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Adapter les pratiques aux évolutions du climat

La remontée vers le Nord du climat méditerranéen se confirme. Dans les zones concernées, cela nécessite une évolution des systèmes fourragers, pour gérer l’incertitude sur la pousse de l’herbe en été.  

auvergne Rhone alpes pâturage hivernal Aubrac
© F. d'Alteroche -archives

La météo de 2016 aura été lourde de conséquences pour l’agriculture française. L’année n’est pas achevée mais, sauf fin d’automne exceptionnellement froide, tout laisse à penser qu’elle va une fois de plus confirmer la tendance au réchauffement, déjà démontré par les relevés météorologiques des années précédentes. En raison d’une forte variabilité naturelle, la température moyenne peut, certaines années, être plus élevée ou plus basse que celle des années précédentes. Mais cette variabilité interannuelle ne doit pas être confondue avec l’évolution de fond, celle d’une tendance générale à la hausse depuis plus d’un siècle, et qui semble surtout s’accélérer depuis une trentaine d’années.

« La décennie 2002-2011 est la période de dix années consécutives la plus chaude, au moins depuis le début des mesures instrumentales en 1850 », souligne Météo France, dans un récent bilan des données statistiques climatiques des années écoulées. « Cela se traduit par une diminution du nombre de jours de gel en hiver (de l’ordre de trois à quatre jours tous les dix ans à Toulouse, et de quatre à cinq jours à Nancy) et par une augmentation du nombre de jours où la température dépasse 25° C en été. » Les précipitations, elles, ne sont pas moins abondantes, mais elles tendent à tomber plus irrégulièrement, avec des contrastes saisonniers accentués pour le niveau et l’intensité des périodes pluvieuses ou sèches. 2016 en est un bon exemple. Face à des événements qui tendent à bouleverser les repères, il est légitime de s’interroger sur la manière dont ils impacteront demain les systèmes fourragers.

Remontée des influences méditerranéennes

Dans le cadre du programme « Climfourel », ce travail a déjà été entamé dans certains départements du Sud de la France, pour lesquels la remontée vers le Nord du climat méditerranéen est une réalité depuis plusieurs années, même si elle est pour partie atténuée dans les zones d’altitude.

Une enquête avait été réalisée sur la période 2007-2009 dans des élevages de ruminants (bovins viande, bovins lait ou petits ruminants) du Sud des actuelles régions Occitanie et Auvergne Rhône-Alpes. Objectif : étudier les conséquences de ces évolutions sur les systèmes fourragers des élevages d’un large pourtour méditerranéen, et les pistes d’action pouvant être menées pour les accompagner. Et analyser les stratégies retenues par les éleveurs pour faire face aux évolutions du climat. « Dans ces élevages, la principale réponse a été l’achat de fourrages afin de faire face à la pénurie de ressource », expliquait Charles-Henri Moulin, chercheur à l’Inra de Montpellier, qui présentait ces travaux lors d’un colloque organisé pour la semaine européenne des races locales des Massifs. Cette solution par les achats a la plupart du temps été favorisée par les actions collectives, mises en place dans ces départements lors des années de sécheresse. Une autre solution mise en avant par les éleveurs était de jouer sur le niveau des fumures pour favoriser la pousse des fourrages sur certaines parcelles, en cherchant à faire des stocks les années les plus favorables. Les autres solutions se traduisaient par une diminution du chargement, pour s’adapter à ces plus faibles disponibilités fourragères. Et parfois un agrandissement des surfaces utilisées, pouvant se traduire par la remise en valeur de surfaces qui n’étaient plus exploitées (parcours, pâturage sous forêt…). L’autre solution retenue était souvent de diminuer les effectifs pour passer le cap difficile, en particulier en réformant de façon anticipée certains animaux.

Cette étude a également mis en évidence que tous les systèmes d’élevage ne présentent pas le même niveau de sensibilité. Ceux dont le niveau d’autonomie fourragère était déjà déficient, les années à peu près « normales », sont forcément les plus sensibles en années sèches, avec des trésoreries pouvant être lourdement impactées. La constitution de stocks d’avance, avec des reports d’une année sur l’autre, permet de sécuriser les systèmes. Cela passe par un chargement plus faible et/ou la possibilité d’intensifier certaines surfaces. Une stratégie parfois utilisée est le recours à l’irrigation sur les parcelles les plus fertiles. Il existe enfin des stratégies d’achats réguliers de fourrages, en faisant un trait sur l’autonomie fourragère, mais en cherchant à travailler sur le long terme sur les volumes et sur les prix avec les fournisseurs de fourrages.

Différents leviers pour sécuriser

À partir de ce travail, il a été possible de définir des leviers pour sécuriser les élevages de ces zones face aux aléas climatiques. Cela passe d’abord par une amélioration de l’efficience de l’utilisation de l’herbe, et renvoie à la notion de gestion du pâturage mais aussi au choix des différentes espèces utilisées pour ce dernier et pour la constitution des stocks. Outre les possibilités offertes par l’irrigation sur certaines exploitations, cela incite à diversifier les surfaces utilisées pour le pâturage. Le sylvopastoralisme, la réutilisation de parcours souvent abandonnés et le fait de jouer sur les capacités adaptatives des animaux ou des troupeaux gagnerait à être redécouverts. Les aptitudes des races rustiques et leur capacité à valoriser des fourrages de moindre qualité les rend particulièrement bien adaptées à la valorisation de ces surfaces peu productives. Elle favorise dans ces régions ces surfaces et permet d’allonger la période de pâturage par l’utilisation d’herbe sur pied en diminuant d’autant le recours aux stocks hivernaux.

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