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Le lablab sur la voie de sa maîtrise technique

Le lablab s’associe au maïs dans l’objectif d’augmenter la teneur en MAT de l’ensilage. L’itinéraire cultural est encore à travailler mais de nombreux éleveurs se sont déjà lancés.

Le lablab est une légumineuse tropicale annuelle que Semental importe d’Australie et propose sur le marché français depuis 2017. Cette plante s’associe au maïs dans l’objectif d’améliorer la teneur en matières azotées totales (MAT) de l’ensilage. Elle ne développe pas de nodosités en France sans inoculation, et aucun des inoculums qui existent actuellement sur le marché national (pour le soja ou la luzerne) ne fonctionne. Semental est en train de faire homologuer en France un inoculum qui fonctionne sur le lablab dans nos conditions nationales. Ceci permettrait d’adapter nettement à la baisse la fertilisation azotée de l’association. Le reliquat d’azote pour la culture suivante sera aussi à étudier. En attendant que ce dossier aboutisse, le semencier conseille d’adapter la fertilisation à la hausse quand on associe du lablab au maïs. « Il faut apporter 30 à 50 unités de plus par rapport à un maïs seul. »

Un inoculum en cours d’homologation

Comme toute légumineuse, le lablab a aussi besoin de fertilisation potassique et phosphorique. « Nous préconisons un apport d’au moins 100 et plutôt de 150 unités d’acide phosphorique en fonction de la réserve du sol — soit environ 30 à 40 unités de plus qu’un maïs seul », explique Yann Cannistraro de Semental. Pour la potasse, les besoins sont les mêmes que pour un maïs seul.

Maïs et lablab se sèment en mélange sur le même rang, avec le maïs à densité habituelle et Semental conseille entre 65 000 et 85 000 grains par hectare pour le lablab. Le lablab lève un peu avant le maïs puis pousse moins vite que lui. Son cycle végétatif est de 150 à 170 jours. Le lablab ne produit pas de fleurs sous nos latitudes par déficit de température, ce qui a l’avantage de ne pas dégrader sa valeur alimentaire. Il se développe en lianes qui grimpent sur le maïs. « En moyenne, le rendement est amélioré de 10 % sur l’association par rapport à un maïs seul. On estime qu’en France, même si on manque encore de recul, le lablab n’a pas d’effet dépressif sur la pousse du maïs même en conditions séchantes, du moment que les nutriments du sol ne sont pas limitants », selon Yann Cannistraro. Pour le désherbage, il existe des produits homologués sur les deux cultures (le lablab s’apparente au soja) et un binage peut être réalisé. La date de récolte est dictée par le stade du maïs et le silo est confectionné sans particularité. L’association présente un taux de matière sèche inférieur de 1,5 à 4 % à la récolte par rapport à un maïs seul. Ceci est intéressant, quand la récolte intervient sur des maïs plus secs qu’il n’est préconisé, pour favoriser la conservation de l’ensilage.

Un ensilage réhydraté

« Côté rationnement, on considère que l’association baisse un peu la proportion d’amidon dans l’ensilage par rapport à un maïs seul, sans diminuer la teneur en UFL. Le lablab ne déconcentre pas la ration. Nous avons aussi détecté un intérêt très clair sur la dégradabilité de l’amidon, selon Yann Cannistraro. Il apporte aussi du calcium en quantités très appréciables : + 1,5 à 3 points par rapport à un maïs seul. »
Le semencier affine un itinéraire technique pour la campagne des semis 2020. Il met toujours en avant la variété générique Rongaï, développe la variété Sustain et propose aussi avec un peu de la variété Purple. L’itinéraire technique de cette association sera vraiment maîtrisé dans les deux prochaines années.

Premiers résultats sur l’enrichissement en MAT

« Le lablab conduit en pur contient de 140 à 180 g MAT/kgMS », annonce Yann Cannistraro de Semental. Les 130 analyses en élevage sur des récoltes de 2018 ont donné des teneurs allant de 4 à 10,5 % de MAT dans l’association maïs lablab. Ces résultats traduisent la diversité des pratiques de chaque agriculteur. En 2019, la moyenne des résultats d’analyses donne 9 % de MAT, et la valeur la plus haute a été de 12,5 %. Sur 14 parcelles en élevage, Semental a comparé la teneur en MAT d’un maïs seul avec celle de ce même maïs associé au lablab : « en moyenne, l’association a une teneur en MAT améliorée de 1,95 point par rapport au maïs. L’un des échantillons a montré un enrichissement de 3,5 points de MAT. »


 

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