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Les litières plaquettes conviennent aux JB 

Une litière de plaquettes forestières n’empêche pas des taurillons à l’engrais de réaliser des bonnes performances. Une solution à envisager pour des exploitations peu autonomes en paille et largement pourvues en haies de haut jet.

A l’initiative de la mission haie Auvergne et de la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme, une litière en plaquette forestières a été testée cet hiver par l’Inra de Theix pour des taurillons à l’engraissement. Ces animaux étaient simultanément suivis pour une expérimentation sur les niveaux d’ingestion, avec utilisation d’auges peseuses permettant d’analyser précisément la quantité de ration ingérée au quotidien tout au long de la phase d’engraissement. Le recours aux plaquettes pour leur litière n’était donc pas le premier objectif de cet essai. Il venait en complément. « C’est la première fois que nous utilisions ce type de litière sur le site de Theix », explique Bernard Sepchat, en charge de ce suivi pour l’Inra. Et de reconnaître qu’il était au départ assez sceptique, voire réticent à l’idée d’utiliser la litière plaquettes.

Les vingt-quatre taurillons charolais ou croisés salers étaient logés dans trois cases de huit animaux, avec pour chaque case un couloir raclé (2,5 m x 10 m) derrière les auges peseuses, et à l’arrière une aire de couchage de 50 m2 par case. Il y avait un lot avec litière uniquement composée de paille, et deux lots avec litière composée uniquement de plaquettes. L’un de ces deux lots ayant en complément accès à un râtelier avec de la paille. Le recours aux auges peseuses permettait de mesurer au jour le jour ce qui était ingéré par chaque taurillon. Dans ces conditions, l’intérêt des plaquettes était aussi d’avoir une litière non comestible, pour que les animaux ne puissent consommer de paille de litière, biaisant alors les résultats sur l'ingestion. « L’idée était aussi de savoir si une litière à base de plaquettes pouvait être utilisée pour du bétail à l’engrais. D'analyser si cela pouvait avoir un impact défavorable sur le niveau des performances, la propreté et le comportement », précise Thierry Roche, conseiller à la chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme.

132 jours d’essai en période hivernale

Dans le cadre de ce travail, les plaquettes utilisées étaient des plaquettes achetées. Elles provenaient de bois blanc feuillu et ont été fournies par un prestataire qui déchiquette beaucoup de bois sur le département. En temps normal, elles sont essentiellement utilisées pour chauffer des habitations ou des collectivités. « Les plaquettes étaient à 70 % de matière sèche à l’automne au moment de leur livraison à la rentrée des animaux. Un chiffre un peu bas. Dans l’idéal, il est préférable d’être autour de 80 %, dans la mesure où plus les plaquettes sont sèches, meilleure est leur capacité d’absorption. Elles pesaient 275 kilos par mètre cube apparent (MAP) », précise Sylvie Monnier, animatrice de la mission haie Auvergne. 

Avant de rentrer les animaux, les deux cases « plaquettes » ont été garnies d’une épaisseur de 10 cm de plaquettes. Ensuite, il n’y a eu aucun renouvellement de la litière pendant trois semaines, puis rajout avec un godet d’environ 5 cm supplémentaires tous les dix jours. Pour le lot paillé, le rajout de paille était décidé au jour le jour selon le niveau de propreté des animaux. La durée de l’essai a été de 132 jours en période hivernale. Le bâtiment était une stabulation en bois bien éclairée avec de bonnes conditions d’ambiance et un renouvellement de l’air satisfaisant. Pour le lot « paille », cela s’est traduit par vingt-six paillages en 132 jours avec une moyenne de cinq jours entre eux. Pour les deux lots « plaquettes », il y a eu douze rajouts de plaquettes avec une moyenne de dix jours entre eux. 

La propreté des animaux a été appréciée chaque semaine selon la grille Interbev (note de propreté des bovins entrée abattoir). Pour la litière « plaquette », 98 % des animaux ont été notés A et 2 % A-. Pour la case avec une litière à base de paille, il y a eu 67 % de A, 30 % de A- et 2 % de B. « Les animaux sur litière plaquette sont en moyenne plus propres. La différence est significative », soulignent les responsables du suivi cette étude. « La couleur d’une litière à base de plaquette rebute très souvent les éleveurs car elle devient noire très rapidement. Cette couleur donne immédiatement l’impression que c’est « sale », souligne Thierry Roche. Pour autant, même si la surface de la litière est noire, les animaux ne sont pas plus sales. D’après ce travail, ils sont même plus propres, avec en parallèle une fréquence de renouvellement de la litière moins élevée. » 

Les déplacements des animaux et leur comportement alimentaire ont été appréciés par l’utilisation d’un collier Medria, qui renseignait  sur l’activité majoritaire toutes les cinq minutes. L’analyse des données n’a pas permis de mettre en avant de différences significatives pour la durée au cours de laquelle les animaux sont restés couchés. Idem pour le temps passé à ruminer. « La nature de la litière n’a pas eu d’effet sur le comportement des animaux », en déduit Bernard Sepchat. Grâce aux auges peseuses, les niveaux d’ingestion ont été très précisément mesurés. Aucune différence significative du niveau d’ingestion n’a pu être mise en évidence selon la nature de la litière. 

De bons résultats avec des litières plaquettes

Les GMQ des taurillons ont bien entendu été comparés. Ils ont été de 1 540 g pour le lot « paille » et 1 800 g pour le lot « plaquettes ». Mais, compte tenu du trop faible nombre d’animaux pris en compte, il n’est pas possible de mettre en avant des différences significatives. Les bonnes croissances globalement obtenues ont simplement permis d’attester qu’il est tout à fait possible d’avoir de bons résultats avec des litières plaquettes. Les performances de haut niveau réalisées par certains de ces taurillons l’attestent. De la même façon, l’efficacité alimentaire des animaux (kilo de gain de poids vif par kilo de ration ingérée) ne met pas en avant de réelles différences, avec simplement la possibilité d’obtenir de bons résultats dans les deux cas de figure.

Voir aussi Réussir Bovins viande, février 2018.

La plaquette " maison " économiquement intéressante

Il a été possible d’établir des simulations sur le prix de revient de différents types de litières selon qu’elles sont réalisées à partir de paille ou de plaquettes. Il a surtout été possible de faire des comparaisons entre les deux solutions pour différents prix d’achat des plaquettes ou de la paille. Si le prix d’achat des plaquettes est de 13 euros le MAP et si la paille est achetée 80 euros la tonne, la litière plaquette n’est pas compétitive : le coût journalier par animal est de 45 centimes avec la solution « plaquette » contre 29 centimes pour la solution paille, soit un écart de 16 centimes par jour par taurillon. Pour que des plaquettes achetées 13 euros le mètre cube soient intéressantes, il faudrait que le prix de la paille atteigne un peu plus de 120 euros la tonne, valeur heureusement rarement observée sur le terrain, mis à part les années de grave sécheresse.

La situation est très différente quand le prix de revient du mètre cube de plaquettes est de 5 euros. Une situation classiquement observée pour de la plaquette produite sur l’exploitation à partir de l’entretien des haies et des arbres du bocage ou récupérés gracieusement dans le voisinage. Les plaquettes sont alors économiquement intéressantes à partir d’un prix d’achat de la paille de 60 euros la tonne.

Combien ça coûte

Le coût de production d’un mètre cube apparent (MAP) de plaquette est de 12 à 22 euros le MAP selon les chantiers. Chiffre incluant le coût d’abattage réalisé par l’éleveur avec une tronçonneuse manuelle.
Il est de 5 à 10 euros le MAP si on comptabilise la seule prestation de déchiquetage. Le chiffre est alors étroitement dépendant du débit et donc de la bonne disposition des tiges et branches à déchiqueter pour optimiser l’efficacité du chantier.

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