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La FNB souhaite faire bouger le logiciel de fonctionnement des OP 

L’idée de mettre en place une Association d’Organisation de Producteur pour, à terme, permettre à l’amont de la production de mieux défendre les prix a été au centre des débats lors de la dernière Assemblée Générale de la Fédération Nationale Bovine.

La dernière Assemblée générale de la Fédération Nationale Bovine a eu lieu à Anse dans le Rhône et à côté de Laurent Wauquiez, Président du Conseil Régional Aura, plusieurs autres élus avaient eux aussi fait le déplacement. © F.d'Alteroche
La dernière Assemblée générale de la Fédération Nationale Bovine a eu lieu à Anse dans le Rhône et à côté de Laurent Wauquiez, Président du Conseil Régional Aura, plusieurs autres élus avaient eux aussi fait le déplacement.
© F.d'Alteroche

Pas de salut pour les producteurs de viande bovine sans une hausse substantiel du prix de leurs animaux. Cette thématique a été le fil conducteur des débats à l’occasion de la dernière Assemblée Générale de la Fédération Nationale Bovine qui s’est déroulée les 5 et 6 février dernier à Anse, dans le Rhône. Après plusieurs années éprouvantes où, à l’impact d’un prix de vente le plus souvent en deçà des coûts de production est venu se surajouter celui d’une météo particulièrement défavorable dans bien des départements, les trésoreries se tendent dangereusement. D’après les premières analyses de l’Institut de l’élevage, les revenus 2019 se seraient encore dégradés dans la plupart des systèmes de production comparativement à ceux déjà modestes de 2018. Conforter le prix du bétail est également indispensable pour enrayer l’actuelle décapitalisation du cheptel et inciter davantage de jeunes à s’installer. Si on s’en tient au seul prix moyen pondéré des gros bovins entrée abattoir établi par France Agrimer, ce chiffre était de 3,56 €/kg de carcasse l’an dernier, similaire à 2018 mais en net recul par rapport à 2013 quand l’appel d’air créé par le débouché turc sur les JB lui avait permis de grimper à 3.95 € !

Enrayer le recul du cheptel

Côté statistique, les données de la BDNI sont préoccupantes. Le troupeau allaitant français a reculé de 185 000 vaches entre juillet 2016 et juillet 2019. En décembre il s’affichait à 3,8 millions de têtes. Ce niveau historiquement bas ne pourra être enrayé sur l’année en cours dans la mesure où le nombre de génisses actuellement détenues dans les élevages est lui aussi en net recul. Côté installations, là aussi il y a urgence. Le nombre de détenteurs de troupeaux de plus de 20 vaches recule depuis trois ans de 1 500 unités/an contre environ 800/an les années précédentes. La moitié du cheptel allaitant français serait actuellement détenue par des éleveurs âgés de plus de 50 ans. Même sans être expert en statistiques, la production sera vite dans une situation critique si la France entend conserver le modèle d’exploitations familiales qui a été le sien jusqu’à présent. « C’est bien d’avoir un beau métier encore faut-il pouvoir en vivre ! » soulignait Bruno Dufayet, président de la FNB. Pourtant, tous les indicateurs de marchés sont au vert : la consommation se tient, les marchés d’export sont ouverts et les importations sont maîtrisées, mais le revenu annuel moyen est de 13 800 € par éleveur en 2019 avec 1 500 éleveurs en moins !

Pour tendre les prix à la production, stimuler les exportations vers les pays tiers est analysé comme incontournable. Pour le maigre, certaines destinations sont étroitement liées aux aléas sanitaires et politiques. Le fait d’avoir pu vendre l’an dernier quelques 80 000 têtes vers les pays tiers dont une grosse part en Algérie a été salutaire pour éviter d’être trop dépendant du seul débouché Italien. Côté viande finie, les regards sont braqués sur la Chine. Malgré les interrogations liées à l’arrivée de l’épidémie de coronavirus, les perspectives offertes par ce pays sont analysées comme intéressantes. Le soutien d’Emmanuel Macron pour mieux faire connaître la qualité de viande Française lors de sa visite d’Etat en novembre dernier a été unanimement salué. « Maintenant que les portes sont ouvertes, c’est à nous de transformer l’essai. » a reconnu Gilles Gauthier président de Fedev.

Changer de logiciel

Mais en dépit d’une consommation qui se tient, d’un recul de la production, et d’exportations globalement stables côté volumes, les prix payés aux éleveurs ne sont toujours pas en phase avec leurs coûts de production. « Nous faisons ensemble le constat d’un échec collectif sur la question du prix, syndicalisme comme coopération. » précisait Bruno Dufayet. « L’organisation actuelle de nos OP ne fonctionne pas pour faire remonter les prix dans les cours de ferme. Il y a urgence à changer de logiciel ! » Face à un aval de plus en plus concentré, la Fédération Nationale Bovine appelle à la nécessité de faire bouger le fonctionnement des organisations de producteurs. « Nous demandons que les différentes OP agissent de façon plus soudée et coopèrent. Il s’agit de faire en sortent qu’elles soient guidées par la priorité du prix à l’éleveur. » Le souhait des représentants de la Fédération Nationale Bovine est que la soixantaine d’OP commerciales et la trentaine d’OP non-commerciales puissent collaborer davantage en se constituant en associations d’OP (AOP) leur permettant de peser davantage. Cette initiative a reçu le soutien du ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, qui s'est engagé à « organiser une réunion sur ce sujet après le Salon de l’Agriculture». «Nos adhérents vont se positionner pour créer une AOP», a indiqué Philippe Auger, président d'Elvéa France en ajoutant « Créer une AOP, ce n’est pas fusionner des OP ! Chacun garde son identité. Le seul objectif, c’est d’aller vers une négociation collective pour arriver groupés et plus forts sur les différents marchés. »

Après avoir été chahuté par la salle au sein de laquelle se trouvaient de nombreux adhérents de coopératives pourtant fidèles apporteurs mais parfois très remontés vis-à-vis de leurs OP, Bruno Colin, président du pôle animal de la Coopération agricole (ex-Coop de France) a expliqué qu’il prenait l’engagement d’envoyer dans les plus brefs délais à tous les adhérents du pôle animal de la coopération agricole la consigne d’envoyer des propositions de contrats construits sur la base du coût de production. « Aujourd’hui, nous sommes à un point de départ. Maintenant on passe à l’action. On impulse la création d’AOP, dans les semaines qui viennent. Et on ne lâchera pas l’affaire. Nous savons nous montrer coriaces. Nous ne voulons pas nous retrouver au congrès 2021 avec le même constat. » a conclu Bruno Dufayet.

 

A l’occasion de cette Assemblée Générale certaines des figures emblématiques du bureau de la fédération Nationale Bovine ont aussi passé le relais. Guy Hermouet (Vendée) Roger Lanfroy (Marne), Jean-Paul Thenot (Puy de Dôme) et Alain Cazaux (Pyrénées Atlantique) ont cédé leur place. « A tous les quatre nous avions 120 ans de présence ! » soulignait Guy Hermouet en ajoutant que « la défense des prix pour les producteurs a toujours été notre leitmotiv. » Du côté des administratifs, l’année 2019 a aussi été marquée par le départ en retraite d’Eric Chapelle dont le dévouement à la Fédération et toute la perspicacité dans la gestion des dossiers a été salué par une « standing ovation ».

 

 

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