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Conforter les prix des bovins pour contenir l’érosion

Seuls des tarifs plus attractifs pour les producteurs permettront de contrer l’érosion du cheptel. Reste à savoir jusqu’à quel niveau le prix des bovins peut progresser sans pénaliser trop lourdement la consommation. Tour de table sur ce thème organisé par Interbev lors du Sommet de l'Elevage.

Lors de la table ronde organisée par Interbev au Sommet de l'élevage avec de gauche à droite, Guillaume Gauthier, Philippe Dumas, Dominique Guineheux, Franco Martini et son traducteur et Javier Lopez.
Lors de la table ronde organisée par Interbev au Sommet de l'élevage avec de gauche à droite, Guillaume Gauthier, Philippe Dumas, Dominique Guineheux, Franco Martini et son traducteur et Javier Lopez.
© F. d'Alteroche

Comment contrer l’actuelle érosion du cheptel français ? Pour Guillaume Gauthier, éleveur en Saône-et-Loire et secrétaire général adjoint de la Fédération nationale bovine, la réponse est simple : « par une meilleure rémunération des éleveurs. Quand il y a du revenu, il y a des solutions ! » et de rappeler lors de la table ronde organisée par Interbev, que la hausse des prix à la production est encore insuffisante pour faire face à la progression du prix des intrants.

 

« Si on n’apporte pas de garantie de rémunération aux éleveurs, on n’inversera pas la courbe de décapitalisation », ajoutait Emmanuel Bernard, éleveur dans la Nièvre et président de la section gros bovin d’Interbev. « Actuellement, tout le monde manque de marchandise. La concurrence va donc s’exacerber pour acheter les animaux et les prix à la production vont continuer à progresser », soulignait Michel Fénéon, président de la section import-export de la fédération française des commerçants en bestiaux.

Sécuriser les approvisionnements

Les abatteurs français, quant à eux, ont clairement affiché leur volonté de maintenir, voire renforcer, l’engraissement des mâles plutôt que d’exporter du « blé en herbe » qui ne permet pas de faire tourner leurs outils et se disent prêts à contractualiser pour atteindre cet objectif.

« La courbe de l’évolution des cheptels à l’horizon 2030 fait peur. La contractualisation est un moyen de sécuriser les approvisionnements dans les abattoirs », analysait Dominique Guineheux (groupe Bigard). Pour autant, le « tout contrat » ne serait pas la panacée.

« L’important c’est le marché, mais celui-ci ne se décrète pas. Il se construit », expliquait Philippe Dumas, éleveur dans la Loire et président du groupe Sicarev. « Avec Egalim 2, on passe d’une économie où le marché fait le prix à une économie où tout est contractualisé. À mon avis le bon positionnement est quelque part entre les deux. On peut prendre l’exemple sur les céréaliers qui ne contractualisent qu’une partie de leur production. Je suis sceptique sur le 'tout contractualisé' en viande bovine."

Le jeune bovin français concurrence le jeune bovin italien

Les représentants italiens et espagnols présents lors de cette table ronde ont dit vouloir conserver leur lien avec la France pour s’approvisionner en animaux vivants. Mais l’éternel problème est celui de la viande de taurillons finis en France puis proposés à des tarifs cassés sur le marché italien par des opérateurs français. Une problématique déjà dénoncée à moult reprise par les engraisseurs italiens travaillant à partir de broutards français dans la mesure où elle contribue à tirer vers le bas les tarifs du maigre acheté dans l’Hexagone. « Nous devons être unis. On ne peut pas continuer à acheter du broutard et en parallèle avoir une concurrence déloyale sur notre marché », soulignait Franco Martini, président d’Asprocarne, une organisation de producteurs du Piémont.

Mais pour les Italiens comme pour les Espagnols, arriver à augmenter encore un peu les prix du maigre dépendra d’abord de leur capacité à faire progresser le prix de la viande dans leur pays. « Nous n’excluons pas d’acheter les animaux français plus cher pour sécuriser nos approvisionnements à condition que l’inéluctable hausse des prix de la viande pour le consommateur italien ne pénalise pas en retour les niveaux de consommation », ajoutait Franco Martini.

Et de rappeler que face à une hausse généralisée des prix de l’alimentation, de l’énergie, des transports… les consommateurs - qu’ils soient français, espagnols ou italiens - vont forcément procéder à des ré-arbitrages dans leurs dépenses au cours des mois à venir. « En Espagne, les prix à la production des bovins finis ont augmenté de 30 % et le risque c’est que le consommateur européen se détourne de la viande. Toute la difficulté de la tendance inflationniste du moment est de faire passer cette hausse auprès du consommateur final », ajoutait Javier Lopez, directeur de Provacuno, l’interprofession des producteurs de viande bovine espagnole.

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