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Climat : mesurer les changements pour anticiper demain

L’APCA et l’Ademe ont consacré début juillet une journée à la problématique qui lie climat, effet de serre et agriculture. Pas simple. Tour d’horizon.

Beaucoup d’incertitudes et de questions entourent encore les problématiques concernant le réchauffement climatique.
Beaucoup d’incertitudes et de questions entourent encore les problématiques concernant le réchauffement climatique.
© © Patrick Cronenberger.
D’abord le constat : “On n’échappera pas à une hausse des températures. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) croissent même plus vite que prévues. L’objectif est toujours de stabiliser ces émissions et on y parviendra, à coup sûr. La question est plutôt de savoir quand et quel sera le pic de ces émissions”, a affirmé Rémi Chabrillat, sous-directeur à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), en ouverture du colloque du 6 juillet co-organisé par l’APCA et l’Ademe. Avec cette journée, les chambres d’agriculture ont voulu contribuer à “poser de bonnes questions pour construire des solutions pérennes”. Elles estiment que l’agriculture est avant tout une victime du changement climatique et qu’il est nécessaire d’adapter les modes et les techniques de production pour l’avenir. Les marges de manœuvre qui existent pour réduire l’impact sur l’effet de serre ne sont pas illimitées et ne doivent pas remettre en cause l’objectif alimentaire.

Contribuer aux réponses

 

“Rien ne sert de se lamenter. Mieux vaut participer à répondre aux questions qui se posent et qui interrogent nos modèles de production bien rôdés. Travaillons sur les itinéraires techniques, sur la conduite des ateliers de production”, précise ainsi Didier Marteau, président de la commission Environnement de l’APCA. Toujours selon Rémi Chabrillat, l’objectif de l’UE est bien toujours de réduire de 20 % les émissions de GES d’ici à 2020. Mais vouloir limiter à 2°C l’augmentation de la température signifie stabiliser les émissions entre 2012 et 2015. Impossible à réaliser, en raison des politiques divergentes à travers le monde. Grosso modo, Pierre Cellier, de l’Inra, rappelle que 70 % des émissions de GES sont constitués de dioxyde de carbone. Viennent ensuite le protoxyde d’azote (15 % des émissions) et le méthane (12 %). Les transports et l’industrie sont les plus gros émetteurs de GES, l’agriculture arrivant seulement en troisième position. Mais ces seuls chiffres ne montrent pas la complexité du problème. Car l’agriculture est relativement peu émettrice de GES dûs à la consommation d’énergie, GES les plus rejetés globalement, et si elle émet peu de protoxyde d’azote (en comparaison de la totalité des gaz émis), l’effet rayonnant de ce dernier est nettement supérieur à celui du carbone. On sait aussi aujourd’hui que 60 à 70 % des émissions agricoles sont en relation avec les engrais et que 30 % des émissions, tout confondu, de GES ont à voir avec les industries agroalimentaires. Pour Rémi Chabrillat, l’agriculture présente un intérêt tout à fait unique dans le modèle de société actuel. Elle est le seul secteur du monde économique à pouvoir agir sur les trois leviers concernant les GES : la réduction des émissions, le stockage de carbone et la production d’énergie et de matériaux renouvelables.

 

Les pistes à suivre

 

Dans ce cadre, de nombreuses pistes existent. Pour ce qui concerne le protoxyde d’azote, diminuer les apports d’azote dans les sols et adapter la gestion restent les points essentiels. Bien sûr, il convient d’éviter les excès en apport mais aussi d’ajuster la fertilisation (analyse des reliquats…), de valoriser l’azote des effluents ou encore de cultiver des légumineuses. Travailler le sol en fonction du type de sol (argileux, limoneux, sablonneux), cultiver des plantes intermédiaires (pompe à nitrate), travailler sur la forme de l’azote (plutôt NH4 que NH3) et le moment de l’apport ainsi que sur l’utilisation de nouvelles technologies (libération lente, inhibiteur de dénitrification) sont d’autres modes d’évolution à explorer. Côté carbone, les leviers existent du côté des techniques culturales simplifiées (TCS), du semis direct ou des cultures intermédiaires (engrais verts, cultures intermédiaires pièges à nitrates en interculture…). Selon Dominique Arrouays, de l’Inra, la gestion des prairies temporaires (allongement de la durée, intensification raisonnée), l’enherbement des vignes et des vergers sont autant de pistes à explorer. En élevage, Jean-Baptiste Dollé, de l’Institut de l’élevage, évoque les pistes du méthane entérique, des intrants alimentaires et le système fourrager. Pour le premier, il est possible de travailler sur la nature des fourrages, l’ajout de lipides dans la ration, l’utilisation de biotechnologies (solutions non éprouvées) et sur la réduction de la part d’animaux “improductifs” (taux de renouvellement). Concernant les intrants, il s’agit d’ajuster les apports et d’opter pour des ressources protéiques d’origine européenne.

Enfin, pour le troisième levier, l’optimisation du temps de pâturage, l’introduction de légumineuses et l’action sur le stockage du carbone apparaissent comme les trois pistes les plus intéressantes. Il convient cependant de ne pas développer une approche unilatérale mais de prendre en compte d’autres aspects (eau, biodiversité…).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

 

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