Aller au contenu principal

« L’agriculture va devoir s’adapter »

2018 est encore une année climatique compliquée. Et les perspectives d’évolution du climat sont loin d’être réjouissantes.

Vincent Cailliez est climatologue à la chambre d’agriculture de la Creuse. Il est à ce titre l’un des artisans du projet AP3C (Adaptation des pratiques culturales au changement climatiques) mené par le Sidam (Service interdépartemental pour l’animation du Massif central). L’ambition d’AP3C est de réaliser une analyse des impacts du changement climatique en vue d’adapter les systèmes d’élevage du Massif central.
© DR

Vincent Cailliez, climatologue à la chambre d’agriculture de la Creuse

Est-ce que les tendances météo de 2018 (printemps plutôt humide puis été sec et brûlant) sont prémonitoires de ce qui va arriver de plus en plus fréquemment ?

Vincent Cailliez - Certains des événements climatiques constatés cette année pourront effectivement devenir de plus en plus fréquents. Dans le cadre du projet AP3C (Adaptation des pratiques culturales au changement climatique), nous avons par exemple réalisé des projections statistiques à partir des observations de températures et précipitations relevées dans tout le Massif central entre 1980 et 2015. Pour les températures, on a une augmentation moyenne annuelle de l’ordre de 0,4 °C par décennie avec des nuances selon les stations. Contrairement à ce qui est généralement admis, les évolutions les plus rapides ne se font pas en été (+ 0,5 °C par décennie) mais au printemps (+ 0,7 °C par décennie). L’autre effet du changement climatique est l’augmentation de la variabilité du climat, lequel devient plus contrasté au sein d’une même saison. Les pics de chaleur sont soumis au double effet de l’augmentation de la moyenne des températures et de l’augmentation des écarts par rapport aux moyennes saisonnières. Cette évolution est maximale au printemps et plus importante pour les températures maximales que pour les températures minimales. Cela explique les pics de chaleur à la fois plus fréquents et plus précoces.

Et côté précipitations ?

V. C. - L’évolution du cumul des précipitations est compliquée à analyser. Les conclusions sont moins précises et entachées d’incertitudes importantes. Contrairement à ce que l’on entend souvent dire, les évolutions ne vont pas vers une baisse du niveau annuel des précipitations, en particulier dans les zones de moyenne montagne, mais davantage vers une plus grande saisonnalité des précipitations. Les périodes sèches entre épisodes pluvieux deviennent plus longues. Autre caractéristique, c’est l’instabilité accrue des précipitations, lesquelles tendent à provenir moins souvent des dépressions venues du nord-ouest Atlantique et plus fréquemment sous forme d’averses pouvant être de forte intensité.

On entend fréquemment dire que dans le futur, le climat de Toulouse aura des similitudes avec l’actuelle météo andalouse et celui de Paris ressemblera à celui de Toulouse. Vous confirmez ?

V. C. - Oui mais à grands traits seulement. C’est en quelque sorte une « méditerrannéisation » du climat. Mais attention à ce terme, c’est davantage une évolution vers un climat de type méditerranéen. On ne peut pas dire que Clermont-Ferrand aura dans les années à venir l’actuelle météo de Saint-Tropez ! C’est beaucoup plus compliqué que cela, en particulier pour les précipitations. On ressentira simplement davantage les influences méditerranéennes lesquelles seront forcément impactées par l’éloignement de la mer et par le relief. Une certitude pour autant, le décalage des températures vers le nord est très rapide : de l’ordre de 100 à 150 km tous les dix ans pour le printemps et pour l’été. Pour les précipitations, c’est nettement plus difficile à cerner.

Les agriculteurs que vous rencontrez sont-ils convaincus de ces évolutions. Y a-t-il encore des « climato-sceptiques » ?

V. C. - La situation évolue. Lors du lancement du projet précurseur de AP3C sur la Creuse en 2012, il y avait encore du scepticisme, voir du rejet. Désormais la plupart des éleveurs sont conscients de ces évolutions.

Une certitude, d’ici 2050 il sera absolument impossible d’inverser le phénomène. En 2017 à l’échelle de l’ensemble de la planète le record mondial d’émissions de gaz à effet de serre a encore été battu. Les évolutions du climat vont probablement être plus rapides que ce que l’on redoute. Oui, le paysage va changer et oui, l’agriculture va devoir s’adapter. Ce qui se pratique actuellement ne pourra plus forcément l’être demain.

« Méditerrannéisation » du climat

Les plus lus

<em class="placeholder">Le caillebotis est à hauteur du couloir d&#039;alimentation et occupe 3,5 m de large derrière les cornadis. Le malaxeur fonctionne une dizaine de minutes par jour.   </em>
Élevage bovins viande : « avec mon bâtiment caillebotis et aire paillée, j’utilise 5 kg de paille par jour par vache suitée »

Dans le Puy-de-Dôme, Samuel Poughon a opté, il y a une dizaine d’années, pour un bâtiment avec un caillebotis sur 3,5 m…

<em class="placeholder">Exploitation canadienne en élevage bovin allaitant (chez Richard et Ganet Rey, éleveurs dans le Manitoba). agriculture canadienne. production de bovins viande de race ...</em>
« Les taxes américaines provoqueraient probablement une chute abrupte des exportations de bœuf des États-Unis vers le Canada »

Tyler Fulton, président de l’association canadienne de l’élevage allaitant, analyse les risques que provoqueraient des taxes…

<em class="placeholder">Pauline Garcia salon de l&#039;agriculture</em>
Les bovins sont sensibles à la musique

Enrichir l’environnement des veaux, relaxer le troupeau, masquer des bruits gênants… Diffuser de la musique dans les bâtiments…

<em class="placeholder">bâtiment vaches allaitantes aire raclée</em>
Élevage bovins viande : « Un bâtiment avec pente paillée et aire raclée économe en paille pour mes vaches blondes d’Aquitaine »

Pour son troupeau de 110 blondes d’Aquitaine dans les monts du Cantal, Hervé Larribe a opté pour un bâtiment avec pente…

<em class="placeholder">Vaches aubrac dans la stabulation paillée avec de la plaquette de bois. Certaines sont couchées.</em>
Élevage bovins viande : « La plaquette de bois complète la paille dans l’aire paillée de mes vaches aubrac »

Jean-Christophe Lacombe, à Flagnac en Aveyron, utilise depuis dix ans la plaquette de bois comme litière pour ses vaches…

charolaise vêlage
La provision pour augmentation de la valeur du stock de vaches est-elle intéressante ?

La déduction fiscale 2024 devient provision en 2025 et même, en pratique, une prime à l’augmentation du cheptel.

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site bovins viande
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière bovins viande
Consultez les revues bovins viande au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière bovins viande