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Export de bovins vivants au Maghreb : savoir orchestrer le ballet des bétaillères

À côté du volet financier et du savoir-faire commercial, organiser le départ de 1 000 à 1 500 têtes pour le Maghreb exige une excellente maîtrise de la logistique pour orchestrer le ballet de la trentaine de camions nécessaires au remplissage d’un navire bétailler.

Planifier le chargement d’un camion d’une cinquantaine de broutards destinés à un ou des engraisseurs italiens demande un certain savoir-faire. Ce travail est somme toute assez simple si on doit le comparer au chargement d’un bateau de 1 000 à 1 500 têtes destinées au Maghreb ou au Moyen-Orient. En France, seule une poignée d’entreprises sont à même de mener à bien ce travail qui, selon la catégorie et le poids des animaux vendus et la capacité du navire, nécessite de faire converger simultanément 30 à 35 camions remplis des lots de bovins correspondant à ce qui a été précisément demandé par les différents clients tout en respectant les exigences sanitaires et en s’assurant surtout au préalable que la marchandise va être payée !

Anticiper un bon mois à l’avance

La plupart des navires bétaillers officiant en Méditerranée ont une capacité oscillant entre 800 et 3 000 têtes et les « 1 200 à 1 500 têtes » sont les plus nombreux ou tout du moins les plus utilisés depuis le port de Sète. Ces bateaux appartiennent souvent à des armateurs libanais ou syriens et la nationalité des membres d’équipage est généralement bien plus cosmopolite. Un même chargement associe classiquement génisses laitières et broutards. « Nous avons souvent des clients qui prennent les deux catégories, compte tenu de la double activité lait + viande de leurs exploitations. Rassembler les animaux nécessaires à l’affrètement d’un bateau s’anticipe à peu près un mois à l’avance », explique Christian Berthet dont l’entreprise familiale, la SAS Berthet basée à Fleurieux-sur-l’Arbresle dans le Rhône, travaille depuis une dizaine d’années sur les pays tiers. Il s’agit bien entendu dans un premier temps de faire coïncider les attentes des clients avec le disponible. Une fois les animaux achetés et dans l’attente du chargement, ils sont au préalable rassemblés dans des ateliers où ils bénéficient d’une quarantaine au cours de laquelle est réalisée la préparation alimentaire et sanitaire précédant leur départ. Ces ateliers de repousse sont organisés de façon contractuelle avec des éleveurs mettant à disposition leurs bâtiments. « Ils sont pointus sur la manipulation, le sanitaire et l’alimentation. Mais nous sommes seuls décisionnaires sur les dates d’entrée et de sortie. Leur rémunération repose sur le temps de présence des animaux. Il n’est pas envisageable de les payer au kilo de croît pour des broutards qui resteront chez eux très peu de temps », souligne Alexandre Berthet, fils du précédent et responsable achat en charge de la logistique.

Organiser et planifier le chargement du navire

La planification nécessaire pour faire en sorte que la trentaine de camions arrivent à Sète à la bonne heure et au bon moment pour enchaîner les chargements du bateau dans un ordre précis demande un sacré savoir-faire. Il s’agit d’organiser et planifier les horaires de départ et surtout ceux d’arrivée pour faire en sorte que les animaux attendent le moins possible dans les camions avant leur chargement sur le navire. Peu avant leur départ, les broutards provenant du Sud du Massif central sont rassemblés dans un centre de 500 places situé près d’Albi dans le Tarn et ceux du Centre Est le sont à Cortambert, près de Cluny en Saône-et-Loire. La veille du départ du bateau, les camions partent dans la nuit et leur arrivée s’échelonne à Sète à partir de 6 heures du matin. Cela permet de démarrer le chargement dès l’arrivée des premiers camions et de l’achever avant la fin de la matinée. Et si des camions doivent arriver la veille, les animaux qu’ils ont convoyés sont placés dans les parcs d’attente de la Sepab. « On travaille avec des transporteurs et on connaît parfaitement le temps nécessaire pour aller à Sète depuis nos différents sites. » Pour pallier à tout problème technique, la SAS Berthet garde en réserve « au cas où » un de ses semi-remorques. Il est très rarement utilisé mais c’est une sécurité. « C’est nous qui achetons le foin et la paille utilisés sur le bateau et je suis pointilleux sur leur qualité. On fait pailler le bateau et on contrôle évidemment que c’est fait et bien fait avant de faire monter les premiers animaux », précise Christian Berthet.

Les navires sont d’abord chargés par le bas pour préserver l’équilibre du bateau. « On organise très souvent ces chargements le vendredi pour que les animaux arrivent le dimanche. » Cette journée correspond au début de la semaine en Algérie puisque dans ce pays, les journées de repos hebdomadaires correspondent au vendredi et au samedi. « Pour permettre un travail efficace avec l’administration et les banques algériennes, on dispose du lundi au jeudi matin. Les autres jours, c’est fermé soit chez eux, soit chez nous ! C’est une autre difficulté à savoir anticiper. »

Une quarantaine d’heures en mer

Pour des départs sur l’Algérie, destination actuellement la plus courante, la durée du transport depuis Sète est d’une quarantaine d’heures pour Alger, un peu plus pour Oran. Tout dépend aussi de la météo en mer. « Nous avons tout le temps un accompagnateur à bord. C’est un Algérien qui arrive en avion et repart en bateau avec les animaux. Il fait aussi les transports sur la Tunisie. Nous n’avons pas trouvé de Français qui veuillent le faire. » La vie à bord du bateau est il est vrai un peu spartiate tout en endossant un haut niveau de responsabilités. Les accidents sont très rares, mais les pertes sont toujours possibles comme lors de toute opération de transport d’animaux vivants. « Dans nos ventes sur l’Algérie, on assure nos animaux 14 jours après le déchargement. On en est donc responsable économiquement. Nous avons forcément tout intérêt à ce que tout se déroule au mieux pour que notre client soit satisfait de façon à poursuivre dans la durée nos relations commerciales. »

La SAS Berthet, c’est :

• 75 000 bovins par an à peu près répartis en trois tiers côté chiffre d’affaires ;
• Une activité veaux maigres laitiers avec dans l’ordre trois principaux débouchés : Espagne, Italie et France ;
• Une activité broutards et laitonnes avec une majorité de Charolais complétés par des Limousins, Aubrac et croisés. Autant d’animaux destinés à l’Italie et l’Espagne ;
• Une activité pays tiers concernant tant les génisses laitières, principalement Holstein et Montbéliardes gestantes de 4 à 7 mois que les broutards. Les principales destinations sont actuellement l’Algérie et la Tunisie après avoir eu une belle activité sur la Turquie quand ce pays était ouvert.

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