus « confortables » pour allonger la saison du pâturage.

F. A.

L’exemple de la Toscane et de la Catalogne

D’après les prospectives des climatologues, certaines zones d’élevage du Massif central auront à terme un climat proche de la Toscane et de la Catalogne. Aller voir comment fonctionnent les systèmes fourragers présents dans ces régions peut être source d’inspiration. Un travail a été mené dans ce sens. « La luzerne est largement utilisée tout particulièrement en Toscane, soulignait Vincent Thenard, zootechnicien des systèmes d’élevages à l’Inra de Toulouse à l’occasion d’une communication sur le changement climatique organisée dans le cadre du projet Mélibio. Dans ces deux régions, les cultures fourragères annuelles sont les plus cultivées et les assolements sont assez diversifiés avec des méteils et des associations de cultures d’hiver et de printemps pour répartir les risques.

Les prairies à flore variée sont relativement peu utilisées. « L’usage de l’irrigation est développé en particulier en Catalogne. Elle favorise l’intensification pour la constitution des stocks tandis que le recours aux parcours et au pâturage de sous-bois est utilisé pour des animaux à plus faibles besoins (fin gestation). Les forts besoins des animaux sont souvent calés sur la courte période où l’herbe pousse, c’est-à-dire plutôt en période de jours courts ce qui va plutôt dans le sens des vêlages d’automne."

F. A.

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