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Betterave à sucre : la ministre Annie Genevard affiche son soutien aux betteraviers

Acétamipride, Mercosur, future PAC, OCM… les sujets étaient nombreux au menu de l’assemblée générale de la CGB, ce 9 décembre 2025. Sur chacun de ces dossiers sensibles, la ministre de l’Agriculture a montré son soutien à une filière sous forte pression.

<em class="placeholder">La ministre de l&#039;agriculture à la tribune de l&#039;AG de la CGB.</em>
La filière de la betterave à sucre est un maillon stratégique de l'agriculture française, estime la ministre Annie Genevard.
© MC. Bidault

Si la campagne 2025 s’est conclue sur un rendement betteravier correct de 91 t/ha, la jaunisse a une nouvelle fois frappé certaines régions (Île-de-France, Champagne), créant de fortes disparités entre planteurs, a rappelé Franck Sander, président de la CGB (confédération générale des betteraviers). À cette pression sanitaire s’ajoutent la baisse des prix, la hausse des charges et la fermeture en 2025 des deux dernières usines familiales françaises. Dans ce contexte, les décisions européennes relatives aux Mercosur, MACF, ou encore à la future PAC, sont pointées du doigt.

Bientôt une nouvelle proposition de loi pour réintroduire l’acétamipride ?

Sujet récurrent depuis 2020, la jaunisse reste « une épée de Damoclès » pour les producteurs, estime Cyrille Milard, président de la commission environnement de la CGB, rappelant que « la boîte à outils se vide de plus en plus », avec la perte de 30 molécules depuis 2017 et l’absence de solution aussi efficace que l’acétamipride. Franck Sander demande l’instauration d’une indemnisation pour les pertes liées à la jaunisse et renouvelle celle d’une réintroduction de l’acétamipride. En réponse, le sénateur Laurent Duplomb, présent dans la salle, annonce qu’il déposera début 2026 une nouvelle proposition de loi pour réintroduire la molécule.

Les dérogations pour le Movento et Agriodor renouvelées en 2026

Néanmoins, Alexandre Pelé, vice-président de la CGB, indique que la recherche sur la jaunisse progresse, avec un plan de 24 millions d’euros, qui est « une belle opportunité pour la filière ». Le PNRI-C (2022-2026) a permis d’avancer dans la compréhension des réservoirs viraux et d’explorer plusieurs leviers (repousses, plantes compagnes, biocontrôle…). Isabelle Litrico Chiarelli, directrice scientifique de l’Inrae, annonce que « les solutions viendront dans trois à cinq ans », sous forme notamment de combinaisons de leviers, mais qu’aucune ne sera « aussi efficace » que les néonicotinoïdes.

Du côté des semences, Paul Edeline (Semae) note que les progrès variétaux existent mais s’expriment encore difficilement. En réponse aux manques de nouvelles solutions, la ministre de l’agriculture Annie Genevard annonce le renouvellement des dérogations de 120 jours pour les produits Movento et Agriodor pour 2026.

Un rejet unanime du Mercosur

Sur le projet d’accord commercial avec le Mercosur, la filière affiche un rejet clair. « C’est non », tranche Franck Sander, dénonçant des « clauses de sauvegarde relevant de l’enfumage ». Arnaud Rousseau, président de la FNSEA rappelle que l’accord ouvrirait l’UE à l’équivalent de 10 % des volumes d’éthanol produits, selon des pratiques « qui ne répondent pas » à nos standards.

« Inacceptable », juge aussi la ministre Annie Genevard, rappelant les trois lignes rouges françaises : clauses de sauvegarde opérationnelles, mesures miroirs et contrôles renforcés aux frontières de l’UE.

Une renationalisation de la PAC qui inquiète

La future PAC nourri de fortes inquiétudes. Alors que Guillaume Gandon, vice-président de la CGB, rappelle que les aides PAC sont passées de 512 à 262 €/ha pour les betteraviers ces dernières années, la députée européenne Céline Imart (PPE), également agricultrice, dresse un programme inquiétant pour l’avenir : – 25 % d’aides pour les exploitations percevant 25 000 à 50 000 € actuellement, – 50 % entre 50 000 et 75 000 €, – 75 % au-delà. « On renationalise la PAC, c’est une très mauvaise nouvelle pour la France », estime-t-elle.

Annie Genevard assure qu’elle refusera « tout budget inférieur à 65 milliards d’euros », dénonçant la fin d’une politique vraiment commune : « La future PAC, c’est une PAC sans le P de politique et sans le C de commun. »

OCM sucre : la CGB appelle l’Europe à reprendre la main

« La Commission européenne doit reprendre la main sur la gestion des marchés », a scandé Franck Sander, qui demande le relèvement du prix d’intervention de 404 à 585 €/t. Mais Céline Imart se montre pessimiste : « La Commission n’a plus les moyens d’agir, et le Conseil refuse systématiquement toutes demandes sur les outils de régulation. »

La CGB souhaite enfin la suspension du régime de perfectionnement actif (régime douanier qui permet d’importer sans taxe des marchandises de pays tiers afin de les transformer et les réexporter hors UE). La moitié des importations de sucre ont bénéficié abusivement de ce mécanisme, ce qui a fait baisser les prix, indique le président de la CGB.

Face à l’accumulation des dossiers, le président de la FNSEA appelle les planteurs à se joindre aux manifestations du 18 décembre à Bruxelles. La ministre les y a fortement encouragés aussi…

Non aux engrais dans le MACF

Le MACF (mécanisme d’ajustement carbone aux frontières) est lui aussi peu apprécié des betteraviers. La seule solution est d’en exclure les engrais énonce Franck Sander, qui craint une envolée des prix. Annie Genevard dit avoir demandé un report du dispositif et un réexamen de ses modalités, regrettant que « peu d’États membres » soutiennent sa position. « Nous travaillons donc à Bruxelles à en atténuer les effets. » La députée européenne Céline Imart indique se battre de son côté pour obtenir une dérogation permettant l’exclusion des engrais du mécanisme, avec l’objectif qu’elle soit renouvelable chaque année.

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