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Bilan
Comment la Covid-19 et l'inflation ont changé les habitudes de consommation des Français ?

Alors que la pandémie n’est pas encore un lointain mauvais souvenir, NielsenIQ a fait le point sur la consommation alimentaire française de 2021 et a esquissé les tendances pour 2022.

NielsenIQ
Les consommateurs font de plus en plus attention aux prix lorsqu'ils font leurs courses.
© J.C. Gutner

« En 2021, on va mieux qu’en 2020, mais on n’a pas encore retrouvé le niveau de 2019. Les Français se montrent plus confiants mais plus prudents. Ils s’attendent à vivre avec le virus encore quelques temps. Un cinquième disent qu’ils vont continuer à être impactés par le covid-19 », déclare Xavier Ségalié, directeur général de NielsenIQ France lord d'un wébinaire organisé le 10 février. Cela se ressent dans les habitudes des consommateurs qui sont encore 9 % à rechigner à consommer hors domicile par manque de confiance.

Sommes dépensées en produits de grande consommation par les Français

Depuis le début de la crise, 3 foyers sur 5 ont adapté leur consommation et 60 % d’entre eux font désormais attention à leurs dépenses alimentaires. Près d’un quart (22 %) des Français estiment que le prix est le critère le plus important dans leur acte d’achat pour leurs courses alimentaires et 72 % des consommateurs estiment qu’ils voient concrètement l’inflation quand ils font leurs courses, ce qui est bien plus qu’avant. « Le covid et l’inflation ont doublement impacté le comportement d’achat » estime Xavier Ségalié.

Ce dernier explique par ailleurs que la fragmentation de la consommation est de plus en plus prégnante : « Les plus aisés se rendent fréquemment dans les magasins bio ou de proximité ou dans les magasins de surgelés alors que les foyers modestes n’y vont quasiment pas et vont plutôt chez Aldi et Lidl ». Daniel Ducrocq, directeur Europe des services à la distribution de NielsenIQ ajoute : « Ces enseignes de discount alimentaire qui ont connu une hausse de 5 % sont fréquentées par les deux tiers des Français qui y vont pour les prix ».
 

Top des rayons de la grande distribution en croissance

Surgelés et sushis plébiscités

D’autres faits ont marqué 2021. La généralisation du télétravail a par exemple changé la donne. « Les 18 % de télétravailleurs réguliers ont impacté la consommation alimentaire puisqu’ils consomment maintenant à leur domicile et plus à l’extérieur » explique Nicolas Léger, directeur analytique de NielsenIQ France, qui pointe un autre phénomène : « On assiste à un exode vers l’Ouest d’une partie de la population qui se fait au détriment d’autres régions françaises. Cette tendance s’est renforcée avec la crise sanitaire et cela a un impact sur les circuits et les enseignes fréquentées par les Français ».

45 % des Français disent qu’ils ne sont pas prêts à payer plus cher pour un produit bio

Plusieurs catégories d’aliments sortent leur épingle du jeu : les plats cuisinés, le snacking, les bières, les apéritifs. L’apéritif à la maison est très prisé depuis le début de la crise sanitaire. En 2021, 79 % des Français ont déclaré prendre l’apéritif à domicile de manière régulière. La cuisine du monde est aussi très plébiscitée puisqu’elle a réalisé un chiffre d’affaires de 646 millions d’euros tiré par la cuisine japonaise abondamment consommée par les jeunes urbains qui ont majoritairement recours à la livraison à domicile, notamment pour les sushis.

Mais ce sont les surgelés qui atteignent des records. « Leurs ventes ont augmenté de 10 % entre 2019 et 2021 en raison de leurs aspect pratique. Il faut dire que dans le même temps, les ventes de congélateurs ont bondi de 18 %. L’aspect économique compte aussi puisque le prix d’un kilo de haricots verts surgelés est de 1,60 euro en moyenne et qu’il est pratiquement du double lorsqu’ils sont frais » analyse Nicolas Léger.
 

Une baisse passagère du bio ?

« La consommation alternative (locale, bio, naturelle, végétale…) est en baisse, tout comme  l’achat en vrac. Aujourd’hui 31 % des foyers français y ont recours mais la tendance est à la baisse, malgré un marché en augmentation de 17 % , notamment en raison du prix des produits. Et pour le bio 45 % des Français disent qu’ils ne sont pas prêts à payer plus cher pour un produit bio. 2022 sera une année test pour voir si cette tendance baissière est passagère ou non » affirme Nicolas Léger.

La consommation à domicile est devenue un concurrent du bio

Invité à s’exprimer par NilesenIQ, Laurent Huynh, PDG de Bjorg & Compagnie explique : « La démultiplication de l’offre bio a fait qu’en GMS (grandes et moyennes surfaces, NDLR), elle est supérieure au volume de ventes. Les distributeurs ont donc réduit la voilure. La sensibilité aux prix joue aussi notamment en raison du contexte anxiogène mais la pénétration est élevée car les consommateurs cherchent à bien manger. La consommation à domicile est devenue un concurrent du bio car les gens se disent que quand ils cuisinent eux-mêmes, c’est meilleur et qu’ils se font du bien, plus que s’ils mangeaient industriel. Nous devons continuer à démocratiser le bio et pour cela nous devons communiquer mieux et le faire de façon positive ».

Il estime aussi qu’un effort doit être fait en matière de prix : « La démocratisation passe par des actions promotionnelles pour recruter de nouveaux consommateurs. Le bio représente 6 % de l’alimentaire. La France se positionne dans la moyenne européenne mais je pense que le marché peut doubler dans les cinq à dix prochaines années. Pour ce faire, il faut redonner de la valeur aux produits bio ».

Nous sommes les derniers de la classe pour ce qui est de la collaboration entre industriels et distributeurs

François Gay-Bellile, PDG de Coca-Cola Europacific Partners France, lui aussi invité par NielsenIQ, estime que la notion de plaisir va demeurer primordiale chez les consommateurs qui vont demeurer attentifs aux initiatives prises pour l’environnement et a dénoncé un point posant problème : « Nous sommes les derniers de la classe pour ce qui est de la collaboration entre industriels et distributeurs. Notre devoir pour soutenir la croissance de la consommation est d’améliorer cette collaboration en nous engageant sur des plans de plusieurs années parce que les marques nationales ne sont pas assez valorisées ».

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