Les ciseaux génétiques sont sujets à controverse pour l’élevage
La technique d’édition du génome Crispr-cas9 suscite hors Europe de nombreux travaux de recherche, sur les bovins comme sur les autres espèces. Une controverse naissante pour les filières d’élevage.
La technique d’édition du génome Crispr-cas9 suscite hors Europe de nombreux travaux de recherche, sur les bovins comme sur les autres espèces. Une controverse naissante pour les filières d’élevage.
Le terme édition du génome désigne un ensemble de techniques utilisées pour modifier les séquences d’ADN qui constituent le génome. En 2012, a été découverte la technique appelée système Crispr-Cas9 qui est simple, rapide et aussi moins chère par rapport aux techniques qui étaient utilisées auparavant.
Le système Crispr-Cas9 est constitué d’un ARN guide, qui cible une séquence d’ADN particulière, associé à l’enzyme Cas9, qui, comme des ciseaux moléculaires, coupe l’ADN. Une fois la séquence d’ADN coupée, les systèmes de réparation de la cellule vont recoller les extrémités des deux morceaux d’ADN créés par la coupure. Cette technique n’est pas autorisée en Europe sur les animaux d’élevage. Mais certaines applications sont possibles dans d’autres pays.
Le spectre des OGM
« L’édition du génome est sujette à controverse, c’est-à-dire de débats autour de ces connaissances scientifiques qui ne sont pas stabilisées », explique Elsa Delanoue, agronome et sociologue, chargée de projets au service des instituts techniques agricoles des filières animales qui a présenté lors des journées 3R 2022 une analyse sur les nouvelles technologies génétiques. Quarante-huit entretiens semi-directifs avec des acteurs des filières de sélection génétique, du monde agricole, des représentants de la société civile et des pouvoirs publics ont été menés.
« Les principales incertitudes soulevées recouvrent tout d’abord les impacts de l’édition du génome sur l’environnement, la biodiversité et sur les animaux eux-mêmes, mais aussi des aspects sociopolitiques. Certains assimilent ces techniques aux OGM et au cadre sociojuridique existant. D’autres les considèrent comme un outil supplémentaire pour les sélectionneurs, voire les présentent comme une simple réplication des processus naturels », analyse Elsa Delanoue. Cinq profils sont apparus : les réfractaires, les sceptiques, les convaincus, les enthousiastes et les prudents.
Les travaux sur animaux d’élevage évoluent rapidement
Sur les bovins, la société Recombinetics a fait naître aux États-Unis en laboratoire de premiers animaux sans cornes en employant Crispr-Cas9 en 2013. Toujours aux États-Unis, la firme Acceligen présente des vaches au poil court afin qu’elles soient plus tolérantes aux températures chaudes. De nombreuses autres applications sur animaux d’élevage sont en phase de développement. Par exemple, l’université de Californie travaille sur des ovins à croissance rapide. Certains s’approchent de la phase de précommercialisation. La société Genus Pic annonce préparer la mise en marché d’un porc résistant au syndrôme dysgénique et respiratoire (SDRP). Une daurade à croissance rapide a fait l’objet de ventes test au Japon en 2021.