Aller au contenu principal

Pommes de terre : un besoin de 40 000 à 50 000 ha supplémentaires pour l’industrie

La filière pommes de terre était réunie à Dunkerque le 16 janvier lors du congrès de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre. Avec l’installation de trois nouvelles usines dans les Hauts-de-France, la filière s’interroge sur ses capacités à trouver les 40 000 à 50 000 hectares nécessaires pour satisfaire la demande industrielle.

irrigation avec rampe de pomme de terre plantée en billons (trois rangs) dans le sud de l'Essonne en Ile-de-France fin mai (printemps)
Pour satisfaire l’intégralité des marchés de la pomme de terre, le besoin en surfaces supplémentaires est estimé entre 40 000 et 50 000 ha.
© C. Gloria

Un besoin de 40 000 à 50 000 hectares de pommes de terre supplémentaires dans les prochaines années ! C'est ce qu'ont annoncé les représentants de la filière pomme de terre (frais, industrie, primeur et fécule) réunis à Dunkerque, dans le Nord, le 16 janvier à l'occasion du congrès de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT, FNSEA). C'est un changement de paradigme car jusqu’à une période récente, avant la crise du Covid, les responsables professionnels en appelaient plutôt à la modération des surfaces. L’enjeu est de fournir les industriels de la transformation qui poursuivent leur développement pour répondre à la demande mondiale croissante en produits surgelés à base de pommes de terre.

Satisfaire l’appétit des industriels belges de la transformation de pommes de terre

La dynamique est surtout portée par les industriels belges. Après avoir investi lourdement chez eux durant les dix à quinze dernières années, trois d’entre eux vont désormais compter une unité de production en France.

Objectif : se rapprocher d’un des principaux bassins européens de production de pommes de terre, les Hauts-de-France. Le belge Clarebout installe à Dunkerque, dans le Nord, une usine qui transformera 500 000 tonnes de pommes de terre par an, Ecofrost s’installe à Péronne (200 000 t) dans la Somme et Agristo va investir l’ancien site sucrier Tereos d’Escaudœuvres (500 000 t), également dans le Nord. 

Une demande industrielle de pommes de terre qui peut déstabiliser le marché

Comment satisfaire l’appétit de ces industriels ? Car pour satisfaire l’intégralité des marchés, une augmentation des surfaces semble nécessaire, au risque de dépouiller Paul pour habiller Jacques. En clair, la filière veut éviter que l’augmentation de la demande pour la transformation industrielle se traduise par un report de surfaces du marché du frais ou de la fécule vers ce débouché. « La demande industrielle doit être accompagnée car, à terme, cela pourrait déstabiliser l’ensemble de la filière », prévient Alain Dequeker, secrétaire général de l’UNPT. En 2023, les surfaces ont progressé de 2,3 % en France pour s’établir à 156 900 hectares. La région Hauts-de-France, avec près de 100 000 ha, concentre près des deux tiers de la production française de pommes de terre.

Ces changements structurels se font dans un contexte de stagnation des rendements depuis une dizaine d’années. Les producteurs attendent notamment des progrès qui tardent à venir du côté des variétés. « En pommes de terre d’industrie, ce sont globalement les mêmes variétés depuis près de 20 ans », observe Alain Dequeker. Les nouvelles techniques génomiques (NBT), dont le sort est en suspens actuellement au niveau européen, pourraient apporter des solutions, espèrent les producteurs.

Le manque de plants inquiète la filière pommes de terre

La franche augmentation des surfaces n’est en tout cas pas pour cette année. En effet, la production de plants de pommes de terre est à la peine. En cause notamment la baisse des surfaces qui sont passées de 23 500 ha en 2022 à 21 000 ha en 2023 (- 11 %). Les rendements sont sensiblement au niveau de la moyenne des cinq dernières années avec près de 525 000 tonnes, mais avec une proportion de gros calibres plus importante et une pression virale plus forte qu’à l’accoutumée. 

Les producteurs de plants doivent faire face à des suppressions de molécules et une rémunération jugée insuffisante. « Nous avons accepté de payer nos plants plus chers pour permettre de mieux rémunérer les producteurs de plants. Mais dans les faits, ça n'a pas été le cas », déplore Geoffroy d’Evry, président de l’UNPT, qui demande plus de transparence.

La classification des plants est en cours, difficile pour l’heure d’avancer des chiffres concernant les certifications. « Au niveau européen, il manquerait 6 000 ha de plants pour fournir les producteurs pour les prochaines plantations », avance Alain Dequeker. 

Se fournir en plants certifiés pourrait donc s’avérer compliqué pour certaines variétés. « On appelle les producteurs à la plus grande vigilance concernant l’utilisation de plants coupés ou l’autoproduction de plants à partir de la récolte précédente », indique Geoffroy d’Evry. La filière s’inquiète de voir voler en éclat l’accord interprofessionnel (obtenteurs, multiplicateurs, collecteurs, vendeurs, utilisateurs) qui encadre l’usage des plants de ferme, dont l’objectif est de garantir la qualité de la production française qui fait sa réputation, notamment à l'export.

Une production en hausse de 12,7 % en 2023

Le rendement brut national en pommes de terre de consommation s’établit à 43,3 t/ha en 2023. La production française s’élève à 6 818 492 t, soit une hausse de 12,7 % par rapport à 2022. « Après une récolte 2022 marquée par un choc climatique estival inédit, 2023 a permis de renouer avec un niveau de rendement proche de la moyenne décennale, même si les arrachages ont été très compliqués dans certains secteurs », indique l’UNPT. Dans les zones des Hauts-de-France les plus touchées par les fortes pluies, des pommes de terre restent non arrachées, précise l’organisation syndicale.

Les plus lus

Parcelles avec des infrastructures agroécologiques dans le lointain
Suppression des 4 % de jachère : quel impact sur ma télédéclaration PAC 2024 ?

Dès cette campagne 2024, il n’est plus nécessaire de mettre en place de la jachère, cultures fixatrices d’azote ou …

Installation de stockage de céréales de Jean-Christophe Dupuis, agriculteur à Mancey, en Saône-et-Loire
Stockage des céréales : « Mon installation simple me permet d’atteindre un coût de stockage de 8 €/t »
Jean-Christophe Dupuis est agriculteur à Mancay, en Saône-et-Loire. Depuis 2021, il stocke 1 200 tonnes de grains sur son…
Epandage d'engrais sur champ de blé
Engrais azotés : quelle stratégie d'achat adopter pour la prochaine campagne ?
La nouvelle campagne d’achats d’engrais azotés par les agriculteurs pour 2025 démarre à peine. C’est le moment de réfléchir à sa…
Parcelles agricoles au printemps, colza au premier plan, champ de blé et de colza au deuxième plan
PAC et DPB : les six points à retenir avant de faire un transfert

Le transfert des droits à paiement de base (DPB) est une démarche qu’il ne faut pas prendre à la légère puisqu’elle…

parcelles de blés au printemps
Blé tendre et orge d’hiver : quel impact du froid ces derniers jours ?
Le froid de ces derniers jours est arrivé sur des céréales à des stades sensibles localement. Le point sur le risque de dégâts…
Clément Savouré, agriculteur en Eure-et-Loir
Achat d’engrais : « Nous arbitrons entre l’ammonitrate et la solution liquide en fonction du prix de l’unité d’azote »

Clément Savouré, agriculteur à Le Gué-de-Longroi, en Eure-et-Loir, privilégie les achats d’engrais à la morte-saison pour…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures