Des broutards vaccinés et déparasités pour l’Italie
Ces six derniersmois, Deltagro Export a exporté 2 000 broutards garantis vaccinés contre les maladies respiratoires et déparasités avant leur départ avec, à la clé, une plus-value pour l’éleveur.
Ces six derniersmois, Deltagro Export a exporté 2 000 broutards garantis vaccinés contre les maladies respiratoires et déparasités avant leur départ avec, à la clé, une plus-value pour l’éleveur.
Vacciner les broutards avant de les exporter, l’idée ne date pas d’aujourd’hui. Elle a souvent alimenté les débats, voire fait l’objet d’annonces sans lendemain. Elle commence enfin à prendre tournure. Depuis juin dernier, Deltagro Export expédie en Italie des broutards préparés sur le plan sanitaire. Une démarche qui devrait concerner quelque 2 000 animaux pour 2018. « Ce sont des volumes marginaux pour l’instant, reconnaît Benoît Albinet, directeur commercial. Mais nous avons voulu concrétiser une idée dont on parle depuis des années et que les Américains ont mise en pratique depuis longtemps. Le but est de montrer le produit à nos clients. » Avec des animaux préparés, les engraisseurs italiens peuvent alléger le protocole sanitaire à l’arrivée, l’objectif étant notamment de réduire les traitements antibiotiques préventifs. De plus, les animaux sont protégés dès la mise en engraissement, ce qui diminue les risques pendant les premières semaines. Si la préparation sanitaire est particulièrement intéressante pour les broutards limousins, plus sensibles aux maladies respiratoires en période humide et froide, elle représente aussi « un réel argument de vente » pour les Salers, estime Martial Benoist d’Etiveaud, responsable qualité des Éleveurs du pays vert (Groupe Altitude), une des coopératives de Deltagro Export qui a participé à ce projet.
Vaccination entre 10 et 40 jours avant le départ
Les broutards sont vaccinés contre les maladies pulmonaires sur quatre valences (RS, PI3, pasteurelle, BVD) et déparasités. La vaccination est réalisée chez l’éleveur pour que les animaux soient immunisés dès leur transport. Le rappel doit être effectué entre 10 et 40 jours avant le départ de la ferme, de sorte que l’animal soit couvert pendant les six mois d’engraissement en Italie. Les vaccins utilisés sont au libre choix des éleveurs. « Toute la difficulté a été de trouver un protocole qui permette de tenir compte de ce que les éleveurs ont déjà fait sans en rajouter trop. Nous voulions répondre aux attentes des clients tout en valorisant ce que font les éleveurs », explique Julien Fau, président des Éleveurs du pays vert. « Ne changez pas le protocole habituel sur les jeunes veaux - on ne change pas quelque chose qui marche - et voyez quel protocole complémentaire il y aura lieu de mettre en place au moment de la commercialisation », recommande Laurent Larraillet, vétérinaire conseil de la coopérative. Ainsi, il suffit parfois de faire un troisième rappel dans le délai imparti ou d’ajouter une valence manquante.
Attestation écrite et copie des ordonnances et factures
L’enjeu de cette préparation sanitaire est de garantir aux clients italiens que le protocole a été complètement respecté. L’éleveur atteste par écrit que toutes les vaccinations ont été réalisées et fournit une copie des ordonnances et des factures de vaccins. Le groupement atteste ensuite à son client italien que les broutards « sont issus d’exploitations engagées, qualifiées et contrôlées par l’OP dans la démarche de préparation sanitaire des animaux par le cheptel naisseur ». Afin de pouvoir continuer à proposer aux engraisseurs italiens des lots de 30 broutards (demi-camion) le plus homogène possible, les naisseurs doivent les annoncer deux mois à l’avance. En contrepartie, le client italien verse une plus-value, qui est mutualisée au sein de l’OP sur tous les animaux préparés, même si le tri commercial fait que certains ne seront pas valorisés en tant que tel. Une majoration commerciale de 24 € par broutard est reversée au naisseur. Pour l’instant, seuls les mâles sont concernés. Mais la préparation sanitaire est envisagée aussi pour les femelles. Le coût des vaccins est de l’ordre de 10 à 15 € par animal. La différence permet de rémunérer le travail de l’éleveur. La région Auvergne-Rhône-Alpes verse en outre une aide à la vaccination de 240 € par lot de 20 broutards dans la limite de deux lots par cheptel (transparence pour les Gaec).
« Dommage de ne pas pouvoir vacciner contre l’IBR »
Deltagro Export attend les résultats des premiers lots de broutards préparés et envisage de reconduire l’opération en 2019. « Nous attendons le retour client, cela conditionnera le volume », indique Benoît Albinet, qui compte sur « l’effet boule de neige ». « Nous y croyons et nous voulons démultiplier le système », assure Julien Fau. Si les premiers lots ont été préparés par des éleveurs très motivés et soucieux de la bonne réussite du projet, la certification sera plus complexe à gérer lorsque la préparation sanitaire se développera à plus grande échelle. En cas de non-respect du protocole de vaccination, la sanction serait immédiate, avec des pertes sur les animaux non couverts, au risque d’échauder les clients italiens. Benoît Albinet regrette que ces derniers soient obligés de reprendre les broutards à l’arrivée pour les vacciner contre l’IBR : « Il est vraiment dommage que la réglementation française n’autorise pas à les traiter avec un vaccin marqueur, qui permet de distinguer le virus sauvage de celui du vaccin, sans faire perdre le statut de cheptel indemne au naisseur. Une fois de plus, la réglementation française nous pénalise commercialement. »