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Euralis passe au canard gras Rougié sans antibiotique

La marque Rougié a lancé auprès des chefs restaurateurs une gamme de foie gras et magret frais produits sans antibiotique, qui met en avant cinq années d’efforts de son fournisseur Euralis.

Jusqu’à présent l’entreprise Rougié avait l’habitude de valoriser son foie gras auprès des chefs des plus grandes tables de la gastronomie française et internationale à travers sa seule mise en valeur culinaire. Sans revenir en arrière, la filiale du groupe coopératif Euralis – qui tient à conserver son ADN d’entreprise artisanale haut de gamme – a décidé d’accorder plus de place à son amont. Peut-être y a-t-elle été incitée par sa nouvelle responsable marketing et innovation venue du chocolat haut de gamme, « où l’on parle beaucoup de l’origine et des producteurs, souligne Julie Pobel. J’ai découvert que l’amont de Rougié avait entamé une démarche de progrès, notamment de démédication, depuis des années. Il suffisait de la mettre en avant, précise-t-elle. D’autant plus que nos clients nous demandent de plus en plus comment sont produits les canards et d’où ils viennent. » Leurs clients se préoccupent aussi de leur santé et interrogent des chefs sur la présence d’antibiotiques. Désormais, ces chefs pourront les rassurer avec des foies et magrets issus de canards élevés et gavés sans antibiotique dès leur naissance. Elle concerne les produits crus et frais, " mais nous avons prévu d’atteindre le zéro antibiotique sur 100 % de la gamme Rougié en trois ou quatre ans. »

 

 

 

 

 

 

100 % des éleveurs sont engagés

Les 440 producteurs et gaveurs d’Euralis se sont tous engagés depuis le 1er juillet 2019. Ils ont signé une charte que détaille Patrick Sachot, technicien développement du bassin Ouest. Les règles de biosécurité et le protocole de nettoyage-désinfection ont été renforcés (notamment du silo d’aliment, de l’eau et des circuits). Ils s’engagent à être des acteurs actifs de la traçabilité en œuvre dans tous les maillons (accouvage, alimentation, production, abattage) et contrôlée par Bureau Véritas. Le troisième engagement concerne la transparence totale avec l’équipe technique et le vétérinaire indépendant également signataire. Une base de données regroupe les données sanitaires de chaque lot et le service technique est averti en temps réel de tout désordre. « Nous avons considérablement réduit les pathologies de stress (pasteurelles et riemerella notamment) depuis que nous avons amélioré les conditions d’élevages avec la bande unique et les constructions de bâtiments en dur », remarque Patrick Sachot. Si une pathologie n’est pas résolue par phytothérapie, la décision d’user d’antibiotiques est prise à trois.

Investir pour gagner plus en produisant moins

« L’objectif du 100 % sans antibiotique en 2022 nous paraît réaliste, dans la mesure où l’essentiel des efforts a déjà été fait, ajoute Jean-Michel Marsan, responsable de la production du vif dans le bassin Sud-Ouest, tandis que Jérôme Maitre supervise celle de la Bretagne et des Pays de la Loire. La démarche s’est faite par étapes, avec la mise en place de la bande unique, la biosécurité renforcée, la démédication (suppression de l’antibiothérapie préventive en 2014) et finalement la réduction de densité à cinq animaux par m2 intérieur.

 

 

 

« La transition vers la bande unique a commencé par l’Ouest dès 2006-2007, à la suite de cas d’influenza non pathogène et pour améliorer des revenus liés à de mauvaises conditions d’élevage en hiver. Les deux épizooties d’influenza aviaire nous ont poussés à accélérer et à généraliser la démarche aux deux bassins. » Dès 2016, 100 % de l’Ouest était en bande unique. « Cette avance nous a aussi permis de montrer aux éleveurs du Sud-Ouest les avantages du nouveau système de production. » Avec la réduction de la densité sur toute l’année, les éleveurs ont dû construire. Pour y parvenir, Euralis a accompagné leurs investissements. Il a ainsi fallu construire 40 000 m2 dans l’Ouest et 80 000 m2 dans le Sud-Ouest, où les constructions s’achèvent en ce début d’année. En offrant désormais de superbes conditions d’élevage quelle que soit la saison, le zéro antibiotique paraît réalisable. Il reste à acquérir l’expertise de ce nouveau mode de production…

« Cumuler biosécurité, bande unique, conditions d’élevage, traçabilité »

Une organisation simplifiée chez Julien Neau

En construisant un bâtiment supplémentaire, Julien Neau a conservé son potentiel de production et gagné en facilité de travail.

Julien Neau s’est installé en Loire-Atlantique le 1er novembre 2008, après avoir construit une poussinière de 600 m2 et un bâtiment de 1 200 m2 (tous deux bétonnés et en ventilation statique) qui abritaient deux lots d’âge différent. Pour conserver sa production – il est même passé de 45 000 à 57 000 animaux par an – il a construit un statique de 1 200 m2 pour abriter 15 000 animaux par lot sur les 3 000 m2. « En âge unique, la maîtrise sanitaire est nettement moins compliquée à condition de réunir les bonnes conditions d’élevage. Les maladies d’ambiance ont quasiment disparu. Par exemple, avant les canards gardés en poussinière jusqu’à 4 semaines étaient trop serrés. La mortalité est passée de 2,8 % à 1,8 %. » Il ne se souvient plus quand il a utilisé des antibiotiques. « J’ai failli le faire fin 2018. Suite à une montée de mortalité, un germe E. Coli avait été détecté, l’antibiotique était prêt à être administré. En accord avec mon vétérinaire, j’ai encore attendu deux jours. La mortalité a baissé et je n’ai pas traité… » Julien explique cet incident par un retard du rappel du vaccin E. Coli (à 28 jours au lieu de 23 jours). L’organisation du travail a aussi été simplifiée, avec moins de tâches différentes à faire et moins de temps passé par tête, à condition d’être bien équipé. « J’ai investi 13 000 euros dans un épandeur de paille broyée qui m’occupe une heure et quart par jour pour 3 000 m2. Je change également la litière à 5 et à 8 semaines pour améliorer le sanitaire. J’ai aussi gagné en confort de travail, notamment lors de la mauvaise saison. Côté financier, ma marge par tête est passée de 2,3-2,40 euros par canard à 2,7-2,80 euros avec plus de régularité, à laquelle s’est ajoutée une aide d’Euralis pour l’investissement de 260 000 euros. »

 

 
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Un modèle plus agile et adaptable

Depuis les épizooties d’influenza, l’organisation de la branche foie gras a été rendue plus souple de manière à s’adapter mieux et plus vite aux fluctuations des marchés.

. Le volume de canards gras est passé de 9,2 millions en 2015 à 6,8 millions de têtes produites par an ;

. La production est répartie à équité entre les 211 producteurs de l’Ouest et les 230 du Sud-Ouest, avec une gestion regroupée ; L’Ouest produit uniquement en origine France, tandis que le Sud-Ouest réalise les deux tiers en IGP, auxquels s’ajoutent 200 000 canards label rouge par an lancés en avril 2019.

Les outils industriels sont :

. Maubourguet (65) qui abat (3,5 millions de têtes/an), découpe et transforme (fumé, confit, cuit et mi-cuit, conserve) ;
. Les Herbiers (85) qui abat et découpe (3,5 millions de têtes/an) pour fournir du cru ;
. Sarlat (24) qui réalise des produits élaborés (cuit et mi-cuit, terrines…).
. Marievielle au Canada (250 000 de têtes/an pour Rougié) et à Brézovo en Bulgarie (800 000 de têtes/an mais pas pour Rougié)

. Rebaptisé les Ateliers culinaires, le pôle alimentaire élabore des produits de traiteur (Qualité traiteur, Stalaven, Teyssier) et de foie gras : Maison Montfort pour la grande distribution et Rougié dédié aux professionnels de la restauration. Il emploie au total 2 380 personnes pour 437 millions d’euros de chiffre d’affaires

 

 

 

 

 

 

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