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420 kilos carcasse, un repère pour la fin d’engraissement

Arvalis s’est penché sur l’intérêt de garder des animaux un jour de plus à l’engraissement. Il y a un poids au-delà duquel il n'est plus rentable d'alourdir le jeune bovin.

« À la vente de jeunes bovins, le plus gros chèque reçu n’est pas toujours synonyme de meilleure rémunération », souligne Alexis Férard d’Arvalis.
© C. Delisle

A-t-on intérêt à garder les animaux un jour de plus en engraissement ? Pour répondre à cette question, Arvalis s’est basé sur les simulations de croissance (transformées en kg carcasse) et d’ingestion (en kg de MS par jour) disponibles en continu avec le simulateur d’engraissement JB-Box qui est basé sur les données acquises dans les stations expérimentales (Arvalis, Institut de l’Élevage, Inra, chambres d’agriculture). « L’objectif était la recherche d’optimisation économique par des choix techniques sur les poids d’arrivée et de sortie des animaux dans le cas d’un atelier d’engraissement déjà en place sur une exploitation naisseur-engraisseur ou engraisseur spécialisé. Les simulations ont été réalisées pour trois types de ration (ration sèche, ration maïs ensilage avec concentrés et ration herbe avec blé), deux niveaux de prix des jeunes bovins (haut et bas), deux niveaux de prix des aliments (haut et bas), trois plages de poids carcasse (390-420 kg, 420-450 kg et 450-480 kg) et ce, en se plaçant sur la fin d’engraissement pour un broutard charolais de 350 kg vif, sans variation de prix du kilo carcasse entre 390 et 480 kg. Les données de croissance et d’ingestion permettent d’obtenir un indice de consommation énergétique (UFV/kg de croît carcasse) relié au coût et à la marge. Il informe sur le nombre d’UF nécessaire à l’auge pour que l’animal s’alourdisse d’un kilo. Il faut ainsi au moins deux fois plus d’unités fourragères en fin d’engraissement qu'au début. On peut donc se poser la question du coût de la fin d’engraissement puisque les derniers kilos demandent de plus en plus d’énergie, », observe Alexis Férard, ingénieur valorisation des fourrages de la station expérimentale de la Jaillière.

Déterminer le moment où l'on commence à perdre de l'argent

Le calcul de la marge partielle, autrement dit l’ensemble des produits moins le coût de leur production (frais fixes, frais vétérinaires, paillage, fioul, eau, EDF, mortalité, alimentation) a été réalisé selon deux conjonctures, une basse (année 2016-2017) et une haute (année 2012-2013). En conjoncture basse, le prix du broutard (charolais U) s’élève à 2,5 €/kg vif, celui de la viande (JB charolais R) à 3,5 €/kg carcasse selon les chiffres Agreste. En conjoncture haute, le prix du broutard est de 2,8 €/kg vif, celui de la viande de 3,8 €/kg carcasse. « Pour les aliments, le prix retenu est celui des prix du marché (voir tableau), c’est-à-dire celui que l’éleveur devrait payer s’il l’achetait. Ont été estimées la marge partielle marginale en €/jour/JB et la marge partielle en €/JB. La première permet de déterminer à partir de quand on perd de l’argent à ajouter un kilo de carcasse. La seconde permet de situer le poids carcasse maximisant la marge par JB. Ces marges sont calculées hors aides. Ces chiffres sont des indications. Ils sont donc à mettre en relief avec chaque situation en tenant compte des amortissements (bâtiment, frais de main-d’œuvre et mécanisation…) », souligne Alexis Férard.

Le coût alimentaire peut vite être très, trop élevé

« Quel que soit le niveau de conjoncture, l’éleveur devra mettre deux fois plus d’euros en fin d’engraissement pour faire un kilo de carcasse en plus. Ainsi, selon les hypothèses retenues pour le calcul de la marge sur coûts journaliers (en €/JB), on constate que le coût alimentaire peut vite être très/trop élevé en toute fin d’engraissement et ce quel que soit le type d’alimentation choisi par l’éleveur. On arrive vite à des marges sur coûts journaliers négatives pour des poids compris entre 450 et 480 kilos carcasse même si on observe des variations selon le coût des aliments et le type de ration », souligne l’ingénieur. « Il est donc important de ne pas attendre pour faire partir les animaux à l’abattoir (sauf si, bien sûr, l’éleveur dispose d’opportunités vis-à-vis de son circuit de vente) et de bien considérer les coûts journaliers (aliment, paillage, frais annexes) engendrés avant de décider de poursuivre l’engraissement. »

Ne pas attendre en conjoncture d'aliments chers 

En gardant les mêmes simulations, la question était ensuite de situer le poids carcasse qui permettait de maximiser la marge par jeune bovin (en €/JB). « Et contrairement à ce que l’on entend souvent, à la vente, le plus gros chèque reçu n’est pas toujours synonyme de meilleure rémunération », précise Alexis Férard. Ainsi, les résultats des simulations montrent qu’en conjoncture avec aliments chers, il ne faut pas attendre pour faire partir les animaux. On ne remboursera pas mieux le broutard, « puisque les coûts journaliers totaux seront supérieurs au prix de vente du kilo carcasse. Alourdir, c’est prendre alors  le risque de voir sa rémunération finale se réduire. En conjoncture d’aliment cher, il faut privilégier le 420 kilos carcasse. Au-delà, la marge par JB n’est augmentée que de quelques euros par mois ce qui est très faible pour rémunérer le travail et les frais directs de mécanisation », insiste l’ingénieur fourrage. En conjoncture avec des aliments moins chers, alourdir au-delà de 420 kilos peut représenter un intérêt mais c’est un raisonnement à tenir au sein de chaque système de production en fonction des risques encourus, du temps de travail et du déclassement possible des carcasses. Par exemple, un naisseur-engraisseur qui engraisse ses jeunes bovins avec une ration herbe et dont le niveau d’autonomie fourragère est juste, dégradera encore davantage ses chiffres.

« Dans une bonne conjoncture, des opportunités peuvent exister et justifier d'aller chercher des kilos. Chaque année nécessite de s’adapter. Il faut réaliser des simulations régulièrement. En race limousine, les mêmes tendances peuvent être attendues. »

Quels broutards choisir ?

Les engraisseurs spécialisés ou les naisseurs-engraisseurs avec achats peuvent se poser la question du poids idéal des broutards à l’entrée en engraissement. Faut-il les choisir légers pour amortir plus vite leur prix d'achat ? Pour répondre à cette question, des simulations ont été réalisées pour deux niveaux de prix du jeune bovin, du broutard et des aliments, ainsi que pour trois poids d’entrée des broutards, 300, 350 et 400 kilos et ce pour deux types de rations (sèche et maïs), avec l’hypothèse retenue d’un potentiel de croissance des animaux identique pour des broutards de 300 à 400 kilos et en se plaçant à un poids de carcasse fixé à 420 kilos. « Lorsque l’on achète des broutards lourds, on devra attendre plus longtemps avant de les rembourser ce qui pose le problème du coût alimentaire élevé en fin d’engraissement. Tout l’enjeu est de trouver la plage optimale entre le poids carcasse minimum à atteindre pour rembourser son broutard et assurer la rémunération de l’éleveur et le poids carcasse à ne pas dépasser, c'est-à-dire lorsque les coûts journaliers sont supérieurs au prix de vente potentiel de la carcasse supplémentaire. En conjoncture où les prix des aliments sont élevés et quel que soit le poids de départ du broutard, il est difficile de le rembourser. En conjoncture favorable, le poids carcasse minimum où l’éleveur commence à dégager de la marge est variable. Il avoisine les 350 kilos en ration sèche et les 300 kilos en ration maïs », analyse Alexis Férard.

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