Aller au contenu principal

Les députés adoptent le projet de loi
La réforme de l’assurance récolte profitera-t-elle aux assureurs ou aux agriculteurs ?

L’Assemblée nationale a adopté ce mercredi dans la soirée le projet de réforme de l’assurance récolte, après des débats parfois très techniques sur les bénéfices qu’elles pourraient générer pour les assureurs ou les agriculteurs.

Vignes gelées
Alors que seule 18% de la surface agricole utile est aujourd’hui couverte par l’assurance multirisque récolte, le cabinet du ministre assure que selon les premières simulations la réforme permettra de faire baisser significativement les prix de l’assurance pour les agriculteurs.
© Pixabay

Le projet de loi « réformant les outils de gestion des risques climatiques en agriculture » a été adopté hier soir en première lecture par les députés avec 94 voix pour, 3 contre et 5 abstentions. Au cours de l’examen du texte, Julien Denormandie et le rapporteur Frédéric Descrozaille ont tenté de rassurer face aux inquiétudes relayées par certains députés (provenant notamment de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale) d’un projet de loi qui pourrait être plus favorable aux assureurs qu’aux agriculteurs.

« Je suis très clairement favorable à ce que l’on puisse appliquer ce que permet le règlement Omnibus le plus loin possible (en matière de subvention de la prime, soit une subvention maximale de 70% de la prime, ndlr). La subvention ira au prix de l’assurance payé par l’agriculteur pas aux assureurs sachant que la prime ne doit pas augmenter. Ce n’est pas une réforme des assureurs », a promis le ministre de l’Agriculture, dans l’Hémicycle, qualifiant cette refonte de l’assurance récolte de « ceinture de sécurité » pour les agriculteurs face aux calamités climatiques. Preuve s’il en est que le texte ne sera pas en faveur des assureurs, à l'occasion de l'examen de l'article 1, Frédéric Descrozaille a confié : « les assureurs freinent des quatre fers : ils craignent de devoir supporter des obligations et continuer à fournir un produit qui ne leur permet pas de gagner de l’argent ».

Les assureurs freinent des quatre fers

Pour rappel, l’architecture du projet de loi prévoit une couverture à trois niveaux : les agriculteurs assument les pertes les plus modestes (jusqu’à 20%), puis interviennent les assurances jusqu’à un seuil qui sera défini, par filière, après consultation dans le projet de loi de finances et enfin l’Etat interviendra pour les sinistres « d’ampleur exceptionnelle ».

Pour limiter le risque que les assureurs « sélectionnent les meilleurs risques », les députés ont adopté plusieurs amendements dont l’un du rapporteur Frédéric Descrozaille visant à rendre obligatoire l’adhésion des assureurs souhaitant commercialiser des produits d’assurance contre les risques climatiques en agriculture à un pool de mutualisation.


Pas de sélection des risques

Le texte prévoit par ailleurs que le gouvernement prenne dans une ordonnance des mesures visant à « garantir un large accès des exploitants agricoles à un régime d’assurance contre les risques climatiques par la limitation de la sélection adverse des risques par les entreprises d’assurance ».

Cette ordonnance, qui sera prise d’ici juin, a assuré Julien Denormandie, doit imposer aux assureurs du pool de :

  • Mutualiser les risques assurés et à ce titre élaborer une tarification technique commune
  • Proposer un produit d’assurance à tout exploitant agricole qui en fait la demande
  • Fixer les conditions dans lesquelles les nouvelles règles, applicables dès le 1er janvier 2023, s’appliqueraient aux contrats en cours

Alors que seule 18% de la surface agricole utile est aujourd’hui couverte par l’assurance multirisque récolte, le cabinet du ministre assure que selon les premières simulations la réforme permettra de faire baisser significativement les prix de l’assurance pour les agriculteurs (qui est aujourd’hui de 5373 euros en moyenne). Ce qui devrait les encourager à davantage s’assurer.


Les non-assurés n'auront que la moitié des indemnités des assurés

Autre incitation : comme la réglementation européenne le prévoit, le texte précise que pour les exploitants agricoles n’ayant pas souscrit d’assurance récolte, l’indemnisation par l’Etat ne pourra représenter au plus 50% de celle « perçue par les exploitants agricoles subissant les mêmes pertes et assurés ».  

Avec ce texte, le rapporteur Frédéric Descrozaille avait annoncé dans le cadre du Varenne de l’eau l’objectif que 60% des surfaces soient couvertes par l’assurance en grandes cultures et viticulture en 2030 et 30% en prairie et en arboriculture (contre 30% en grandes cultures et viticulture aujourd’hui, 3% en arboriculture et 1% pour les prairies).


La solidarité nationale plutôt qu’une CVO

A son article 1er bis, le texte inscrit dans le marbre « l’application systématique d’un principe de solidarité nationale ». Emmanuel Macron a promis dès 2023 une enveloppe de 600 millions d’euros dédiée à la gestion des risques climatiques en agriculture y compris les fonds publics contre 300 millions d’euros aujourd’hui. Les députés ont rejeté hier l’idée proposée par les députés socialistes d’un financement provenant d’une cotisation volontaire obligatoire appliquée dans les différentes filières agricoles (CVO).

Les plus lus

Carte des zones réglementées en lien avec la DNC au 30 octobre 2025
Dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC) : le nombre de foyers atteint 95 après un nouveau cas dans les Pyrénées orientales

Après un nouveau cas de DNC dans le Jura, un 9e cas est annoncé dans les Pyrénées orientales portant le bilan à 95 foyers de…

Agriculteur faisant une déclaration de MAEC sur son ordinateur dans le cadre de la PAC.
Aides PAC 2023-2027 : quelles sont les productions affectées par la réforme ?

Après la réforme de la PAC entre 2022 et 2023, les aides PAC ont changé pour 61 % des exploitations, avec 27 % en baisse et 34…

Parc de machines agricoles en élevage laitier en Maine-et-Loire
Coûts de mécanisation en agriculture : « Il y a encore des économies possibles, d’environ 17 600 euros par an et par exploitation dans les Pays de la Loire »

Une étude de l’Union des Cuma des Pays de la Loire pointe des économies sur les charges de mécanisation réalisables pour 60…

Cartes des foyers de FC03 et FCO8 depuis le 1er juin 2025
Les cas de FCO 3 et 8 progressent toujours sur le territoire

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture en date du 30 octobre, 6523 foyers de FCO de sérotype 3 et 3020…

Gendarmes contrôlant une camionnette blanche
DNC : 8 verbalisations sur 679 points de contrôle des mouvements de bovins

La ministre de l’Agriculture fait le point sur les contrôles renforcés visant les mouvements illicites de bovins, responsables…

Carte des cas de DNC en Catalogne au 21 octobre 2025.
Dermatose nodulaire contagieuse bovine : en Espagne, le nombre de cas de DNC grimpe à 17

Le dernier bilan fait état de 17 foyers de DNC enregistrés en Catalogne soit sept de plus en une semaine. 

 …

Publicité