Elevage bovins viande : « mon système d’élevage bio est toujours aussi solide »
Même s’il n’y a plus de différentiel sur les cours des bovins viande entre filières bio et conventionnelle, les systèmes d’élevage économes et autonomes conservent leur efficacité. Témoignage de Julien Tallec, éleveur en bio de limousines dans le Finistère, chez qui a été organisée en juillet une journée avec Interbio Bretagne et la chambre d’agriculture de Bretagne.
Même s’il n’y a plus de différentiel sur les cours des bovins viande entre filières bio et conventionnelle, les systèmes d’élevage économes et autonomes conservent leur efficacité. Témoignage de Julien Tallec, éleveur en bio de limousines dans le Finistère, chez qui a été organisée en juillet une journée avec Interbio Bretagne et la chambre d’agriculture de Bretagne.


« La viande bovine bio subit les effets de la baisse des installations et de la réduction du cheptel au même rythme que l’ensemble de la filière. Il y a moins d’animaux produits. Mais la consommation résiste et il n’y a pas de remise en question sur le fait que la viande bovine bio répond aux attentes de la société. Nous avons subi des déréférencements dans certaines enseignes généralistes à cause de l’inflation. Dans les autres circuits de vente, comme la distribution spécialisée en bio, la restauration collective, le marché se tient et la structuration de la filière se poursuit. C’est ce que nous avons pu partager à l’occasion d’une journée organisée sur mon élevage en juillet, avec les interventions d’Interbio Bretagne, de la chambre d’agriculture de Bretagne et de Bretagne viande bio.
Des déférencements en enseigne généraliste
Mon système d’élevage autonome et économe reste complètement pertinent. Avec 35 limousines sur une soixantaine d’hectares de prairies (et 6 ha de blé noir), je ne produis pas de céréales pour le troupeau et j’engraisse des animaux 100 % à l’herbe. Pour cela, le croisement Angus sur les génisses (uniquement pour le premier vêlage), comme pratiqué à la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou, marche bien : les croisés sont plus précoces et s’engraissent plus facilement au pâturage pour une vente à 30 mois. Ce n’est pas évident d’avoir un bon niveau de finition sur des bœufs limousins 100 % à l’herbe.
Même si les cours des femelles en bio se trouvent à peu près au même niveau que dans le circuit conventionnel, et que les jeunes bovins, on manque de visibilité en bio (sur la prochaine saison), cela ne change pas ma stratégie. Je vends des vaches et des génisses finies et quelques bœufs à Bretagne viande bio. Étant donné le niveau des cours du maigre, je fais moins de bœufs et vends plus de broutards, qui partent (malheureusement) dans le circuit conventionnel.
Et les cours des bovins n’incitent pas à se lancer dans des itinéraires techniques expérimentaux pour les mâles actuellement. Pour que cela s’envisage du point de vue de l’éleveur, il faudrait que les structures d’aval donnent une avance sur la vente de ces mâles en filière bio. »