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Élevage bovins viande : « nous avons fait intervenir un géobiologue suite à une mortalité anormale des veaux »

Au Gaec Duverger dans l’Allier, des veaux sont tombés malades de façon anormale durant l’année 2020. Après avoir exploré toutes les hypothèses, le passage d’un géobiologue a permis de détecter une faille sous le bâtiment. Un lien entre la ligne haute tension située à 300 mètres durant une année particulièrement sèche est présumé.

Christophe et Gérard Duverger, éleveurs de 150 charolaises et de 250 brebis à Saint-Pierre-Laval dans l’Allier, ont fait construire en 1994 un nouveau bâtiment. Une partie des vêlages, environ 55 chaque année, s’y déroulent depuis 2010. Les premières années, rien de spécial n’a été observé sur ces vêlages et le démarrage des petits veaux. Et puis de gros problèmes se sont déclarés en 2020.

Les vêlages se passaient très bien, les vaches délivraient normalement et récupéraient bien pour démarrer leur allaitement. Les petits veaux naissaient vifs, se levaient et tétaient, et leur nombril séchait bien. « Ils étaient en forme pendant leurs trois premiers jours, et quand ils étaient presque prêts à ressortir au pré avec leurs mères, vers l’âge de quatre jours, ils se mettaient à souffler et déclaraient une très forte fièvre (39 à 42 °C) dont certains mourraient », rembobinent les éleveurs. Cette année, ils ont perdu huit veaux et ont eu beaucoup de soins à faire sur de nombreux autres nouveau-nés. « Ce n’était pas des pertes « normales ». Avec notre vétérinaire, nous avons tout contrôlé. »

Les éleveurs ont emmené au laboratoire pour autopsie les veaux morts. Pas de problème cardiaque, pas d’anomalie anatomique, pas de défaut de la thyroïde. Les dépistages parasitologiques ont montré qu’il n’y avait pas d’infestation. La ration des vaches était bien adaptée avec 12,5 % de MAT et des apports en fin de gestation d’oligo-éléments bien dosés. La qualité du transfert colostral a été vérifiée à partir de prises de sang sur des veaux de 10 jours.

Ration, colostrum, parasitisme, ventilation, eau

Christophe et Gérard Duverger ont aussi fait analyser l’eau d’abreuvement. « Nous nous sommes aperçus que l’eau qui venait d’une source n’avait pas une bonne qualité bactérienne durant les années sèches en été. Nous avons raccordé ce bâtiment sur le réseau communal pour pouvoir se passer de la source par moments. » Les éleveurs ont changé les abreuvoirs pour des grands bacs avec flotteurs. Et aussi, après test avec des fumigènes, ils ont vu qu’il était possible d’améliorer la ventilation du bâtiment en posant une quinzaine d’écailles supplémentaires en hauteur. « Tout ce qu’il est possible d’investiguer l’a été. »

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Le bâtiment est juste en face, à 300 mètres à vol d’oiseau et à une altitude équivalente, d’une ligne aérienne HTB2 (400 000 volts) et il est construit sur une source d'eau. 

S’étant aperçus que pour les quelques vaches ayant vêlé au pré faute d’avoir pu être rentrées à temps, les veaux restaient en pleine santé, Gérard et Christophe Duverger ont décidé de faire un test. Ils ont laissé vêler 25 vaches dehors, au risque qu’il soit difficile d’intervenir si un vêlage dystocique se présente. Aucun veau de ce lot n’a été malade.

« Notre vétérinaire nous a à ce stade suggéré de demander l’avis d’un géobiologue. Mickaël Pair est intervenu et a détecté que le bâtiment passe sur une faille qui s’ouvre beaucoup durant les années très sèches et très chaudes, comme c’était le cas en 2020. »

Des courants parasites de 2 à 5 mA dans les tubulaires

Le géobiologue a mesuré des courants de 2 à 5 mA dans les tubulaires et abreuvoirs du bâtiment. Avec ses baguettes, il a détecté le passage d’eau dans une faille sous le bâtiment. « Comment y remédier, s’est-on demandé ? C’est le monde à l’envers, car il aurait fallu faire cette étude géobiologique avant la conception du bâtiment. »

Des bâtonnets en cuivre et une pierre ont été positionnés en différents endroits que le géobiologue détermine pour permettre à ces courants d’être libérés. Il n’est cependant pas garanti, selon le spécialiste, que cela suffise une année où la faille s’ouvre beaucoup à cause d’une sécheresse.

Pragmatiques, les éleveurs sont très contents que le problème soit résolu jusqu’à présent et ils assument le coût relativement élevé de l’intervention du géobiologue pour le diagnostic et la correction. « Travailler en conditions agréables dans ce bâtiment n’a pas de prix. C’est maintenant un vrai bonheur de faire vêler dans ce bâtiment. »

Il leur a été difficile de faire valoir auprès du GDS leurs problèmes, car l’année 2020 s’est soldée avec un taux de mortalité des veaux entre 5 et 7 %, soit au même niveau que l’année précédente. Cela ne représentait donc pas une mortalité exceptionnelle en termes de taux. Par contre, pour les éleveurs, c’était clairement une mortalité anormale. Ils ont été entendus et ont pu bénéficier de la prise en charge de tous les frais d’analyse et d'autopsie.

Fiche élevage

150 charolaises avec vente de broutards et engraissement des femelles

250 brebis

250 ha dont 10 ha de céréales et 240 ha de prairies

2 associés en Gaec

Mickaël Pair, géobiologue : « Un diagnostic complet et des corrections à ajuster »

<em class="placeholder">Mickaël Pair, géobiologue</em>
Mickaël Pair, géobiologue de la SARL Agrisubtile conseil dans l’Allier et vice-président de l'association de géobiologue Agrigeobio

« Le bâtiment est juste en face, à 300 mètres à vol d’oiseau et à une altitude équivalente, d’une ligne aérienne HTB2 (400 000 volts) et il est construit sur une source d’eau. On peut supposer que les années où il fait très sec et chaud, les arbres et la végétation, situés entre la ligne et le bâtiment, ne font plus écran au champ électromagnétique de la ligne. Un phénomène d’induction va diffuser une tension parasite sous le bâtiment via l’eau, élément le plus conducteur dans un sol granitique et de faible profondeur. Il en résulte des tensions dans l’eau des abreuvoirs et du courant dans les tubulaires alors que l’électricité du bâtiment est disjonctée.

Une correction a été installée après ce diagnostic. Cependant, quand l’année s’annonce chaude et sèche, des courants parasites pourraient se manifester à nouveau. Auquel cas serait préconisé un ouvrage supplémentaire pour les évacuer : un blindage avec un gros grillage le long d’un mur bétonné dans le bâtiment, avec une mise à la terre par un fil de cuivre éloignée d’une centaine de mètres. Ce chantier peut techniquement être réalisé par les éleveurs eux-mêmes. »

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