Le médicament vétérinaire se définit comme « toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies animales » ou « toute substance ou composition pouvant être utilisée chez l’animal ou pouvant lui être administrée en vue soit de restaurer, de corriger ou de modifier des fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique, soit d’établir un diagnostic médical ». Ces deux définitions induisent que pour avoir recours à ces substances, il faut obligatoirement une prescription provenant d’un vétérinaire.
Au niveau de la législation, le médicament vétérinaire est classé en différentes catégories. Les médicaments allopathiques, avec leur cortège d’études pharmaceutiques, pharmacologiques, toxicologiques, cliniques, etc., sont définis par une autorisation de mise sur le marché (AMM). Les médicaments à base de plantes dont l’usage est bien établi sont définis par une AMM allégée, de même que les médicaments homéopathiques. Enfin, le vétérinaire peut avoir recours au principe de la cascade ou effectuer une préparation magistrale de médicament. Dans ce cas précis, le vétérinaire doit utiliser des produits figurant dans le tableau 1 de l’Agence européenne du médicament, qui recense les traitements autorisés. « On ne trouve que très peu d’huiles essentielles ou de plantes inscrites dans ce tableau », souligne Marlène Guiadeur de l’Institut de l’Élevage.
Entre complément alimentaire et médicament vétérinaire
Pour les petits maux du quotidien, les vétérinaires peuvent jongler avec la dénomination des produits prescrits. En effet, les plantes disposant de propriétés nutritionnelles, non transformées, fraîches ou sèches, entières ou coupées, appartiennent à la catégorie des matières premières pour l’alimentation animale. Lorsque ces plantes sont transformées, elles intègrent la catégorie des additifs pour l’alimentation animale. Ces additifs ont, pour une grande majorité, une action préventive ou curative sur les problèmes de santé animale. Cependant, ils ne doivent revêtir aucune allégation médicale, sans quoi ils sortent du cadre alimentaire.
Ces suppléments nutritionnels peuvent être facilement mis en place pour soigner de la toux, renforcer le système immunitaire en vue de l’agnelage ou de la mise à l’herbe des agneaux. Mais pour ce qui est des gros soucis de santé, tels qu’une mammite gangréneuse chez une brebis ou une coccidiose sévère pour un agneau, ce type de prescription ne saura être suffisante.
Vers un assouplissement de la réglementation européenne ?
L’Anses et les autorités sanitaires françaises tolèrent alors que les vétérinaires français fassent des prescriptions hors du cadre réglementaire européen, mais ceux-ci ont alors l’entière responsabilité quant à la mise en place de ces traitements. « Le vétérinaire va devoir définir un délai d’attente qui commence à la fin du traitement », développe le docteur Guiouillier, vétérinaire rural en Mayenne. Avec des médicaments référencés pour d’autres espèces animales, il y a un délai forfaitaire qui s’applique, de sept jours pour les exploitations laitières et de 28 jours pour les élevages allaitants. « Lorsque les traitements ne sont pas du tout référencés, le vétérinaire va devoir définir s’il y a un risque de résidu ou non, poursuit Loïc Guiouillier. On va être davantage prudent s’il s’agit de brebis laitière en production par exemple. Et de toute manière, on ne consomme pas d’animaux ni de produits d’animaux malades. » Néanmoins, l’Anses entend les doléances des vétérinaires et professionnels de santé animale et prépare un dossier qui sera présenté à la commission européenne d’ici un an, lors de la présidence française.
Pour aller dans le sens de ce travail d’assouplissement, les dérives de la phyto-aromathérapie doivent être évitées afin d’éviter de jeter l’opprobre sur des pratiques pourtant d’avenir. « Les éleveurs doivent aussi prendre conscience que c’est un privilège de pouvoir encore avoir recours à ces médecines complémentaires, quand on voit qu’en médecine humaine, l’homéopathie n’est par exemple plus remboursée, insiste Loïc Guiouillier. Cela nous permet aussi d’avoir un arsenal thérapeutique assez large pour couvrir un maximum de situations. »