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La filière bio accélère son développement

La filière viande bovine bio se prépare à accueillir les fruits d'une vague importante de conversions en 2014 et 2015. La demande poursuit sa croissance, et le travail sur la valorisation des mâles en bio est relancé.

L'année 2015 a été celle d’une vague de conversions à l’agriculture biologique, avec 500 élevages allaitants et 150 élevages laitiers entrés dans le dispositif. Le mouvement d’accélération s’était amorcé en 2014 en élevage allaitant, et en élevage laitier, c’est fin 2015 et en ce début 2016 qu’il semble vraiment décoller. L’année 2016 devrait ainsi être une année de transition. D'ici deux ans, les volumes de sortie qui vont résulter des conversions devraient progresser fortement. Les cheptels engagés en 2015 en bovins allaitants représentent 20 % de l’actuel cheptel bio et en conversion, soit plus de 24 000 vaches. La commission bio d’Interbev est en train de se doter d’outils qui permettront une connaissance plus fine de la typologie des élevages en conversion. La problématique est de déterminer quelle part d’animaux seront engraissés dans ces troupeaux – ce qui est souvent lié au niveau de prix du marché conventionnel en broutard.

« Le dynamisme des conversions en viande bovine est positif, car notre éthique est de rechercher le développement de l’agriculture biologique », commente Philippe Cabarat, président de la commission bio d’Interbev. « Il faut être responsable, et créer les marchés correspondant à l’arrivée de ces nouveaux élevages en conversion. Nous communiquons vers les éleveurs en conversion pour les sensibiliser au fait que c’est l’organisation des filières qui permet de maîtriser les prix en bio. Cela fonctionne par la contractualisation, la planification des sorties, et autres outils tels que des compléments de prix pour inciter à la régularité des sorties d’animaux », explique le responsable professionnel.

Une croissance régulière de la demande en viande bovine bio

Cela est nécessaire pour que les opérateurs économiques accompagnent au mieux le développement des marchés sans déstabilisation. Les professionnels sont confiants. L’augmentation de la consommation de viande bovine bio est comprise entre 7 et 12 % par an, année après année. Et globalement, ces dernières années, les conséquences des facteurs climatiques, de la fin des quotas laitiers et de la FCO ont été bien gérés grâce à des filières biologiques structurées. En viande bovine bio, les cours rendu abattoir, tous type et catégorie confondus, sont restés stables sur 2014 et 2015 et se situaient en moyenne de 15 % au-dessus des cours conventionnels sur 2015 (12 % sur 2014). La grande distribution représentait en 2014 la moitié des débouchés des viandes de gros bovins bio allaitants. Les autres circuits de distribution étant pour 20 % la boucherie traditionnelle, 9 % les magasins spécialisés, 7 % la restauration hors domicile et 11 % les autres circuits (vente directe).

Pour la commission bio d’Interbev, la filière doit d’abord renforcer les systèmes d’élevage en place, en résolvant le problème persistant de la valorisation des mâles au sein de la filière biologique. À l’échelle de la France, pour 100 000 vaches allaitantes conduites en système bio, environ 39 000 animaux sont abattus et commercialisés dans la filière bio actuellement. Même si des disparités régionales sont bien connues, à l’image des pratiques en système conventionnel, les marges de progrès sont très importantes du côté de l’engraissement des mâles.

Un plan national pour développer l’offre de veaux blancs et rosés

La commission bio d’Interbev a travaillé sur la contractualisation de bœufs (voir page ?). Le développement du « baron bio »(1) continue. Il représente un débouché intéressant pour environ 5 % des mâles issus des élevages allaitants bio. Les ressources fourragères et en concentrés doivent en effet être importantes pour produire ce type d’animaux. La troisième voie, sur laquelle un gros effort est actuellement mené par l’interprofession, est le développement de la production de veaux sous la mère. « Trois produits ont été définis », détaille Jean-François Deglorie, animateur technique de la commission bio d’Interbev. « Le veau rosé clair de moins de 135 kilos de carcasse, destiné à la boucherie artisanale, va se développer en fonction de l'ouverture de nouvelles boucheries bio et rayons traditionnels. Le veau rosé par contre, qui peut atteindre 170 kilos de carcasse, a de belles perspectives en restauration collective. Sur ce marché, il est pertinent par rapport à la volaille, tout en offrant une rémunération satisfaisante à l’éleveur. Et le même type d’animaux, dont le potentiel existe, est à la recherche d’un partenaire de la grande distribution pour se proposer en découpes à grande échelle aux consommateurs. »

La crise a pu jouer un rôle accélérateur sur le mouvement des conversions. L’agriculture biologique n’est cependant pas forcément la meilleure solution pour des exploitations qui ont été malmenées par plusieurs années de crise. Une certaine solidité financière est nécessaire pour passer la phase de conversion, et il faut disposer d’une aptitude et d’un temps pour se former aux techniques employées. Il est en tous cas très important de se faire accompagner pour déterminer les orientations techniques et préparer les premières mises en marché d’animaux.

Incertitudes sur les aides à la conversion et au maintien

L’APCA, la Fnab et le Syndicat des transformateurs et distributeurs bio ont alerté en début d’année sur la menace qui pèse sur les aides à la conversion et au maintien de l’agriculture biologique. « Dans plusieurs régions, les aides programmées pour la période 2015-2020 sont d’ores et déjà épuisées. Et dans d’autres, elles sont drastiquement restreintes et plafonnées. » Des réunions sont programmées ce printemps avec les pouvoirs publics pour travailler sur cette question, très importante pour le soutien de la dynamique actuelle. L’une des idées avancées est de cibler les aides vers des systèmes d’élevage qui ont montré leurs performances. Le ministre pense également déjà à la prochaine PAC. L'idée serait de trouver une place plus spécifique à la bio dans la PAC que celle qu'elle tient actuellement dans le second pilier.

L’autre élément qui définira le paysage bio des prochaines années est le nouveau règlement européen bio, qui est actuellement en phase de trilogue(2). Si le texte est défini en 2016, son application est prévue pour 2018. « A priori, nous n’attendons pas de gros changements pour les élevages allaitants. Mais il faut être vigilant sur les détails qui peuvent se révéler importants », commente Philippe Cabarat. Le sujet de la mixité au sein d’une exploitation (un atelier bio et un autre atelier non bio), de l’attache des animaux, des pratiques d’écornage et castration, les conditions d’utilisation des huiles essentielles en phytothérapie, la notion de région pour l’origine des compléments alimentaires sont les principaux points débattus concernant les élevages allaitants.

(1) Des mâles entiers, abattus à l’âge de 15-17 mois, de conformation au minimum R- et de poids minimum 280 kg C.(2) Réunion tripartite informelle entre représentants du Parlement, du Conseil et de la Commission.
Les cours rendu abattoir, tous type et catégorie confondus, sont restés stables en bio sur 2014 et 2015

Une arrivée graduelle des vaches laitières sur le marché bio

En élevage laitier, souvent, le système de la conversion non simultanée est choisi et les animaux ne sont vendus en filière bio que lorsqu’ils ont atteint les trois quarts de leur vie en bio. « Ceci présage d’une arrivée graduelle des vaches laitières sur le marché. La vente de lait bio est le premier objectif », explique Jean-François Deglorie, animateur technique de la commission bio d’Interbev. Une partie des éleveurs laitiers engraissent leurs vaches pour les commercialiser en filière bio organisée, mais la vente de viande bovine répond plus souvent à une logique d’opportunité commerciale. Actuellement, à dire d'expert, 35 % des vaches laitières bio seraient engraissées et commercialisées dans la filière.

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