Les voyants au vert pour la viande bio
Anticiper, organiser, former, communiquer, tels sont les défis de la filière viande bio pour profiter des belles perspectives qui s’offrent à elle aujourd’hui. « Nous sommes actuellement dans un optimisme réaliste, et nous avons toutes les raisons de nous réjouir », soulignait Philippe Cabarat, éleveur de Charolaises dans la Nièvre et président de la commission bio d’Interbev (Interprofession du bétail et des viandes), lors d’une conférence organisée au Sommet de l’élevage.
Chiffres à l’appui, la filière bio est en plein essor. Selon l’Agence bio, une augmentation du nombre de vaches allaitantes, sous signe AB, de 22,5 % en 2015 par rapport à 2014 (soit 146 000 vaches de plus) est enregistrée. « Les conversions ont plus que doublé, passant de 19 000 à 41 000. En 2016, ce sont 394 fermes en allaitants qui se sont engagées (+ 13,1 %). Les conversions en allaitants s’effectuent majoritairement en simultané (terres et animaux) », expose Jean-François Deglorie, d’Interbev bio. On note également des hausses sur les tonnages mais aussi en aval de la filière dans tous les secteurs (transformateurs, distributeurs, importateurs, exportateurs et opérateurs) et un développement du marché avec, point important, le maintien d’un prix rémunérateur pour l’éleveur depuis 2015.
« On observe 1 €/kgC de différence en faveur de la bio pour une vache R= et ce, depuis fin 2015 », souligne Loïc Madeline, de l’Institut de l’élevage. Autre voyant au vert, l’intérêt grandissant des consommateurs. « Le bio s’installe durablement dans nos assiettes, si l’on se réfère aux résultats d’une étude qui montre que 75 % des personnes pensent que le bio est bénéfique pour l’environnement et la santé, et que le nombre de jeunes qui commencent à consommer de la viande bio croît. Toutefois, la forte augmentation des conversions en 2016 représente l’un des défis des années à venir. On doit réussir à valoriser ces nouveaux volumes sur le marché, pour garder un prix rémunérateur stable et ainsi rassurer les éleveurs. Les nouveaux arrivants doivent être conscients de cette filière, aujourd’hui organisée et structurée, que l’on a construit au fil des ans. Reste à la pérenniser autour d’une logique de commerce équitable et d’une image toujours aussi positive auprès du grand public, et à trouver la capacité de répondre à de nouveaux marchés », conclut Philippe Cabarat.