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Congrès d’Elvea France : Pas de consensus sur la contractualisation pour remédier à la décapitalisation

A l’occasion du dernier Congrès d’Elvea France, les intervenants de l’aval ont confessé leurs inquiétudes face à la contraction en cours et à venir des disponibilités issues du cheptel bovin français. Lesquelles vont inévitablement se traduire par de prochaines restructurations chez les opérateurs de l’aval.

Dominique Truffaut, Gilles Gauthier et Bruno Dufayet Concernant la commercialisation, Elvea France pense nécessaire d’abaisser la proportion de volumes contractualisés à 60%, afin de laisser de la souplesse commerciale aux éleveurs.
© F. d'Alteroche

Jusqu’en 2020, la décapitalisation dans les cheptels laitiers et allaitants n’avait pas eu de gros impacts sur les disponibilités en animaux destinés aux différents opérateurs du commerce du bétail puis à leurs clients abatteurs.

En effet, cette décapitalisation initiée fin 2016 se traduisait par un gonflement des sorties alimenté justement par la réduction ou la suppression des cheptels qui renforçait les disponibilités, en particulier pour les vaches de réforme. D’ailleurs, les tonnages abattus en 2020 ont été similaires aux chiffres de 2017.

Mais depuis deux ans, la situation évolue rapidement. Le recul de la production est désormais nettement ressenti par les opérateurs de l’aval. En 2021 les tonnages abattus avaient reculé de 1%. Depuis le début de l’année ce recul avoisine 4,5% et cette évolution ne concerne pas que la France. Elle s’étend à bien d’autres pays européens où peu à peu l’élevage bovin recule pour laisser sa place à d’autres activités financièrement plus attractives.

Perte de 600 000 vaches en 5 ans

En cinq ans, le troupeau allaitant français a perdu 330 000 vaches, soit une baisse de 7,8 %. Et ce n’est guère mieux pour le troupeau laitier qui recule de 7,3 % (- 270 000 vaches). Pour 2022 la sécheresse en cours risque d’aggraver la tendance et cette évolution devrait malheureusement se poursuivre dans les années à venir.

D’après des projections démographiques réalisées par l’Institut de l’élevage à partir des données de la MSA et de la BDNI, 600 000 vaches allaitantes et 400 000 vaches laitières auront disparu d’ici 2030.

« Cette décapitalisation se traduit par une pénurie d’offre que l’on constate tous les jours sur le terrain. On a de plus en plus de difficultés à satisfaire tous nos clients. » expliquait Dominique Truffaut, président de la Fédération Française des Commerçants en Bestiaux. « Actuellement les entreprises de négoce d’animaux vivant sont entre – 5 et -15% côté volumes. Cela va laisser d’importants dégâts collatéraux. »

Et d’annoncer d’importantes restructurations pour ces mêmes entreprises (regroupements, rachats, fusions) qui vont inévitablement se traduire par une modification du métier.

Entretien et renouvellement des camions

La hausse du prix de certaines matières premières et des carburants a un lourd impact sur les frais de fonctionnement et sur l’entretien et le renouvellement des camions. La hausse du prix des animaux se traduit aussi mécaniquement par une augmentation des besoins en fonds de roulement que certaines de ces entreprises auraient mal anticipé.

« De grosses difficultés sont à venir. Dans beaucoup d’entreprises cela va faire très mal. » ajoutait Dominique Truffaut. A cela s’ajoutent les évolutions constatées sur les habitudes de consommation avec toujours plus de viande bovine consommée hachée et hors domicile, laquelle se traduit par des évolutions dans les équilibres de prix entre les différentes catégories de bovins.

Le prix des laitières de réforme et des allaitantes de moindre conformation a progressé dans des proportions sans commune mesure avec celui des génisses et vaches bouchères bien conformées et correctement finies.

Même si la consommation commence à faiblir compte tenu de la hausse des prix de la viande en rayon, Gilles Gauthier, président Culture viande a expliqué que les tarifs allaient continuer à progresser pour le prix des animaux vivants. « L’actuelle creux de production va durer. C’est inscrit dans le long terme. Cette raréfaction des disponibilités va impacter directement le volume de nos abattages. Donc les prix du bétail vont continuer à progresser. »

Bâtir quelque chose de concret

Autant de promesses qui ne sont pas en mesure de rassurer les producteurs. « Malgré les 650 000 vaches laitières et allaitantes perdues en cinq ans et l’arrêt d’activité de 20% des éleveurs, je ne ressens pas un véritable changement d’attitude et de comportement de la part des acteurs de l’aval. » expliquait Bruno Dufayet, Président de la Fédération Nationale Bovine.

« Oui les prix des animaux ont progressé mais le niveau de nos charges a fait de même. Quand on analysera les revenus 2022 des éleveurs spécialisés dans la production de viande bovine, on s’apercevra qu’ils auront très peu évolué par rapport à 2021. J’espère vraiment que l’on va arriver à bâtir quelque chose de concret pour avancer et donner enfin des perspectives aux producteurs. »

Enrayer cette fonte du cheptel

La loi Egalim 2 est donc forcément venue dans les discussions avec pour Bruno Dufayet la nécessité de rendre la contractualisation obligatoire comme le stipule le contenu de cette loi. Contractualiser des prix de vente en les indexant sur les coûts de production est analysé comme indispensable pour donner des perspectives aux éleveurs et tenter d’enrayer cette fonte du cheptel.

Pour Elvea France, cette loi est votée. Elle doit donc s’appliquer. Et de proposer pour autant certaines adaptations et en particulier l’abaissement de la proportion des volumes contractualisés à 60%, « afin de laisser de la souplesse commerciale aux éleveurs. » Une proposition qui va dans le sens de ce qui est soutenu par la FFCB.

« Aujourd’hui il convient de trouver des pistes plausibles pour réellement mettre en fonctionnement cette loi car notre filière en a besoin. » a expliqué Dominique Truffaut. « Mais je continue à dire qu’une contractualisation générale et obligatoire n’est pas la solution. Vue le contexte il n’est nullement besoin de cristalliser les tensions entre acteurs de la filière. On a davantage besoin de se rassembler. »

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