Reserrer le « cœur de gamme » constitué par les vaches allaitantes
Pays de la Loire. La Chambre d’agriculture des Pays de la Loire et les coopératives Terrena et Cavac se mobilisent depuis l’été dernier pour apporter des réponses aux problèmes d’adéquation entre l’offre et la demande.
Pays de la Loire. La Chambre d’agriculture des Pays de la Loire et les coopératives Terrena et Cavac se mobilisent depuis l’été dernier pour apporter des réponses aux problèmes d’adéquation entre l’offre et la demande.
C’est sur le segment du "cœur de gamme", que constituent les vaches allaitantes, que l’effort est à concentrer. Une étude du service économie de la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire a montré qu’en 2014, d’après les données Normabev, les vaches allaitantes de conformation supérieure ou égale à R- n’ont représenté que 14 % des effectifs ligériens. Et 30 % des vaches ont été abattues à plus de huit ans. "L’importance de cette proportion de vaches 'âgées' nous a vraiment fortement surpris", commente Alain Denieulle, président du GIE élevage Pays de la Loire. "Sans remettre en cause les raisons qui expliquent les choix de la part des éleveurs, l’enjeu collectif est de rajeunir les vaches allaitantes pour ne plus produire d’animaux non conformes au marché du piécé." Les vaches de plus de huit ans sont, en effet, en moyenne plus hétérogènes en qualité de viande, de conformation dégradée, et les affranchis sont plus importants. D’ailleurs, l’indice de consommation en engraissement est lui aussi dégradé. L’idéal serait de coter à part les vaches âgées de plus de huit ans (actuellement une catégorie existant pour celles de plus de dix ans) pour limiter leur effet baissier sur la cotation de la catégorie "vaches allaitantes". Un nouveau chantier de réforme des cotations ne serait pas refusé par les professionnels. Mais pour l’heure, étant donné l’urgence de la situation, c’est par les pratiques contractuelles qu’ils comptent faire bouger les lignes.
30 % des vaches allaitantes sont abattues à plus de huit ans
Les coopératives vont préparer des offres de contractualisation pour vaches allaitantes. "Nous, organisation de producteurs, sommes en mesure d’accompagner les éleveurs pour les faire réfléchir, en partant de la demande des consommateurs, et faire l’évolution nécessaire" explique Mickaël Bazantay, président de Bovinéo. Pour ne pas subir les à-coups du marché, les OP entendent travailler de façon amplifiée en contrats tripartites OP-abatteur-grande et moyenne distribution qui fixeront les conformations, poids, âge des animaux, ainsi que des objectifs de croissance des volumes et de régularité des approvisionnements. L’intention est de définir des prix de mise en marché connectés aux coûts de production, en transparence avec des indicateurs appropriés fournis par l’observatoire des prix et des marges. "La régularité des appros n’est pas si évidente que cela à faire fonctionner pour des vaches. Mais il faut identifier un marché pour démarrer, même si c’est au départ un petit marché. Il faut bien commencer un jour " remarque le président de Bovinéo.
La Chambre régionale d’agriculture et les coopératives ont délibérément choisi d’élever le débat au-dessus de la stigmatisation de races, et de mener une réflexion plus profonde se basant sur la satisfaction de la demande des consommateurs. "Il faut construire ce type de contractualisation tout en restant dans le marché pour rester attractif, en maintenant le dialogue, et en récompensant les efforts des éleveurs qui s’engagent dans ces contrats", explique Christophe Godet, président de Ter’élevage.
Faire monter en gamme le haché
L’autre piste issue de ce travail de la Chambre et des coopératives, est d’agir sur le segment du haché. "Pour empêcher que la croissance de consommation du haché n’altère les cours des bovins, il faut le faire monter en gamme, et passer d’un flux poussé à un flux tiré sur ce segment", analyse Christiane Lambert, de la Chambre régionale d’agriculture des Pays de la Loire. Des technologies de hachage permettent cela et les jeunes aiment la viande. "On doit coller au « manger français » tout en améliorant les débouchés et les valeurs rémunérées. Nous travaillons pour donner des projets aux éleveurs et répondre à leur inquiétude."