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Elevage bovin
Des reproducteurs et des boeufs bio salers sur les prairies normandes

Dans le Pays d´Auge, où règnent les Normandes, Michel Tafanel élève des Salers qui portent des cloches et sont hivernées entravées. La gestion rigoureuse du tout herbe et de l´orientation commerciale du système permet d´atteindre d´intéressants résultats.


Michel Tafanel, natif d´Auvergne et fils de paysans du Cantal, a commencé l´élevage de Salers vers l´âge de quarante ans. Il partage son temps entre Paris, où il mène ses autres activités professionnelles et le Pays d´Auge, à moins de deux heures par l´autoroute. C´est dans cette région à vocation herbagère de l´est du Calvados - où les Salers ne sont cependant pas rares en particulier chez les éleveurs de chevaux qui apprécient leur rusticité - qu´il a constitué son troupeau, sur des terrains qui n´étaient pas une exploitation et où tout était à construire. Le président du Herd-book, bien sûr passionné de génétique, avait jusqu´en 2000 orienté essentiellement son système d´élevage vers la vente de génisses amouillantes et de taureaux. Et puis, à l´issue de sa participation à un groupe de réflexion animé par la Chambre d´agriculture après la crise de 1996, il a entamé la conversion de son système vers l´agriculture biologique. « Les aides à la conversion nous ont aidé à capitaliser afin de passer d´un système broutards à un système boeufs de trente-six mois. »

Et depuis 2000, l´éleveur vend sous label bio. « Le passage en bio a sans conteste permis d´assurer la pérennité du système. Le prix des génisses notamment avait beaucoup baissé après la première crise de l´ESB. » Des vaches de réforme et des boeufs passent par le biais de la filière régionale Normandie Viande Bio.

 

©Scott Dee


Des boeufs R+ de 36 mois à 430 kg de C payés 1450 ?
Les animaux sont annoncés environ un trimestre à l´avance et sont visités, les tarifs sont basés sur une grille établie selon la race et le poids des carcasses. La grille est revue toutes les semaines avec les abattoirs, mais les tarifs sont relativement stables. Des broutards sont aussi vendus même s´ils trouvent un acheteur bien souvent dans la filière conventionnelle. La vente de taureaux et de génisses amouillantes est parallèlement poursuivie.
Michel Tafanel a la satisfaction après quelques années de rôdage technique de bien avoir progressé dans la valorisation de ses boeufs. « Il ne faut pas trop les chahuter. On les garde tranquillement dans les parcelles qui sont éloignées, et ils reçoivent du foin pendant l´hivernage en bâtiment. Pour une vente en mars-avril, ils ont à partir de septembre 1,5 à 2 kilos de concentré. » En 2003, ils pesaient en moyenne 430 kilos de carcasse et ont été vendus 3,31 euros le kilo de carcasse. En 2004, le lot a été encore meilleur avec 470 kilos de carcasse et une valorisation de 3,60 euros le kilo de carcasse.

 

 

©Scott Dee


Pour l´orientation des génisses, c´est la demande en amouillantes qui prime. « Avant j´étais têtu, je tenais à en garder une certaine proportion pour assurer un renouvellement important du troupeau. Maintenant quand j´ai des clients, je les vends. Cette année, 15 parmi les 28 dont je dispose sont déjà retenues. » Par contre celles qui ne plaisent pas à l´éleveur sont conduites avec les boeufs et personne ne les voit. La destination des mâles se décide à l´automne au moment de leur sevrage. Quand les cours des broutards sont intéressants, Michel Tafanel n´hésite pas à se séparer d´un lot homogène de 12 ou 16 mâles sur ce marché à l´automne.

 

 

©Scott Dee


C´est ce qu´il a fait en 2003. Ce sont souvent les derniers-nés qui sont castrés, bien que cela ne porte pas beaucoup à décalage car chez Michel Tafanel les vêlages sont particulièrement groupés : une soixantaine de mises-bas ont lieu entre début janvier et fin mars. Cela lui permet cependant, comme il les conduit sans chercher de forte croissance jusqu´à l´âge de 36 mois, de les avoir prêts en mars-avril c´est-à-dire quand il n´y en a plus trop sur le marché. « Je trie aussi à l´automne les meilleurs mâles qui sont destinés à devenir reproducteurs. Une partie est vendue dans l´année, j´en garde toujours d´autres que j´utilise en attendant qu´ils trouvent preneurs l´année suivante. »
« Je ne tiens pas cependant à multiplier le nombre de taureaux en service pour que le troupeau « se ressemble » », explique l´éleveur qui fait naître les 5 veaux issus d´inséminations artificielles nécessaires à la connexion du troupeau, ni plus ni moins, et s´est attaché à garder le cap sur les qualités maternelles. « Mes vaches élèvent leur veau sans complément jusqu´à 350 kilos au sevrage, c´est un peu ma marque de fabrique ».

 

 

 

 

 

 

 

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