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Chez Jean-Valéry Leroyer dans la Sarthe
Des Salers sans cornes très bien élevées

Double actif, Jean-Valéry Leroyer élève trente Salers en race pure sur une exploitation dont la SAU est composée à 100 % de prairies. Il est passionné par la génétique et développe notamment le « sans cornes ». Le troupeau est en train de passer au vêlage à deux ans.

À Saint-Aubin-des-Coudrais, dans la Sarthe, Jean-Valéry Leroyer occupe un emploi d’acheteur-estimateur de bovins pour Bovi Perche (groupe Axéréal) à 70 % de son temps, et il se consacre du vendredi matin au lundi soir à son troupeau Salers. Cette activité d’élevage à temps partiel s’autofinance et permet de capitaliser. Jean-Valéry Leroyer s’est installé il y a une vingtaine d’années sur onze hectares, puis il a repris petit à petit des parcelles qui se libéraient. Aujourd’hui, l’exploitation fonctionne avec 43 hectares de prairies. « Je cultivais encore trois hectares de céréales et trois hectares de maïs l’an dernier mais cela représentait beaucoup d’exigences et de contraintes pour de si petites surfaces, et j’ai décidé d’arrêter. Cette année, j’ai semé un méteil qui sera suivi d’une prairie », explique l’éleveur. Il a prévu de mettre en place des mélanges à base de chicorée et de plantain sur ces parcelles. Il va d’autre part sursemer des légumineuses sur certaines prairies naturelles. « Je me suis lancé dans le pâturage tournant dynamique avec les conseils de PâtureSens il y a deux ans. » Deux blocs sont déjà découpés en paddocks. L’un d’eux est constitué de quinze paddocks de 38 ares pour 17 génisses pleines d’un à deux ans qui tourneront tous les deux jours. Jean-Valéry Leroyer commence en effet également à faire vêler à deux ans une grande partie de ses génisses. « En plus de suivre les recommandations de conduite qui permettent de réussir en vêlage à deux ans, je vais séparer les veaux de leurs mères durant la nuit pour que les génisses se reposent mieux. Je pense que ce sera favorable à une meilleure croissance et à l’expression des chaleurs », explique-t-il.

La bascule est un outil indispensable

Le troupeau est inscrit et suivi au contrôle de performances depuis le début. « La bascule est un outil indispensable. » Jean-Valéry Leroyer en possède une en copropriété avec un voisin. Les génisses sont pesées à 120 J, à 210 J, au sevrage, à la mise à l’herbe et avant l’IA, voire une fois encore dans l’hiver pour vérifier les croissances. Il arrive que les vaches en cours d’engraissement soient aussi pesées. « On a parfois des surprises. » Les génisses sont inséminées, c’est le moyen de sécuriser le vêlage, de rester connecté, et d’apporter de la variabilité génétique dans le troupeau. Un taureau dévié est utilisé comme souffleur. « C’est bien pratique quand je suis au travail toute la journée », estime Jean-Valéry Leroyer. Il sera ensuite prêté à un autre éleveur dont le troupeau vêle plus tard. L’éleveur ne laisse rien au hasard dans la conduite des animaux. Un flushing est réalisé en novembre (un kilo d’orge aplatie et tourteaux de soja et de colza, pendant un mois, sans oublier 100 g de minéraux de type 7/23), avant la mise à la reproduction qui démarre début décembre, les vêlages étant cadrés autour du 10 ou 15 septembre. Toutes les femelles sont échographiées au 1er février pour éviter de garder des animaux ayant des problèmes de fécondité. Des analyses parasitaires sont réalisées tous les ans pour évaluer la situation (strongles pulmonaires, strongles digestifs, paramphistomes et douves). Les strongles sont contrôlés par bolus la première année et les adultes ne sont plus jamais traités systématiquement. Si un traitement est nécessaire, il est effectué sous forme injectable. Tout le troupeau – veaux et adultes - est vacciné chaque année contre l’entérotoxémie avec un vaccin au spectre le plus large. Les veaux reçoivent un vaccin contre les maladies respiratoires par voie intra-nasale à quinze jours, puis un vaccin et son rappel dans l’automne, ce qui permet de les protéger avant la période à risques de décembre et janvier.

La double activité contraint à une recherche de grande efficacité dans le travail

Avec une surface réduite, Jean-Valéry Leroyer privilégie l’entraide et le recours à une Cuma pour son matériel. « Je possède un vieux tracteur à deux roues de 50 CV pour désiler et pailler, un tracteur récent « de tête » de 85 CV, une faneuse et un andaineur. » La faucheuse de 3,60 m est en copropriété. L’éleveur s’organise aussi avec des collègues pour d’autres fournitures. Un camion de scories potassiques est partagé avec un éleveur qui a beaucoup plus de prairies que lui à fertiliser. Un échange paille/fumier avec un voisin est en place, selon les barèmes établis par la chambre d’agriculture.

Récolte précoce des fourrages

Les prairies sont très séchantes et le système fourrager est calé pour récolter un maximum de fourrages avant fin mai. Les vaches sont d’ailleurs taries fin mai. La ration hivernale des vaches est composée d’ensilage de prairies temporaires et naturelles, avec uniquement des minéraux. Réalisé mi-mai, il titrait 18 % de MAT l’hiver dernier. Du foin et de la paille sont également mis à disposition. Jean-Valéry Leroyer récolte de l’enrubannage sur les petites parcelles début mai et parfois à l’automne. Il est distribué avant d’ouvrir le silo d’ensilage, puis à la mise à l’herbe qui intervient mi-mars, et aux quelques vaches qui sont engraissées (avec un mélange composé de 70 % d’orge aplatie et 30 % d’un mélange de tourteau de soja et tourteau de colza). Du foin en deuxième coupe est récolté mi-juillet sur ces parcelles. Il est alors facile à sécher et de très bonne valeur. Jean-Valéry Leroyer s’appuie pour faucher d’abord sur le stade physiologique de la prairie, sur la fenêtre météo, puis sur le calendrier lunaire pour faucher (faucher en lune montante et en jour « feuilles »). « Cela fait souvent rire mes collègues, mais les valeurs alimentaires de mes fourrages sont excellentes ! » 

 

 

 

 

 
 

 

 

 

La génétique et le « sans cornes » : une passion qui améliore le résultat économique

Le troupeau a été construit sur la base d’une vingtaine de vaches qui appartenaient à son père. Au bout de quelques années, Jean-Valéry Leroyer a acheté deux années de suite des petites laitonnes au sevrage dans un troupeau de sélection. Il a fait naître en 2011 un très bon mâle, Houston, fils d’un taureau acheté au Gaec de Solignac dans le Cantal (Baltimore) et d’une souche femelle achetée elle aussi. Houston est diffusé à l’insémination depuis deux ans. Depuis 2008, il s’est lancé dans le « sans cornes » en rejoignant le « GIE Polled excellence », groupe de vingt-huit éleveurs. Le GIE vend des reproducteurs, de la semence et des embryons de quatre souches Salers sans cornes. Aujourd’hui, la moitié des femelles de Jean-Valéry Leroyer sont hétérozygotes sans cornes. Deux taureaux homozygotes détenus en copropriété par le « GIE Polled excellence » - Joker et Calligan - sont passés dans son troupeau. Jean-Valéry Leroyer a ensuite acheté Jupiter, un hétérozygote petit-fils de Garou né au Gaec de Solignac et très bien indexé (Ivmat : 116, Isevr : 119) qui a sailli des vaches hétérozygotes. Les premiers homozygotes devraient bientôt se présenter. « Mon objectif est d’obtenir un maximum d’homozygotes sans cornes d’ici sept à huit ans, avec toutes les qualités requises pour la Salers, en particulier la facilité de naissance, la production laitière et le bassin. » Les vaches donnent des carcasses de 450 kg. L’éleveur souhaite contrôler le format, car le coût d’entretien des vaches est important, et gagner en épaisseur. L’objectif est d’atteindre 57 à 58 % de rendement carcasse, contre 56 % aujourd’hui.

 

 

Delphine Breton, chargée de mission viande bovine, chambre d'agriculture de la Sarthe

« Une mise à la reproduction précoce pour gagner en productivité »

« Jean-Valéry Leroyer axe son élevage sur une recherche permanente d’efficacité du travail, dans ce contexte de double activité. C’est un éleveur qui privilégie les qualités maternelles de son troupeau pour diminuer sa charge de travail. Comme les veaux ne sont pas complémentés, le poids-âge type indique une bonne performance génétique et une bonne production laitière (voir tableau). Pour diminuer les coûts d’alimentation, la valorisation de l’herbe est maximisée par le pâturage tournant dynamique. Les objectifs du vêlage à 24 mois sont d’augmenter la productivité du troupeau, pour rembourser le bâtiment, et d’avancer plus vite sur la génétique sans cornes. La mise à la reproduction des génisses est décidée en fonction du poids (410 kg vif soit 60 % du poids adulte), et non en fonction de l’âge. »

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