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"On a intégré la biosécurité dès la conception de notre élevage bio en circuit court"

Dès la conception de leur élevage bio en circuit court  situé au milieu des bois, Catherine et Dominique Leroux exploitants à La Ferme du Cormier ont intégré des règles de biosécurité. Quelques aménagements supplémentaires permettent de respecter le nouvel arrêté.

« À part nous et nos deux salariés, personne n’entre dans les parcs », assure Dominique Leroux.
« À part nous et nos deux salariés, personne n’entre dans les parcs », assure Dominique Leroux.
© V. Bargain

« Nous nous sommes installés en 2009 sur des terres non exploitées depuis vingt ans et entourées de forêts, expliquent Catherine et Dominique Leroux, éleveurs bio à Saint-Molf, en Loire-Atlantique. Après avoir défriché, nous avons fait appel à un architecte paysager pour concevoir l’élevage, le protéger des prédateurs et limiter les écoulements. Et dès le départ, nous avons intégré des règles de biosécurité qui nous ont permis jusqu’ici d’avoir des dérogations à la claustration des volailles. »

 

 
Les bâtiments sont légèrement surélevés. À la construction, l'éleveur  décaisse le sol et y met des cailloux recouverts de terre pour constituer un drainage naturel. Cela évite les zones d'humidité.
Les bâtiments sont légèrement surélevés. À la construction, l'éleveur décaisse le sol et y met des cailloux recouverts de terre pour constituer un drainage naturel. Cela évite les zones d'humidité. © V. Bargain
L’élevage est réparti en deux unités de production (UP), une pour des poulets, pintades et volailles festives, l’autre, à 600 m, pour des canards et oies à rôtir. L’UP gallinacés compte 22 poulaillers amovibles de 30 à 60 m², dont 2 pour des poules pondeuses, entourés chacun d’un parcours. « Les parcours sont plus grands qu’exigés par le règlement bio, plutôt de 2 400 m² pour un bâtiment de 50 m² au lieu de 2000 m²», précise Dominique Leroux.

 

Un chemin empierré fait le tour des parcs. « Quand le couvoir livre les poussins, le camion passe devant chaque portail et je dépose la caisse de poussins à l’intérieur. » Créé au démarrage de l’élevage (coût : 17 000 euros), le chemin est repris chaque année pour refaire l’accès aux portails (700 euros par an). Les parcs sont séparés entre eux par 12 m d’herbe et un merlon de terre de 1,50 m de haut. Sur 8 ha, 4,4 ha sont consacrés aux parcours, le reste aux chemins et espaces entre les parcs.

Un lot en âge unique par bâtiment

Chaque parcours est protégé par un grillage et par trois fils électriques, deux à l’extérieur, à 50 cm et 1,20 m de haut, et un à l’intérieur, à 50 cm de haut. « Il y a beaucoup de prédateurs du fait de la proximité de la forêt, renards, buses, fouines… » Les bâtiments sont légèrement surélevés. « Quand j’installe un poulailler, je décaisse le sol et y mets des cailloux que je recouvre de terre. Cela fait un drainage naturel. Et les arrivées d’eau sont dans le bâtiment. Il n’y a jamais d’humidité dans les poulaillers ni dans les parcs et les oiseaux de passage ne s’arrêtent pas pour boire. » L’éleveur utilise aussi un activateur de compostage (Bactériolit) qui limite l’humidité de la litière. Chaque mois, un lot de poulets et de pintades est démarré. « Je démarre le lot dans un bâtiment puis je desserre dans 3 ou 4 bâtiments. Le plus souvent, la densité est de 10/m².» Chaque bâtiment accueille un lot d’une espèce en âge unique. À la fin du lot, le bâtiment est vidé, nettoyé, désinfecté (cloisons intérieures et extérieures, matériel) et l’emplacement du poulailler est désinfecté à la chaux vive. L’ensemble est ensuite en vide sanitaire pendant un mois. L’UP palmipèdes est constitué de 5 bâtiments de 10 m² pour 70-90 canards ou oies, chacun entouré d’un parcours grillagé.

Des tracteurs dédiés par production

Entre les deux UP, un sas sanitaire a été créé à l’entrée de l’élevage, avec une plate-forme en enrobé et un poste de désinfection avec lance pour les roues des tracteurs.

 

 
Depuis l’arrêté biosécurité de 2016, Dominique Leroux a cessé de mettre l’aliment des canards dehors.
Depuis l’arrêté biosécurité de 2016, Dominique Leroux a cessé de mettre l’aliment des canards dehors. © V. Bargain
« Comme nous avions du maraîchage au départ, nous avons 9 tracteurs dont 2 sont dédiés à l’UP palmipèdes, les autres surtout à l’UP gallinacés, précise Dominique Leroux. Si un tracteur passe d’une UP à l’autre, il est désinfecté sur cette plate-forme. Une autre plate-forme dans le sas sert à la réception et à l’enlèvement des citernes de gaz et des bacs d’équarrissage. Ainsi les véhicules restent à l’extérieur. Les camions d’aliment et des couvoirs utilisent leurs propres systèmes de désinfection avant d’entrer sur l’élevage. » Un autre sas sanitaire au sein de l’UP gallinacés sert pour la désinfection des caisses, du matériel d’élevage et des mains et pieds des salariés ou intervenants (pulvérisateur à main). Les caisses sont désinfectées avant de quitter l’abattoir, puis à nouveau sur l’élevage.

 

L’aliment toujours protégé

Dominique Leroux a aussi posé une chaîne et des panneaux à l’entrée de chaque UP et un filet sur le hangar où est stockée la paille. Il n’envisage par contre pas d’installer des filets sur ses parcs. « Vu la taille des parcs et le fait que j’apporte l’aliment avec une distributrice de 3 m de haut et que je fauche les parcours deux fois par an, des filets représenteraient une forte contrainte. De plus, ils n’empêchent pas des fientes de tomber au sol. » L’élevage a aussi un contrat de dératisation (4 interventions par an). Et l’aliment n’est jamais accessible aux nuisibles. « L’aliment est stocké dans des silos fermés, explique l’éleveur. Je l’apporte une fois par semaine et le stocke à l’intérieur des poulaillers dans des poubelles avec couvercle. Je le prends au silo à la distributrice Dussau en l’aspirant, puis je refoule dans les bacs. Et je distribue ensuite à la main chaque jour, avec des seaux propres au poulailler, ce qui me permet d’avoir un suivi visuel des volailles. »

 

 
Une chaîne est installée à l’entrée de chaque unité de production.
Une chaîne est installée à l’entrée de chaque unité de production. © V. Bargain
L’éleveur ou ses salariés soignent d’abord les gallinacés, des plus jeunes aux plus âgés, puis les palmipèdes. Il va aussi créer un sas sanitaire pour les pondeuses et sensibiliser ses clients à la biosécurité. « L’arrêté biosécurité entraîne peu de changements sur l’élevage, car c’était déjà un point crucial pour nous, insiste Dominique Leroux. C’est le plus important pour limiter la diffusion de la grippe aviaire. Par ailleurs, je vois passer très peu de canards sauvages. Imposer la claustration aux élevages plein air est injuste car ces élevages sont très peu impliqués dans la propagation du virus. »

 

Vente directe sur les marchés et en GMS

Située à Saint-Molf, en Zone à risque particulier (Domaine public maritime de Mesquer au Croisic et Baie de Vilaine), la Ferme du Cormier élève des poulets, pintades, volailles festives (chapons, poulardes, pintades chaponnées, dindes) et des oies et canards à rôtir. En moyenne, 8 000 à 10 000 gallinacés et 350 palmipèdes sont présents sur l’élevage. Environ 500 volailles par semaine sont abattues le jeudi à la Cuma Le Champ du Coq à Plessé (44), pour une commercialisation sur cinq marchés et au rayon boucherie de quatre GMS. En plus du couple, l’exploitation emploie deux salariés, Jérémy et leur fils Brice.

La biosécurité au quotidien

Chaque éleveur et salarié dispose d’une tenue spécifique à l’élevage, qu’il met à l’entrée de l’élevage, et de surchaussures à l’entrée de chaque UP.

 
Un dispositif de désinfection à l’entrée de l’élevage permet de désinfecter les roues des tracteurs.
Un dispositif de désinfection à l’entrée de l’élevage permet de désinfecter les roues des tracteurs. © V. Bargain

 

Pour la désinfection, les éleveurs utilisent des produits du laboratoire Ceetial : Major C300 pour les caisses, les poulaillers, l’intérieur des véhicules de l’exploitation, les abreuvoirs, les mangeoires, Major SC 100 pour les mains et Agrigerme 1 510 pour les bottes, les tracteurs. Dominique Leroux a suivi une formation biosécurité et son fils Brice va le faire prochainement.

 

 
Un chemin fait le tour de l’UP gallinacés.
Un chemin fait le tour de l’UP gallinacés. © V. Bargain
Il a aussi établi un plan de circulation, tient une fiche d’élevage pour chaque lot et note les personnes qui entrent sur l’élevage dans un classeur pour la traçabilité.

 

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